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Proche-Orient

Etat d’alerte dans la bande de Gaza

Des palestiniens appellent à l'aide, alors qu'un homme mort git sur le sol après des raids de l'aviation israëlienne à Gaza. (photo : AFP)
Des palestiniens appellent à l'aide, alors qu'un homme mort git sur le sol après des raids de l'aviation israëlienne à Gaza.
(photo : AFP)
La violence semble avoir repris ses droits au Proche-Orient, réduisant à néant la trêve décrétée, en février dernier, par Mahmoud Abbas et Ariel Sharon au sommet de Charm el-Cheikh. L’attentat de Netanya, qui a coûté la vie à cinq civils israéliens, et les représailles de Tsahal qui ont suivi, ont replongé la région dans le désordre. Sommée de réagir contre les groupes radicaux –plusieurs roquettes ont été tirées sur le territoire israélien ces dernières quarante-huit heures–, l’Autorité palestinienne a mis en état d’alerte ses forces dans la bande de Gaza où des heurts entre activistes du Hamas et policiers ont déjà fait au moins deux morts et des dizaines de blessés.

L’attentat suicide de Netanya, revendiqué par le Jihad islamique, avait déjà sérieusement mis à mal mardi la trêve en vigueur depuis cinq mois dans la région. Les tirs de dizaines roquettes artisanales sur le sud du territoire hébreu, qui ont coûté la vie jeudi à une Israélienne, n’ont fait que confirmer que la violence avait bien repris ses droits. Accusé de ne rien faire contre le terrorisme, l’Autorité palestinienne a tenté, mais en vain, d’empêcher que de nouvelles attaques soient menées par les miliciens du Hamas en direction de la ville de Sderot au sud de l’Etat hébreu. Son intervention jeudi –au cours de laquelle cinq membres de ce groupe radical ont été blessés– semble au contraire avoir mis le feu aux poudres, provoquant des affrontements inter-palestiniens, les plus violents de ces dix dernières années. Depuis quarante-huit heures ont effet, policiers et forces spéciales se mesurent aux activistes du Hamas dans la bande de Gaza. Deux adolescents au moins ont été tués, victimes de balles perdues, et une trentaine de personnes blessées, dont neuf policiers.

Immédiatement après les premiers tirs de roquettes sur le territoire israélien et pour prévenir toute accusation de laxisme de la part de l’Autorité palestinienne, le ministre de l’Intérieur avait annoncé que «l’ensemble des forces de police et des différents services de sécurité avait été placé en état d’alerte pour faire face à la tension sur le terrain». Le général Nasser Youssef avait également tenu à préciser que «des ordres avaient été donnés pour empêcher, par la force si besoin, tous les tirs de roquettes et de mortiers» sur le sol hébreu. La réponse des groupes radicaux ne s’est pas faite attendre. Un commissariat de police a été attaqué et trois transports de troupes blindés incendiés par les miliciens du Hamas qui ont échangé des tirs pendant plusieurs heures avec les forces de sécurité palestiniennes.

Le spectre d’une guerre civile    

Parallèlement à ces affrontements, l’armée israéliennes a mené plusieurs raids dans la bande de Gaza. Des hélicoptères d’assaut ont lancé dans la nuit de jeudi à vendredi des attaques dans le nord de ce territoire qu’Israël doit évacuer dans moins de cinq semaines, visant notamment un centre culturel contrôlé par le Hamas. «Il s’agit d’une opération ponctuelle à titre d’avertissement. Mais les Palestiniens doivent savoir qu’Israël ne tolèrera pas que l’évacuation des implantations se fasse sous le feu et n’attendra pas le dernier moment pour réagir avec toute la force nécessaire», a notamment averti un proche du Premier ministre Ariel Sharon. L’aviation israélienne a en outre lancé vendredi en fin d’après-midi deux raids dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, tuant quatre miliciens du Hamas.

Ces deux dernières attaques, qui ont notamment visé deux responsables des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, risque d’accentuer le chaos qui règne déjà dans la bande de Gaza en proie à des affrontements que le président Mahmoud Abbas cherchait, par tous les moyens, à éviter. Les combats entre forces de sécurité et miliciens des groupes radicaux –les plus violents depuis le milieux des années 90 lorsque l’Autorité palestinien cherchait à mettre au pas le Hamas– accentuent les craintes d’une guerre civile palestinienne. Et cela d’autant plus que les mouvements islamistes ont directement remis en cause l’autorité du ministre de l’Intérieur allant jusqu’à réclamer son limogeage. «Au lieu d’ordonner aux forces de sécurité de défendre notre peuple face à l’agression sioniste, le général Nasser Youssef ordonne dans une circulaire de recourir aux armes et de tirer sur les moudjahidine –combattants– et commet ainsi un crime odieux», a notamment dénoncé le Hamas dans un communiqué.

Dénonçant une grave escalade de la part des instances sécuritaires palestiniennes, un porte-parole de ce mouvement radical a même ouvertement menacé l’Autorité palestinienne. «Toute main qui se lèvera sur la résistance, ses armes et ses combattants est une main sioniste que nous couperons», a notamment averti Mouchir al-Masri.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 15/07/2005 Dernière mise à jour le 10/08/2005 à 13:24 TU

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Lucas Menget

Journaliste à RFI

«Dans les faits, la trêve est désormais rompue et tout peut se passer.»

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