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Proche-Orient

Plus d’obstacle au retrait de Gaza

Des milliers de colons manifestent devant le siège de la Knesset contre le retrait de la bande de Gaza.(Photo : AFP)
Des milliers de colons manifestent devant le siège de la Knesset contre le retrait de la bande de Gaza.
(Photo : AFP)
Les opposants au plan de désengagement de la bande de Gaza défendu par Ariel Sharon ont subi lundi une cuisante défaite à la Knesset. Une majorité de députés a en effet rejeté le projet de référendum autour de ce plan qu’ils avaient introduit dans l’espoir sinon de faire barrage à son application du moins de la retarder. Mais les détracteurs du Premier ministre n’ont pas pour autant baissé les bras. Ils menacent désormais de mener dans la rue leur combat contre le démantèlement des colonies de la bande de Gaza.

Ariel Sharon a gagné lundi une nouvelle manche de la bataille qui l’oppose depuis des mois aux mouvements des colons et aux partis d’extrême droite qui multiplient les initiatives pour tenter de saborder son plan d’évacuation des implantations de la bande de Gaza et de quatre petites colonies du nord de la Cisjordanie. Le Premier ministre a en effet reçu le soutien de la majorité des députés de la Knesset qui ont rejeté le projet de référendum introduit par ses détracteurs pour empêcher le retrait de ce territoire palestinien occupé par Israël depuis trente-huit ans. Et alors qu’il avait pourtant appelé ses ministres à voter contre ce projet qu’il a qualifié de «dernier subterfuge de ses adversaires», il a dû se résigner à voir six membres de son cabinet –parmi lesquels son ministre des Finances Benyamin Netanyahou et son chef de la diplomatie Sylvan Shalom– rejoindre les rangs de ses opposants. Mis en minorité au sein de son propre parti le Likoud –seuls treize députés sur les quarante de sa formation se sont prononcés lundi contre le référendum– Ariel Sharon n’a ainsi dû son salut qu’au vote du parti travailliste, du parti laïc Shinoui, et des petites formations d’extrême gauche comme le Yahad ou les partis arabes.

Déjà en fin de semaine dernière, le Premier ministre avait réussi à convaincre in extremis la principale formation de l’opposition, le Shinoui, de voter le budget 2005. Ce faisant, il avait ainsi mis en échec ses adversaire qui comptaient sur le rejet par les députés de cette loi de finances pour faire tomber son gouvernement et convoquer des élections anticipées dans les quatre-vingt-dix jours, ce qui aurait repoussé d’autant l’application du retrait de la bande de Gaza prévu pour débuter le 20 juillet. Le chef du Shinoui, Yossef Lapid, n’avait d’ailleurs pas fait mystère des raisons qui l’ont poussé à appuyer à la dernière minute le chef du gouvernement. «Nous avons finalement accepté de voter le budget car ce qui est en jeu c’est le plan de désengagement du Premier ministre qui n’a pas un soutien suffisant de son propre parti», avait-il justifié.  Il a cependant annoncé que les députés de son parti ne voteraient pas un clause de la loi de finances qui prévoit une augmentation de l’aide aux institutions ultra-orthodoxes.

Les colons menacent de mener leur bataille dans la rue

Mais si le Premier ministre israélien a levé tous les obstacles engagés d’un point de vue légal contre son plan de retrait de la bande de Gaza, il est loin d’avoir réussi à convaincre ses détracteurs de le laisser mettre en œuvre son projet qui jouit pourtant d’un large soutien de la communauté internationale. Dans un communiqué publié lundi dans la foulée du vote de la Knesset, le Conseil des implantations de Judée-Samarie –Yesha–, l’instance dirigeante des colons, a ainsi menacé de porter «le combat dans les rues». «Sharon a empêché aujourd’hui de manière brutale la chance de soumettre le plan de retrait à la décision du peuple et d’éviter ainsi une confrontation violente et une guerre civile», souligne notamment le texte. Le Conseil a affirmé en outre qu’il entendait mobiliser 100 000 de ses partisans pour empêcher «l’expulsion des juifs du Goush Katif», le bloc d’implantations le plus important de la bande de Gaza.

Cette instance dirigeante des colons du courant nationaliste religieux s’est d’ailleurs réunie mardi pour décider de la stratégie à adopter pour les semaines à venir. Parmi les actions à l’étude, elle envisage ainsi de bloquer les routes d’accès aux implantations ou encore de masser dans les colonies un nombre maximal de manifestants. Officiellement, Le Conseil des implantations de Judée-Samarie récuse la lutte violente et va jusqu’à désavouer les appels aux militaires à désobéir aux ordres d’évacuation des colons. Mais il n’hésite pas non plus à mettre en garde contre les risques de débordement, laissant notamment entendre qu’il ne pourra pas les empêcher. «Je ferai tout pour éviter la violence, mais ce n'est pas facile d'organiser une lutte sans concession qui prendrait uniquement pour cible les responsables et non pas l'armée et la police», a notamment averti Pinhas Wallerstein, l’un des principaux dirigeants des colons.

Les services de sécurité israéliens ne cachent d’ailleurs pas leur préoccupation. «Il faut se préparer à faire face à deux scénarios susceptibles de bloquer le retrait de la part d'extrémistes juifs, un attentat contre une cible palestinienne ou, plus grave, contre une cible islamiste», a ainsi déclaré Hezi Kalo, un ancien responsable du Shin Beth. Et signe que les autorités sont sur les dents, trois Israéliens, deux civils et un militaire, ont récemment été interpellés pour avoir cherché à vendre des armes à des extrémistes de droite. Les trois suspects ont été arrêtés dimanche après que l’un d’entre eux a proposé à des colons de leur livrer des grenades pour des opérations destinées à torpiller le plan de retrait de la bande de Gaza.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 29/03/2005 Dernière mise à jour le 29/03/2005 à 17:49 TU