Grippe aviaire
Tous contre le virus
(Photo : AFP)
Le danger existe. Il ne faut pas le sousestimer. Les plus grands responsables de ce monde en sont d’ailleurs maintenant convaincus. A commencer par George W. Bush qui a fait de la grippe aviaire l’un des thèmes majeurs de son intervention devant l’Assemblée générale des Nations unies à New York. Le président des Etats-Unis n’y est pas allé par quatre chemins pour expliquer l’enjeu de cette maladie pour le monde : «Si rien n’est fait, ce virus [H5N1] pourrait provoquer la première pandémie du 21e siècle et nous ne devons pas laisser cela se produire».
C’est donc pour agir préventivement, c’est-à-dire avant que le virus ne mute et ne devienne transmissible d’humain à humain, que George W. Bush a pris l’initiative de lancer «un nouveau partenariat international» contre la grippe aviaire. Il s’agit avant tout de permettre une meilleure diffusion des informations sur l’évolution de l’épizootie qui ravage les élevages de poulets en Asie et les cas de contamination humaine. Les Etats-Unis demandent à tous les pays touchés de s’engager à transmettre immédiatement les données et les échantillons sanguins dont ils disposent à l’Organisation mondiale de la santé (OMS). De cette manière, une surveillance étroite pourra être mise en place. Et toutes les chances seront réunies pour prendre les mesures qui s’imposent.
Un partenariat international
Dans cette optique, les autorités américaines ont annoncé qu’elles avaient passé un accord avec les autorités vietnamiennes pour mettre en place dans leur pays, qui fait partie des Etats d’Asie du Sud-Est où la grippe aviaire est présente depuis 2003, un «réseau de collecte de l’information» sur le virus. Les Centres américains pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) vont donc aider l’Institut national d’hygiène et d’épidémiologie (INHE) du Vietnam à mettre ce système sur pied. Une enveloppe de 500 000 dollars est prévue dans un premier temps pour débuter le programme. La Thaïlande a, elle aussi, manifesté son intérêt face aux propositions américaines pour «mobiliser des ressources et favoriser la coopération» dans ce domaine.
L’appel à la mobilisation lancé par le président Bush a été suivi par le Premier ministre français, Dominique de Villepin. Celui-ci a, en effet, déclaré à la tribune de l’ONU que face à «l’ampleur de la menace», il était nécessaire de «réagir sans délai» et de «conjurer le risque de pandémie de grippe aviaire». Il a notamment insisté sur la nécessité «de renforcer les capacités de détection précoces» de souches virales contagieuses pour l’homme.
Car si le H5N1 est pour le moment responsable d’une épizootie, une centaine de cas de contamination humaine ont tout de même été enregistrés et 63 personnes sont décédées depuis 2003. La dernière victime, une femme de 37 ans, vient de mourir en Indonésie. Pour l’heure, aucune information ne laisse penser que le virus peut se transmettre entre êtres humains, mais les scientifiques sont persuadés qu’il finira par muter. C’est à ce moment-là qu’émergera le risque de pandémie humaine. Les experts de l’OMS craignent qu’une telle épidémie mondiale de grippe ne soit capable de provoquer des millions de morts en quelques mois. Ils insistent donc sur la nécessité de constituer des stocks de médicaments antiviraux pour avoir les moyens de soigner le maximum de malades.
A quand le vaccin ?
L’autre moyen de lutte contre la grippe est constitué par la mise au point d’un vaccin. A partir du moment où la souche virale humaine sera identifiée, environ six mois seront nécessaires pour que les chercheurs trouvent un sérum efficace. En attendant, des vaccins expérimentaux sont à l’étude. Ils sont fabriqués à partir du H5N1 actuel mais pourraient servir à réaliser plus rapidement le vaccin définitif contre la souche humanisée le moment venu.
Les Etats-Unis ont commandé au laboratoire Sanofi-Pasteur un vaccin prépandémique de ce type. Le contrat de 100 millions de dollars prévoit la production d’un vaccin sous forme concentrée en vrac d’ici fin octobre 2005. D’autres Etats ont eux aussi pris contact avec le laboratoire pour réserver des doses de vaccin prépandémique. La France notamment. Reste que cela ne résout pas le problème pour autant. D’une part, parce que ce vaccin ne sera peut-être pas efficace. D’autre part, parce que les pays les plus exposés, en Asie du Sud-Est, n’ont pas les moyens de prendre les mêmes mesures de précaution.
par Valérie Gas
Article publié le 16/09/2005 Dernière mise à jour le 16/09/2005 à 17:43 TU