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Proche-Orient

Menaces sur la trêve

Un soldat israélien en faction près d'une colonie du sud de la bande de Gaza. Ce territoire a connu un regain de violence au cours de ces dernières 24 heures. (Photo: AFP)
Un soldat israélien en faction près d'une colonie du sud de la bande de Gaza. Ce territoire a connu un regain de violence au cours de ces dernières 24 heures.
(Photo: AFP)
Après quatre mois d’une relative accalmie, le Proche-Orient a de nouveau renoué avec la violence laissant craindre une rupture de la fragile trêve en vigueur dans la région. Les activistes du Hamas ont multiplié les tirs de roquettes contre des positions israéliennes et en riposte l’aviation israélienne est intervenue dans la bande de Gaza. Ce regain de tension, qui inquiète la communauté internationale, intervient à quelques semaines de l’évacuation des colonies de la bande de Gaza et de quatre petites implantations du nord de la Cisjordanie que le Premier ministre Ariel Sharon semble déterminé à mener à bien.

Qui a lancé les hostilités ? Comme à chaque fois que la violence reprend ses droits au Proche-Orient, Israéliens et Palestiniens se sont rejeté la responsabilité des événements de ces dernières vingt-quatre heures. Ainsi, le mouvement radical Hamas a affirmé avoir lancé des roquettes contre des positions israéliennes et contre des colonies juives de la bande de Gaza pour venger la mort de l’un de ses activistes, tué dans la nuit de mardi à mercredi à Rafah, dans un échange de tirs avec des militaires de Tsahal. L’armée israélienne, qui soutient ne pas être responsable de ce décès, affirme, pour sa part, être intervenue pour empêcher de nouveau tirs d’obus. Le raid lancé par son aviation –le premier depuis quatre mois– était, affirme-t-elle, dirigé contre un groupe d’activistes qui s’apprêtaient à tirer au mortier sur une colonie juive. Un combattant du Hamas a été tué dans cette opération.

Ce brusque regain de tension met à rude épreuve la trêve précaire observée de facto depuis le 21 janvier dernier et, entrée en vigueur le 9 février, lors du sommet de Charm al-Cheikh à l’occasion duquel le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, avaient de concert annoncé la fin des violences. En réponse aux violences de ces dernières vingt-quatre heures, Israël a menacé de durcir ses opérations militaires si les tirs palestiniens se poursuivaient, faisant craindre le pire. «Nous avons réagi jusqu’à présent avec modération et retenue car nous avons intérêt à ce que le calme règne durant la période qui précède de retrait de la bande de Gaza mais personne ne peut imaginer que nous procéderons à cette évacuation sous le feu des Palestiniens», a ainsi affirmé le vice-ministre de la Défense Zeev Boïm.

Ce durcissement de la position israélienne est loin d’être anodin à moins de cent jours de l’application du plan d’évacuation défendu par Ariel Sharon contre l’avis même des durs de son parti le Likoud. Les opposants à ce projet multiplient les initiatives pour empêcher sa mise en œuvre et une recrudescence des violences n’est pas pour arranger les affaires du Premier ministre. Un récent sondage a révélé que si une majorité d’Israéliens continuait encore d’approuver le plan de retrait, le soutien à ce projet tendait à diminuer. Aujourd’hui, 56% de la population reste, en effet, favorable au démantèlement des colonies de la bande de Gaza et au départ des forces israéliennes de ce territoire contre 59% en avril et 62% en février. A l’inverse les opposants au plan Sharon gagnent du terrain passant de 29% il y a trois mois à 38% aujourd’hui. Ce renforcement du clan des adversaires du Premier ministre est, semble-t-il, dû aux craintes grandissantes sur la sécurité d’Israël après le retrait.

L’ONU préoccupée

Cette dégradation de la situation inquiète les Nations unies qui se sont déclarées très préoccupées par le récent accroissement des accrochages entre Israéliens et Palestiniens. Dans un rapport au Conseil de sécurité, le secrétaire adjoint chargé des affaires politiques a certes souligné que le niveau de violences demeurait bien en dessous de ce qu’il était avant le sommet de Charm al-Cheikh. Mais, a ajouté Kieran Prendergast, «nous sommes préoccupés par les informations faisant état d’une augmentation lente mais persistante des incidents violents qui vient aggraver une détérioration parallèle de la confiance entre les deux parties». Il a notamment cité «des attaques de militants palestiniens contre des Israéliens, des accrochages entre manifestants palestiniens et forces de sécurité israéliennes et des arrestations de militants palestiniens par la police israélienne».

Dans son rapport, Le diplomate onusien a également appelé l’Etat hébreu à travailler directement avec les Palestiniens en vue de mettre totalement en œuvre les accords intervenus lors du sommet de Charm al-Cheikh. Kieran Prendergast faisait implicitement référence à la libération de détenus et au transfert du contrôle sécuritaire des villes de Cisjordanie à l’Autorité palestinienne dont le principe avait été arrêté le 9 février dernier dans la station balnéaire égyptienne. Israël a, en effet, remis en liberté quelques semaines plus tard un premier contingent de 500 prisonniers mais a décidé de suspendre la libération de 400 autres détenus au sujet desquels le Premier ministre Ariel Sharon s’était pourtant engagé. Quant au retrait des cinq grandes agglomérations de Cisjordanie, les autorités israéliennes ont remis le contrôle de Jéricho et Tulkarem les 16 et 21 mars dernier mais refusent depuis le transfert d’autres villes exigeant notamment le désarmement des activistes palestiniens recherchés.

Faisant écho aux inquiétudes des Nations unies, le président palestinien, Mahmoud Abbas, en visite en Chine, a estimé que la moindre provocation peut déclencher un embrasement. «Actuellement la situation est plutôt sensible. Le calme temporaire est très fragile et une toute petite étincelle peut provoquer une confrontation violente à grande échelle», a-t-il déclaré à l’Agence Chine nouvelle. Il a toutefois estimé que «les nombreux problèmes entre la Palestine et Israël ne sont pas insolubles». Mahmoud Abbas doit être reçu la semaine prochaine à la Maison Blanche.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 19/05/2005 Dernière mise à jour le 19/05/2005 à 18:52 TU