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Epidémie

Grippe aviaire : abattage et vaccination

L’objectif prioritaire pour lutter contre la grippe aviaire est d’éradiquer le virus chez les poulets et autres volatiles qui en sont porteurs. Les experts en santé animale et humaine réunis à Rome, au siège de l’Organisation des Nations unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO), ont dans cette optique réitéré leur appel à continuer les abattages massifs des volailles contaminées. Mais ils ont aussi préconisé de mener en parallèle des campagnes de vaccinations chez les poulets sains, de manière à stopper la progression du virus et à limiter les risques de contaminations humaines.
C’est d’abord sur une critique ferme de l’absence de réactivité des Etats d’Asie touchés par la grippe aviaire que s’est terminée la réunion des experts de la FAO, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et de l’Office international des Epizooties (OIE). «Tous les pays auraient pu signaler l’apparition de l’épidémie plus rapidement», a déclaré le directeur général de l’OIE, Bernard Vallat, qui a même ajouté que dans «l’un» des dix Etats concernés, «l’information avait tardé plus d’un mois».

Comme si l’expérience du SRAS, en 2003, n’avait servi à rien. Ou comme si la crainte de vivre une nouvelle crise sanitaire majeure avait incité les responsables nationaux à retarder au maximum le moment de la prendre en compte, plutôt qu’à jouer la carte de la transparence au profit de la santé publique. Du coup, il n’y a plus de temps à perdre et Jacques Diouf, le directeur général de la FAO, a appelé tous les pays du monde à une «réaction urgente» en vue de maîtriser l’épidémie de grippe aviaire.

De ce point de vue, il est nécessaire de dégager des financements pour aider les pays concernés à renforcer notamment leurs structures vétérinaires. Cet aspect de la question est important car il semble que la faiblesse des capacités des services vétérinaires nationaux explique en partie la lenteur des réactions face à cette nouvelle crise sanitaire d’origine animale. D’autre part, l’efficacité de la surveillance, du contrôle et l’échange des informations doivent être améliorés. Jacques Diouf a donc appelé tous les pays à «renforcer leurs services de veille sanitaire». La FAO a d’ailleurs annoncé qu’elle débloquait 5,5 millions de dollars pour aider les Etats à aller dans ce sens, tout en incitant les autres donateurs à apporter leur contribution.

Créer des «zones tampons»

Après deux jours de concertation, les spécialistes sont aussi arrivés à la conclusion qu’il fallait en plus de l’abattage des volailles contaminées, ou soupçonnées d’être en phase d’incubation, vacciner les poulets sains. Cette stratégie qui combine deux modes d’intervention pour lutter contre la grippe aviaire a pour objectif d’essayer de contenir de manière efficace la propagation de l’épidémie mais aussi de limiter les pertes économiques occasionnées par les abattages massifs. Cinquante millions de volatiles ont, en effet, été abattus depuis le début de la crise. Les pays exportateurs de volailles sont de ce fait très pénalisés, et les petits producteurs qui vivent et subsistent grâce à leurs élevages se retrouvent aussi, à titre individuel, dans des situations extrêmement difficiles.

Les experts estiment que, dans ce contexte, la vaccination «ciblée» pourrait créer des «zones tampons» et aider «à empêcher les animaux de tomber malades tout en réduisant la concentration du virus dans l’environnement». De cette manière, le risque de transmission du virus aviaire à l’homme serait lui aussi réduit. Mais il ne s’agit pas de vacciner à tout va, sans discernement, car cela pourrait avoir un effet dévastateur, par exemple en permettant à une souche «atténuée» du virus de continuer à se répandre. C’est pourquoi il est indispensable de mettre en place toutes les conditions nécessaires pour préparer la vaccination, de s’assurer que l’on vaccine dans «une zone indemne» et d’utiliser un vaccin véritablement efficace contre la souche du virus incriminé dans l’épidémie qui frappe actuellement les poulets asiatiques.

La mise au point d’un vaccin adapté au virus H5N1 susceptible de protéger les volailles devrait prendre environ trois mois. Celle d’un vaccin destiné à l’homme sera plus longue : environ six mois. Plusieurs équipes travaillent déjà sur ces questions en concertation avec l’OMS. Dans l’intervalle, l’organisation internationale préconise de vacciner les populations contre la grippe humaine, qui aurait fait son apparition dans la région, dans l’espoir de limiter les risques de combinaison des deux virus chez des personnes infectées par la grippe aviaire. Car dans cette configuration, une contamination entre humains deviendrait possible. Cinq firmes pharmaceutiques ont déjà entendu l’appel de l’OMS et ont livré récemment en Asie 220 000 doses de vaccin contre la grippe classique.



par Valérie  Gas

Article publié le 05/02/2004