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Grippe aviaire

Nouveau soupçon de transmission entre humains

Une possible transmission interhumaine du virus de la grippe aviaire fait naître de nouvelles inquiétudes autour de cette maladie. 

		(Photo : AFP)
Une possible transmission interhumaine du virus de la grippe aviaire fait naître de nouvelles inquiétudes autour de cette maladie.
(Photo : AFP)
Les morts successives d’une petite fille thaïlandaise et de sa mère ont provoqué de nouvelles inquiétudes sur une possible transmission entre humains du virus de la grippe aviaire. Aucune confirmation de cette hypothèse n’a été donnée pour le moment. Des analyses sont en cours et leurs résultats ne seront pas disponibles avant plusieurs jours. Mais la préoccupation est grande car l’existence d’une première transmission entre hommes pourrait signifier que le virus a muté et qu’une épidémie humaine est possible.

C’est la mort de Pranee Krongkaew qui a provoqué le retour de l’inquiétude en Thaïlande. Cette jeune mère de famille de 26 ans est, en effet, décédée le 20 septembre, une semaine après sa fille de 11 ans, qui avait été contaminée par le virus de la grippe aviaire au début du mois. Contrairement à son enfant, Pranee Krongkaew ne semble pas avoir été en contact avec des volailles contaminées. Il est donc «probable», comme l’ont indiqué les autorités thaïlandaises, qu’elle ait été infectée en se rendant au chevet de sa petite fille malade.

Des analyses des échantillons envoyés par la Thaïlande sont en cours de réalisation au Center for Desease Control (Centre de contrôle des maladies infectieuses) à Atlanta. Elles devraient permettre, d’ici quelques jours, de déterminer l’origine de la contamination de Pranee Krongkaew mais aussi de dire si le virus qui a provoqué sa mort a subi une mutation. Depuis des mois, les spécialistes internationaux craignent une telle annonce et mettent en garde autorités et populations contre ses conséquences. Pour le moment, le nombre de cas est resté limité chez l’homme depuis le retour de la grippe aviaire chez les poulets asiatiques fin 2003. Quarante personnes ont été infectées, dont 29 sont décédées, mais toutes ont été contaminées parce qu’elles avaient été en contact direct avec une volaille malade. Une modification du virus H5N1 pourrait changer la donne et permettre une transmission interhumaine. C’est, en effet, une mutation du virus aviaire qui a rendu possible la grande épidémie mondiale de 1918, responsable de la mort de 40 millions de personnes.

Il ne faut pas néanmoins s’alarmer trop vite. Car même si les résultats des analyses montrent que Pranee Krongkaew a été contaminée par sa fille, cela ne veut pas dire qu’une épidémie humaine de grande ampleur se prépare à coup sûr. Kamara Rai, représentant de l’Organisation mondiale de la santé en Thaïlande, a d’ailleurs déclaré que cela ne représenterait pas forcément «une menace de santé publique significative». Un virus purement aviaire pourrait, en effet, avoir été transmis par «un contact prolongé et rapproché» avec l’enfant malade sans pour autant avoir acquis des propriétés qui le rendraient contagieux pour l’homme. Dick Thompson, le porte-parole de l’OMS, a expliqué que cette situation s’est déjà produite lors d’une précédente épidémie à Hong Kong en 1997, au cours de laquelle des employés du secteur médical avaient été contaminés par des malades sans que cela ne provoque un engrenage de contaminations humaines. Cette prudence ne signifie pas, néanmoins, que l’hypothèse selon laquelle cette infection pourrait augurer d’une transmission plus large entre hommes n’est pas prise au sérieux.

Plusieurs cas suspects

En Thaïlande, la menace est d’autant plus vivement ressentie que les morts de la petite fille et de sa mère sont intervenues dans une zone où d’autres cas suspects ont été détectés : la province Kamphaeng Phet, à environ 400 kilomètres de Bangkok, la capitale. Parmi eux figure celui d’un jeune garçon de 13 ans, mort le 21 septembre après avoir présenté les symptômes d’une pneumonie aiguë, caractéristiques de la grippe aviaire. Dans ce contexte, le Premier ministre, Thaksin Shinawatra, a voulu prendre une initiative et a annoncé qu’il entendait mener «pendant un mois» une «guerre» contre la grippe aviaire, de manière à rassurer à la fois les Thaïlandais et les étrangers qui craignent la propagation de la maladie.

La résurgence du virus de la grippe aviaire dans les élevages de volailles ne touche pourtant pas que la Thaïlande. Depuis quelques semaines, plusieurs pays de la région (le Vietnam, la Malaisie, la Chine, l’Indonésie, le Cambodge) ont eux aussi enregistré de nouvelles contaminations animales. Cette situation a fait dire aux responsables de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et de l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE) que «le virus est toujours en circulation dans cette région du monde et qu’il ne sera pas éradiqué de sitôt». Ajoutant : «La menace continue de planer sur la santé aussi bien humaine qu’animale».

Dans un tel contexte, les deux organisations préconisent avant tout l’abattage systématique de tous les poulets des élevages dans lesquels des animaux malades sont retrouvés, de manière à limiter les risques de propagation. C’est d’ailleurs la méthode qui a été employée lorsque l’épidémie de grippe aviaire s’est rapidement répandue dans la région fin 2003. Environ 100 millions de volatiles suspects ont ainsi été tués par mesure de précaution dans les dix pays concernés. Mais cette mesure n’est pas suffisante. Surtout s’il s’avère que le virus a muté et que la transmission entre humains est possible. C’est pourquoi des recherches ont été engagées pour mettre au point un vaccin. La firme Aventis-Pasteur, le plus grand producteur mondial de vaccins, vient d’ailleurs dans cette optique de conclure un accord avec le gouvernement américain en vue de produire un vaccin contre la grippe aviaire, réalisé à partir de souches atténuées du virus H5N1. Deux millions de doses devraient être fabriquées d’ici fin 2004. Elles seront stockées aux Etats-Unis et ne seront utilisées qu’en cas de pandémie.



par Valérie  Gas

Article publié le 29/09/2004 Dernière mise à jour le 29/09/2004 à 15:56 TU