Religion
Dialogue œcuménique à Lyon
DR
De notre correspondant au Vatican
« Faire vivre l’esprit d’Assise » : tel est, depuis 19 ans, l’objectif premier de cette rencontre annuelle. Née en 1968 dans le quartier populaire du Trastevere au cœur de Rome, la communauté de Sant’Egidio, outre son action sociale, s’est consacrée au fil des ans aux négociations diplomatiques et au dialogue entre les hommes de différentes religions. Au point de devenir, après 1986, l’organisateur de ces rencontres auxquelles Jean-Paul II a donné une impulsion inédite. Le thème de cette année s’intitule : « le courage d’un humanisme de paix ».
Après
La date du 11 septembre ne tient pas du hasard
Durant trois jours, des représentants souvent éminents du monde laïc et religieux vont débattre des grands thèmes du moment. On va ainsi voir côte à côte le grand rabbin d’Israël et le recteur d’Al Azhar, deux ayatollahs iraniens et des cardinaux de l’Église romaine, des bouddhistes venus du Japon, le numéro deux de l’orthodoxie russe, le chef de l’Église anglicane, des philosophes comme Régis Debray, des journalistes comme Jean Daniel, des politiques (Bernard Kouchner, Mario Soares, Simone Veil et Nicolas Sarkozy).
La date choisie pour l’ouverture des débats, dimanche 11 septembre, ne tient pas du hasard. « Nos rencontres s’inspirent d’Assise 1986, tient à souligner Andrea Riccardi, mais elles sont aussi plongées dans le monde de ce début de siècle, marqué par la peur du terrorisme, la peur de l’autre, la méfiance. Cette rencontre n’est pas seulement un rite, c’est l’occasion de se demander ce que les religions peuvent faire pour dialoguer entre elles et avec les humanistes ».
Deux mois après les attentats de Londres, cette rencontre va inévitablement être dominée par les interrogations que pose la place de l’islam dans la société d’aujourd’hui. Mais l’attention sera également portée sur la violence, la pauvreté, les politiques économiques des pays occidentaux, les urgences africaines. Avant chaque rencontre, Jean-Paul II avait coutume de recevoir les organisateurs pour les encourager, les stimuler, s’informer aussi des contacts établis diplomatiquement toujours utiles. C’est d’ailleurs après la rencontre de Sant’Egidio de Bucarest que le Pape avait pu faire son premier voyage dans un pays à majorité orthodoxe.
Quel intérêt porte son successeur au dialogue interreligieux ? C’est encore un peu un inconnue. À Rome, on ne cache pas qu’en 19 ans, Joseph Ratzinger ne s’est jamais déplacé pour ces rencontres annuelles, malgré des invitations régulières. En tant que Pape, il lui sera toutefois difficile de ne pas adresser un message comme le faisait son prédécesseur. « Avec Benoît XVI c’est une nouvelle saison qui commence, affirme Andrea Riccardi, il nous a reçus et j’ai le sentiment qu’il entend continuer ce dialogue entre les religions et les civilisations comme il l’a dit, de manière originale, aux représentants musulmans lors de son voyage à Cologne ».par Laurent Morino
Article publié le 11/09/2005 Dernière mise à jour le 11/09/2005 à 09:05 TU