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Politique française

Le «non de gauche» se retrouve à la fête de l’Huma

Vue sur la grande scène de la fête de l'Huma 2005.(Photo: AFP)
Vue sur la grande scène de la fête de l'Huma 2005.
(Photo: AFP)
Les principaux dirigeants de gauche ayant appelé à voter «non» au référendum se sont retrouvés ce week-end au parc de la Courneuve, à l’occasion de la 70e fête de l’Humanité avec pour objectif de construire un projet unitaire pour 2007. Mais les divergences restent réelles.

Alain Krivine (Ligue communiste révolutionnaire), Laurent Fabius (PS), Georges Sarre (Mouvement des citoyens) se retrouvant à l’invitation de Marie-George Buffet, secrétaire nationale du Parti communiste, voilà une affiche qui aurait fait figure de canular voici à peine quelques mois. Mais c’est pourtant ce qui s’est produit ce week-end lors de la fameuse fête de l’Huma, la grande kermesse populaire, mêlant spectacle et politique qui chaque année, à la mi-septembre, rythme la rentrée politique du PCF.

C’est qu’entre-temps, les lignes de clivage au sein de la gauche ont été sérieusement déplacées par le référendum sur le traité constitutionnel européen. Le succès du «non», le 29 mai dernier, a dopé la gauche alternative, réveillé un parti communiste mal en point, et donné des ailes, au sein du parti socialiste, aux opposants à la ligne «raisonnable» poursuivie par François Hollande, rejoints par l’ex-numéro deux du parti, Laurent Fabius.

Le «cartel des non», pour reprendre une expression qui a eu son heure de gloire dans la politique française dans les années 20, ambitionne de transformer ce plus petit commun dénominateur en projet politique unificateur dans la perspective de la présidentielle de 2007. Mais pour ce faire, il reste bien du chemin à parcourir, comme on a pu le voir avec l’accueil réservé par de nombreux militants communistes à Laurent Fabius. Si, au sein du Parti socialiste, nombre de dirigeants de l’aile gauche ont pris acte de l’infléchissement à gauche du discours de ce dernier, qui a longtemps incarné une tendance qualifiée de «sociale-libérale», il lui reste encore beaucoup à faire pour convaincre les militants (et les électeurs) communistes de la sincérité de cette évolution.

La méfiance reste de rigueur

Pour sa première venue à la fête de l’Huma, Laurent Fabius a en effet essuyé sifflets, quolibets, et a même été la cible de jets d’œufs. Cet incident a provoqué la colère de Marie-George Buffet qui, escortant personnellement Fabius à la tribune, a enjoint aux militants communistes de respecter leur invité. Cela n’empêche pas les ricanements lorsque Laurent Fabius s’adresse à l’assistance d’un «chers camarades». Même parmi ceux qui ont fait preuve d’une réserve polie, la méfiance restait de rigueur. Nul n’oublie, chez les communistes, que les ministres communistes ont quitté le gouvernement lorsque Laurent Fabius en a pris la direction en 1984 et qu’en Haute Normandie, dans son fief du Grand-Quevilly, il s’est toujours montré un adversaire déterminé des communistes locaux.

Qu’importe, il en faut plus pour émouvoir l’intéressé qui, sur la route de sa candidature à la candidature en 2007, sait qu’il devra affronter bien d’autres épreuves similaires et qui peut se réjouir d’avoir été applaudi par le public communiste lorsqu’il a appelé au rassemblement de toutes les forces de gauche.

Commentaire grinçant de l’ex-fabiusien Jack Lang, proche désormais de François Hollande et lui aussi, candidat à l’investiture socialiste en 2007: « la fête de l’Huma, j’y vais chaque année depuis 30 ans !». Et Jack Lang d’enfoncer le clou: «Le rassemblement de gauche se construira autour du Parti socialiste, et non l’inverse».


par Olivier  Da Lage

Article publié le 11/09/2005 Dernière mise à jour le 11/09/2005 à 11:28 TU

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Patrick Le Hyaric

directeur du journal «l'Humanité»

«La fête de l'Humanité est un lieu de fraternité.»

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