Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Allemagne

Elections : issue incertaine

Le chancelier social-démocrate (SPD) Gerhard Schröder et son adversaire du Parti chrétien-démocrate (CDU/CSU) Angela Merkel. A quelques jours des élections de dimanche prochain,l'écart se réduit entre les deux adversaires.(Photo : AFP)
Le chancelier social-démocrate (SPD) Gerhard Schröder et son adversaire du Parti chrétien-démocrate (CDU/CSU) Angela Merkel. A quelques jours des élections de dimanche prochain,l'écart se réduit entre les deux adversaires.
(Photo : AFP)
A quelques jours des élections de dimanche prochain, l’issue du scrutin est plus incertaine que jamais. Peu à peu l’écart qui sépare le leader social-démocrate sortant et sa rivale démocrate-chrétienne se réduit.

De notre correspondant à Berlin

Le retournement de situation est spectaculaire. Lorsque Gerhard Schröder annonce le 22 mai, en prenant tout le monde de cours, qu’il souhaite organiser des élections anticipées, la décision solitaire du chancelier social-démocrate est interprétée par beaucoup comme un coup de poker perdu d’avance. L’opposition conservatrice vient de remporter un bastion de la gauche, la région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Les chrétiens-démocrates surfent sur la barre des 50% et rêvent déjà d’une majorité absolue.

Mais à quelques jours des élections de dimanche prochain, l’issue du scrutin est plus incertaine que jamais. Les chrétiens-démocrates ont perdu régulièrement des points dans les sondages et sont crédités de 42% des voix. Le SPD de Gerhard Schröder a réussi à remonter la pente gagnant en moyenne un point par semaine et peut aujourd’hui espérer obtenir 35% des voix. Les trois petits partis font plus ou moins jeu égal. Les libéraux du FDP alliés des chrétiens-démocrates, les Verts au pouvoir aux côtés du SPD depuis sept ans et le parti contestataire de gauche PDS, associant anciens communistes de l’Est et déçus du SPD, sont chacun crédités de 6 à 8%.

Ni les Verts, ni le SPD ne veulent s’allier avec la gauche contestataire

Aucun parti n’étant en mesure d’obtenir à lui seul la majorité absolue, une coalition gouvernera l’Allemagne après les élections quoiqu’il arrive. Durant des semaines, chrétiens-démocrates et libéraux ont disposé d’une avance qui a lentement fondu au soleil. La semaine dernière, un coup de tonnerre a secoué le landerneau politique avec l’annonce que l’opposition conservatrice n’avait plus de majorité dans les sondages. Pire pour elle, les trois partis de gauche sont désormais majoritaires.

Sur le papier. Car ni les Verts, ni le SPD ne veulent s’allier avec la gauche contestataire dont ils critiquent le programme économique irréaliste et la politique étrangère isolationniste. Côté PDS, malgré son rejet par le SPD et les Verts, en dépit de sa dénonciation permanente du libéralisme pratiqué par l’équipe au pouvoir, certains ex-communistes laissent pourtant entendre qu’un soutien sans participation à un gouvernement minoritaire socialo-écologiste serait envisageable. Mais l’hypothèse parait peu probable. Ce qui n’empêche pas les conservateurs d’utiliser le spectre d’une union des gauches comprenant le PDS.

La coalition la plus plausible aujourd’hui –si les résultats des urnes confirment les sondages- reste un gouvernement alliant chrétiens et sociaux-démocrates. Tout le monde y pense mais officiellement personne n’en veut. Pour Schröder, une telle hypothèse signifie son départ car il est exclu que le battu fasse partie d’un gouvernement dirigé par Angela Merkel. Et la présidente du parti chrétien-démocrate préférerait bien sûr conclure une alliance avec les libéraux qui lui permettrait de mettre plus commodément son programme en œuvre.

Abandon du modèle social allemand

Dans la dernière ligne droite, les partis veulent redoubler d’ardeur pour mobiliser leurs troupes et les électeurs indécis. Schröder qui a prouvé une fois de plus qu’il savait se battre avec succès dans une situation désespérée dénonce le projet jugé antisocial de ses adversaires. Il tire à boulets rouges sur les propositions du potentiel ministre des Finances d’Angela Merkel, le juriste Paul Kirchof. Son taux d’imposition unique de 25% pour tous allant de pair avec la suppression de tous les avantages fiscaux, mais aussi le projet de la CDU d’une assurance sociale prévoyant un forfait unique, quels que soient les revenus, constituent pour le SPD un abandon du modèle social allemand.

L’opposition, elle, est sur la défensive et certains ont pris leurs distances par rapport à Kirchof. Il est plus facile pour la CDU de dénoncer le bilan économique et social du gouvernement Schröder et les promesses non tenues. Les arguments restent les mêmes depuis le début de la campagne. On se jette des statistiques et des taux d’imposition à la figure ; Schröder défend son bilan et accuse ses adversaires de ne rien avoir fait lorsqu’ils étaient au pouvoir avant… 1998 ; les conservateurs traitent les sociaux-démocrates de menteurs.

Le suspens est plus intense que jamais. Il y a trois ans environ 6 000 voix avaient séparé les deux grands partis. Une dernière surprise n’est pas entièrement exclue. La mort d’une candidate dans une circonscription de Dresde (Saxe) comprenant 220 000 électeurs conduira à un scrutin partiel le 2 octobre qui pourrait décider du sort de l’Allemagne. Des électeurs ont déjà saisi la cour constitutionnelle exigeant que les résultats forcément provisoires ne soient pas proclamés dimanche soir.


par Pascal  Thibaut

Article publié le 13/09/2005 Dernière mise à jour le 13/09/2005 à 15:53 TU