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Proche-Orient

Sharon déclare la guerre au Jihad islamique

En représailles à l'attentat de Netanya, l'armée israélienne a mené une opération à Tulkarem.(Photo : AFP)
En représailles à l'attentat de Netanya, l'armée israélienne a mené une opération à Tulkarem.
(Photo : AFP)
Cinq semaines avant le retrait israélien de la bande de Gaza, l’attentat suicide de Netanya, perpétré par un activiste du Jihad islamique, est venu mettre en péril l’espoir que cette évacuation se déroule en coordination avec les Palestiniens. En représailles à cette attaque, qui en plus du kamikaze a coûté la vie à quatre Israéliennes, le gouvernement Sharon a en effet décidé de suspendre tout contact avec l’Autorité palestinienne accusée de ne rien faire contre le terrorisme. Les responsables israéliens ont d’ailleurs laissé entendre qu’ils allaient se charger de mettre au pas les radicaux du Jihad.

La ville de Netanya, qui avait déjà dans le passé payé un lourd tribut au terrorisme, se pensait protégée par la barrière de sécurité que le gouvernement Sharon érige en Cisjordanie. L’attentat perpétré mardi en fin de journée par un kamikaze de 18 ans, originaire d’un village de la région de Tulkarem –une ville pourtant encerclée par un mur de béton de plusieurs mètres de haut– a mis fin à la quiétude qui régnait depuis plusieurs mois dans cette station balnéaire, très prisée en cette période estivale, et où se déroulent actuellement les jeux Maccabiah, sorte d’olympiades israéliennes. Le terroriste, qui portait une ceinture d’explosifs, a tenté de pénétrer, à une heure de grande affluence, dans un centre commercial de la ville mais il a très vite été repéré par des passants. Il a alors actionné sa charge, tuant sur le coup deux jeunes femmes israéliennes –deux autres succomberont à leurs blessures à l’hôpital– et blessant une quarantaine de personnes. Cet attentat, aussitôt revendiqué par le Jihad islamique, est le premier depuis l’instauration le 25 février dernier d’une trêve implicite de tous les groupes radicaux palestiniens.

L’attaque, qui a visiblement surpris l’Autorité palestinienne, a immédiatement été condamnée par son chef, Mahmoud Abbas. «C’est un crime contre le peuple palestinien. Aucun véritable patriote ne peut perpétrer ce genre d’opération juste avant qu’Israël ne se retire des 21 colonies de la bande de Gaza», a-t-il dénoncé en s’engageant à ce que les responsables de cet acte terroriste soient «tous punis». Le ministère palestinien de l’Intérieur a renchéri en «condamnant avec force les attaques contre des civils, qu’ils soient Israéliens et Palestiniens» et en indiquant que «les forces de sécurité et de la police ont commencé à enquêter».

Ces engagements n’ont cependant visiblement pas ému les autorités israéliennes qui ont une nouvelle fois accusé les Palestiniens de «ne rien faire contre le terrorisme». «Cet attentat bestial est le résultat de la politique de l’Autorité palestinienne qui refuse de mettre de l’ordre chez elle. Tous ceux qui n’ont pas voulu respecter la trêve en ont profité pour s’organiser», a notamment accusé le porte-parole du gouvernement, Avi Pazner, avant d’annoncer qu’Israël allait «prendre des mesures pour enrayer cette nouvelle vague de violences». Ce responsable a également souligné que, dans ce contexte, il n’était plus question de restituer aux Palestiniens le contrôle des villes de Bethléem et de Qalqiliya, initialement programmé dans les prochains jours. Une rencontre prévue mardi soir entre le ministre israélien de la Défense, Shaoul Mofaz, et le ministre palestinien des Affaires civiles, Mohammed Dahlane, a également été annulée. 

Le désengagement de Gaza n’est pas remis en cause    

En représailles à l’attentat de Netanya, le Premier ministre Ariel Sharon –pour qui cette attaque perpétrée à cinq semaines du retrait de Gaza ne pouvait plus mal tomber– a déclaré une guerre sans merci au Jihad islamique. «J’ai ordonné à la police et aux services de sécurité de mener une lutte impitoyable contre cette organisation terroriste et ses chefs», a-t-il déclaré, laissant entendre qu’Israël pourrait très vite reprendre sa politique de liquidation ciblée à laquelle il avait renoncé depuis l’instauration de l’accalmie. Les forces israéliennes ont investi, tôt mercredi matin, la ville de Tulkarem d’où était originaire le kamikaze, reprenant le contrôle de cette ville qui était depuis quelques semaines de nouveau dans le giron de l’Autorité palestinienne. Un policier palestinien a été tué lors de cette opération qui a permis l’arrestation de cinq membres présumés du Jihad islamique. Une opération qui devrait durer plusieurs jours encore, le général Yaïr Golan, qui commande les forces israéliennes en Cisjordanie, estimant que «les objectifs de Tsahal ne pouvaient être atteints en quelques heures».

Quoi qu’il en soit, l’attentat de Netanya ne devrait pas remettre en cause la décision d’Ariel Sharon d’évacuer les 21 colonies de la bande de Gaza et quatre autres petites implantations du nord de la Cisjordanie. L’un des proches collaborateurs du Premier ministre a d’ailleurs affirmé que cette attaque n’allait «en aucune façon changer le calendrier du retrait». «Ceux qui connaissent Ariel Sharon savent que cet attentat suicide ne l’arrêtera pas. Il va persévérer et le plan de désengagement sera appliqué à la lettre», a pour sa part renchéri Eytan Haber qui fut chef de cabinet de l’ancien Premier ministre assassiné Yitzhak Rabin.

Cette détermination d’Ariel Sharon n’empêchera pas pour autant une recrudescence des violences que les experts en sécurité ont d’ailleurs unanimement prédit avec l’approche du début du désengagement. Mais plus que des attaques suicides, les responsables israéliens redoutent avant tout une intensification des attaques des groupes radicaux palestiniens à partir de la bande de Gaza en direction du sud d’Israël. «Sharon serait alors obligé de riposter plus durement à l’intérieur de ce territoire et cela pourrait vraiment compromettre l’évacuation des colons et de l’armée hors de ce secteur et donc modifier le calendrier du retrait», a en effet reconnu un responsable israélien.


par Mounia  Daoudi

Article publié le 13/07/2005 Dernière mise à jour le 12/09/2005 à 08:30 TU