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Sri Lanka

Guerre ou paix au programme des candidats à l’élection présidentielle

Le Premier ministre, candidat à l’élection présidentielle, a signé des alliances avec les partis communistes et nationalistes.(Photo : AFP)
Le Premier ministre, candidat à l’élection présidentielle, a signé des alliances avec les partis communistes et nationalistes.
(Photo : AFP)
Un candidat pour la guerre. Un candidat pour la paix. C'est ainsi que la population et la presse locale résume la situation au Sri Lanka à l'approche de l’élection présidentielle prévue à l'automne prochain. Une fois de plus, l'enjeu majeur des élections sera la résolution du conflit ethnique entre la guérilla séparatiste tamoule et l'armée sri lankaise.

De notre correspondant à Colombo

«Je me moque du résultat de l’élection présidentielle depuis que la politique du parti a été trahie». Anura Bandaranaike, ne cache pas sa colère. Le nouveau ministre des Affaires étrangères, et frère de la présidente, estime que «notre candidat a tendu la main aux forces extrémistes». Le chef de la diplomatie faisait allusion aux alliances signées la semaine dernière entre le Premier ministre candidat Mahinda Rajapakse et les partis communistes et nationalistes.

Lors d'une cérémonie, où toute la presse était conviée, le chef du gouvernement s'est engagé sur des questions cruciales pour l'avenir du pays en cas de victoire aux élections. Le règlement du conflit ethnique avec la guérilla séparatiste tamoule via une solution fédérale est abandonné. L'accord de partage de l'aide internationale post-tsunami est supprimé. Le rôle des intermédiaires de paix norvégiens discrédité. Les concessions faites au parti marxiste-léniniste sont tellement importantes que les analystes politiques s'amusent à dire que Mahinda Rajapakse est le candidat du JVP.

Le candidat de la guerre

Or le parti communiste entretient une haine historique avec les Tigres de libération de l'Eelam Tamoul (LTTE). Quant au parti nationaliste des moines bouddhistes (JHU), il prône également une politique sévère à l'encontre des séparatistes. «Mahinda Rajapakse invite les extrémistes du JVP et du JHU à trouver une solution au conflit. Or tout le monde sait qu'ils ne feront aucune concession aux Tigres. La situation va empirer entre le LTTE et l'armée», dit Saman Perera, commerçant.

Le Premier ministre se défend d'être le candidat de la guerre. Selon son directeur de campagne, le chef du gouvernement souhaite aborder le conflit qui déchire l'île depuis plus de 30 ans avec une «nouvelle approche», quitte à tourner le dos à plus de 10 ans de négociations et quitte à diviser son propre parti. La présidente ne cache pas son désaccord. Elle lui demande de s'expliquer publiquement sur ses «changements unilatéraux». Il y a peine trois mois le Premier ministre présentait lui-même l'accord de partage de l'aide internationale avec la guérilla séparatiste tamoule au Parlement.

Cadeau à l'opposition

La présidente enfonce le clou en déclarant depuis New York, où elle assiste au 60ème anniversaire des Nation unies, que la résolution du conflit passe par un régime fédéral et un partage du pouvoir avec la guérilla séparatiste. En totale contradiction avec le Premier ministre candidat, ces déclarations illustrent la confusion au sein de l'équipe gouvernementale. Officiellement les partis n'ont pas encore communiqué les noms de leurs prétendants. Certains membres suggèrent donc de suspendre le Premier ministre et de présenter un autre candidat. Bien que techniquement possible, ce scénario est improbable. A moins de deux mois des élections, ce changement soudain provoquerait une victoire quasi-certaine de l'opposition.

En effet une crise d'une telle envergure dans l'équipe adverse risque vraisemblablement de tourner en sa faveur. Ranil Wicremesinghe, le candidat de l'opposition, passe pour le candidat de la paix. Il annonce de nouvelles négociations avec les rebelles séparatistes et promet stabilité et prospérité en créant un gouvernement d'union nationale en cas de victoire. «Ceux qui veulent repartir de zéro et prendre le risque de plonger le pays dans le chaos doivent voter pour Mahinda Rajapakse. Les autres doivent voter pour Ranil Wicremesinghe», dit Timothy, chef d'entreprise. Pourtant la solution n'est pas si simple. Beaucoup pensent que Ranil Wicremesinghe accorde trop de concessions à la rébellion et que sa politique est trop libérale.


par Mouhssine  Ennaimi

Article publié le 16/09/2005 Dernière mise à jour le 16/09/2005 à 13:09 TU