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Proche-Orient

Après le retrait, les maisons des colons seront rasées

Israéliens et Palestiniens se sont mis d’accord pour que les habitations des colons soient détruites après l’évacuation prévue à la mi-août de la bande de Gaza.(Photo : AFP)
Israéliens et Palestiniens se sont mis d’accord pour que les habitations des colons soient détruites après l’évacuation prévue à la mi-août de la bande de Gaza.
(Photo : AFP)
Alors que la semaine dernière encore, l’Autorité palestinienne dénonçait la «mauvaise volonté» du gouvernement Sharon et son «refus d’aborder sérieusement les modalités du retrait de la bande de Gaza», la situation a considérablement évolué ces derniers jours. La visite dans la région de la secrétaire d’Etat américaine n’y est sans doute pas étrangère. Condoleezza Rice a en effet obtenu l’engagement des deux parties pour une coordination de l’évacuation de ce Territoire palestinien qu’elle a qualifiée d’«étape historique».

Il n’y a pas à tergiverser, les Etats-Unis veulent le succès du plan de retrait de la bande de Gaza, préalable indispensable à leurs yeux à une reprise des pourparlers de paix entre Israéliens et Palestiniens. En tournée dans la région, la secrétaire d’Etat américaine est en effet venue le rappeler aux principaux intéressés à qui elle a arraché l’engagement que cette évacuation se fera «dans le calme». Dans un jeu d’équilibriste parfaitement exécuté, Condoleezza Rice a pris soin de ne froisser les susceptibilités d’aucun de ses interlocuteurs. Aux Palestiniens, elle a ainsi souligné la nécessité de faire «bien plus» pour «combattre l’anarchie et le terrorisme». La chef de la diplomatie américaine avait toutefois pris soin d’applaudire auparavant l’engagement du chef de l’Autorité palestinienne pour une réforme politique et une démocratisation de la société palestinienne. «Le président Abbas a pris des mesures concrètes positives en vue d’une réforme des services de sécurité mais bien entendu il y a bien plus à faire», a-t-elle déclaré avant d’ajouter : «nous agirons avec la communauté internationale pour vous appuyer ainsi que le peuple palestinien dans vos efforts».

Aux Israéliens, pourtant considérés par George Bush comme les grands alliés des Etats-Unis dans la région, Condoleezza Rice a également tenu un discours ferme. Elle a notamment appelé le gouvernement Sharon à prendre «des meures substantielles» pour alléger la vie quotidienne des Palestiniens. Elle a en outre insisté sur la nécessité de libérer de nouveaux contingents de prisonniers palestiniens parmi les quelque 7 000 détenus dans les prisons israéliennes. «Cette question est d’une importance suprême pour faire avancer le processus de paix», avait plaidé auprès d’elle le président palestinien Mahmoud Abbas. Quoiqu’il en soit, quelques heures après la rencontre de la chef de la diplomatie américaine avec des responsables du gouvernement Sharon, l’armée israélienne annonçait la levée de quatre barrages routiers en Cisjordanie. Une décision prise, selon la radio israélienne, dans le cadre des mesures d’allègement destinées à faciliter les conditions de vie des Palestiniens dans ce Territoire.

Mais la visite de Condoleezza Rice dans la région a surtout permis de mettre un terme aux nombreuses spéculations concernant le devenir des secteurs évacués en août par Israël et plus particulièrement celui des logements des colons. La secrétaire d’Etat américaine a en effet annoncé que les deux parties s’étaient finalement mises d’accord pour détruire ces habitations. «Israël et l’Autorité palestinienne sont convenus que les maisons des colons devraient être démantelées. C’est pourquoi ils vont élaborer un projet de destruction et de nettoyage», a-t-elle déclaré. Les responsables palestiniens avaient manifesté leur préférence pour cette option afin de permettre la construction de bâtiments plus élevés et répondre à l’épineux problème du logement dans la bande de Gaza, un territoire de quelque 350 km² dans lequel s’entassent près de 1,3 million de Palestiniens et dont près de 15% est actuellement occupé par 8 000 colons israéliens. 

Une décision malvenue

La secrétaire d’Etat a également précisé que James Wolfensohn, l’émissaire américain pour les Affaires économiques au Proche-Orient, aiderait les deux parties à mener à bien ce projet. A en croire la presse israélienne en effet, la destruction des maisons de colons devrait laisser un million de mètres cubes de gravats dont le seul coût de déblaiement est estimé à pas moins de 18 millions de dollars. Il est prévu qu’Israël finance, sans doute avec l’aide de la Banque mondiale, voire celle des pays donateurs, cette opération. Et certains responsables palestiniens ont d’ores et déjà émis l’idée que ces gravats pourraient servir à la construction d’un port dans la bande de Gaza. Un projet qui pourrait être générateur d’emplois dans une région très durement frappée par le chômage.

C’est dans ce contexte de relance des pourparlers israélo-palestiniens –Mahmoud Abbas et Ariel Sharon doivent se rencontrer ce mardi dans la résidence du Premier ministre à Jérusalem– qu’Israël a annoncé dimanche la prochaine construction de quelque 700 logements supplémentaires dans deux colonies de Cisjordanie, proches de Jérusalem. L’information a, comme il fallait s’y attendre, provoqué la colère des Palestiniens. «Ces plans de nouvelles constructions constituent un défi aux déclarations du président George Bush et de la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice», s’est indigné la ministre palestinienne chargée du dossier de Jérusalem. Pour Hind al-Khouri en effet, «l’objectif affiché par le gouvernement Sharon est de créer de nouveaux faits accomplis pour changer la face de la ville sainte». Les deux colonies concernées par ces constructions sont Maalé Adoumim, qui est située à moins de douze kilomètres de Jérusalem, et Beitar Eilit située à moins de deux kilomètres de la Ligne verte. Israël est actuellement en train de prolonger son «mur» de séparation qu’il érige en Cisjordanie afin de placer ces colonies à l’intérieur de son territoire et cela malgré les protestations internationales. «Nous ne voulons pas que les Israéliens essayent d’imposer une politique du fait accompli sur le terrain», avait à ce propos prévenu Condoleezza Rice dans l’avion qui l’a conduisait au Proche-Orient.

La secrétaire d’Etat s’est donc montrée particulièrement irritée à l’annonce de ces nouvelles constructions. Elle a ouvertement montré son mécontentement lors d’une conférence de presse à Amman où elle s’est rendue à l’issue de son voyage en Israël. «J'ai discuté de la question des colonies et du mur avec le Premier ministre israélien, le ministre des Affaires étrangères et avec toute autre personne prête à écouter», a déclaré Mme Rice. «Les Etats-Unis ont une politique très claire à ce sujet et nous ne nous attendons pas à voir des activités de la part des Israéliens qui pourraient affecter un accord sur le statut final», a-t-elle également souligné. La chef de la diplomatie américaine a certes indiqué qu'elle comprenait qu'Israël lance des appels d'offres de temps en temps pour la construction de logements mais, a-t-elle ajouté, «les Israéliens doivent comprendre, et je crois qu'ils comprennent, que les Etats-Unis ont des points de vues très clairs à ce sujet».


par Mounia  Daoudi

Article publié le 20/06/2005 Dernière mise à jour le 10/08/2005 à 13:27 TU