Santé
Alerte au virus « mutant » de grippe aviaire
(Photo: AFP)
Une responsable chinoise de la recherche sur la grippe aviaire a fait sensation en annonçant que, dans son pays, la souche la plus virulente de la grippe aviaire a été détectée pour la première fois chez des porcs, en 2003 et en 2004. Cette annonce concrétise les craintes les plus vives des responsables de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Cet organisme avait averti, au début de l’année, que le virus H5N1, le virus mortel de la grippe aviaire, pourrait devenir extrêmement dangereux s’il se combinait avec le virus de la grippe humaine. Or ce risque est accru si le porc est porteur de ce virus car son organisme est susceptible d’accueillir à la fois des virus animaux et des virus humains ce qui en fait un intermédiaire redouté.
Dans les couloirs de la conférence internationale sur la prévention de la grippe aviaire et du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) qui se tient actuellement à Pékin, les spécialistes accueillent avec inquiétude cette nouvelle car, chez les porcs, si les deux virus se mélangent, ils peuvent donner naissance à un virus « mutant », nouvelle souche plus dangereuse et plus facilement transmissible à l’homme. C’est le résultat d’un échange des éléments génétiques des virus humains et animaux et d’une réorganisation interne de ces éléments. Dès lors le spectre d’une épidémie planétaire à l’image de la grippe espagnole qui fit plus de 20 millions de morts au début du XXe siècle n’est plus à exclure.
Dans l’immédiat, l’Asie est en première ligne, ce qui fait dire à Robert Webster, expert américain présent à cette conférence, que l’Asie est confrontée à une prochaine pandémie c’est-à-dire la diffusion de l’épidémie à de nombreux cas sur une grande étendue géographique. « La pandémie est inévitable, a-t-il déclaré. La question est de savoir si nous allons utiliser le temps que nous avons devant nous pour nous y préparer ».
Surveillance accrue des porcsCes craintes ne semblent pas sans fondement car si le virus H5N1 a été décelé en première mondiale chez le porc, la transmission indirecte du virus aviaire après mutation avec des virus humains chez cet animal a déjà été démontrée en1994 avec l’infection de deux enfants aux Pays-Bas. Cela n’avait cependant à l’époque pas provoqué d’épidémie au-delà de ces cas isolés.
Cette découverte scientifique peu encourageante intervient dans un climat particulièrement propice aux mauvaises nouvelles en Asie. Après l’épidémie de grippe aviaire, fin 2003 début 2004, qui avait touché une dizaine de pays asiatiques, le gouvernement vietnamien à de nouveau sonné le glas en annonçant, le 12 août, trois cas humains mortels de grippe aviaire alors que l’épidémie avait été déclarée éteinte en mars dernier. Depuis le début de l’année 27 personnes sont décédées, 19 au Vietnam et 8 en Thaïlande.
Depuis juillet la grippe aviaire a refait son apparition dans les élevages de poulets au Vietnam, en Thaïlande, en Indonésie, en Chine et depuis quelques jours en Malaisie. Au total, 15 épidémies de grippe aviaire ont été recensées depuis 1950, dont 5 de grande ampleur.
Par précaution, l’OMS a immédiatement demandé le lancement d’une enquête à grande échelle pour détecter d’éventuels symptômes de la grippe aviaire chez les porcs.
par Francine Quentin
Article publié le 20/08/2004 Dernière mise à jour le 20/08/2004 à 13:26 TU