Oléoduc Tchad-Cameroun
Amnesty international accuse
(Photo: Esso)
Cet oléoduc Tchad-Cameroun «risque de mettre à mal pour les décennies à venir la protection des droits humains des milliers de personnes qui vivent sur son tracé», s’inquiète Amnesty international. Ce projet colossal soutenu par la Banque mondiale devrait apporter de substantiels revenus au Tchad. Toutefois, il n’a pas manqué de retenir l’attention des organisations de défense des droits de l’homme, habituées maintenant aux violations des droits humains par les sociétés d’exploitation de pétrole en Afrique. Les cas du Congo et surtout du Nigeria, dans le delta du Niger, ont suffisamment marqué les esprits pour susciter la méfiance et la surveillance des organisations de défense des droits de l’homme.
«Eviter de mettre un prix sur les droits humains»
Amnesty international, révèle aujourd’hui que bien lui a pris de regarder de près les contrats passés entre le consortium ExxonMobil et les Etats tchadiens et camerounais «qui ont de mauvais antécédents dans le domaine des droits humains». Pour cette organisation «les accords d’investissement qui régissent ce projet risquent fort d’affaiblir la capacité et la volonté du Tchad et du Cameroun de protéger les droits fondamentaux de leurs citoyens, en dispensant de facto les compagnies pétrolières de rendre compte de leurs actes dans la région de l’oléoduc», précise Andrea Shemberg, conseillère juridique de l’organisation.
La manne financière et un éventuel développement économique ne peuvent justifier de passer sous silence le droits des populations et les obligations des Etats envers elles. Or, à la lecture des accords, Amnesty international pense que les Etats se dégagent de leurs devoirs de protection des populations parce que le consortium d’exploitation leur impose «de lourdes indemnités en cas d’interruption de l’exploitation (…) même s’ils interviennent afin de protéger des droits». Amnesty international a déjà recensé de nombreux cas de droits bafoués, des intimidations à l’endroit de paysans non ou mal indemnisés et qui n’ont aucun recours.
Pour éviter que les exploitants ne s’installent en maîtres absolus et n’érigent dans «leur périmètre» une zone de non droit, l’organisation fait une série de recommandations pour que les accords soient revus et négociés en prenant en compte le droit des citoyens. Amnesty international demande aux négociateurs, quels qu’ils soient, d’éviter «de mettre un prix sur les droits humains».
par Didier Samson
Article publié le 07/09/2005 Dernière mise à jour le 07/09/2005 à 18:19 TU