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Grippe aviaire

Premiers décès en Indonésie

Malgré les efforts pour lutter contre l’expansion de l’épidémie, il n’a toujours pas été possible de stopper la diffusion du virus animal dans la région.(Photo: AFP)
Malgré les efforts pour lutter contre l’expansion de l’épidémie, il n’a toujours pas été possible de stopper la diffusion du virus animal dans la région.
(Photo: AFP)
Les autorités indonésiennes ont annoncé le décès de trois personnes des suites de la grippe aviaire. Il s’agit des premières victimes humaines dans ce pays depuis le début de l’épidémie en Asie en 2003. Mais en tout, ce sont déjà 58 personnes qui sont mortes dans la région après avoir été contaminées par le virus à la suite d’un contact avec des volatiles malades. Même si pour le moment il n’y a pas eu de cas de transmission entre humains, la persistance du virus dans des populations animales fait toujours craindre une mutation qui le rendrait finalement très dangereux pour l’homme.

C’est bien le virus H5N1 qui a provoqué la mort d’un père de famille et de deux de ses filles en Indonésie. La ministre de la Santé, Siti Fadillah Supari, a confirmé que les résultats des analyses réalisées à Hong Kong ont mis en évidence la présence de cette souche mortelle du virus de la grippe aviaire dans le sang des victimes. Cela confirme donc les soupçons sur la cause des décès de ces personnes originaires de la province de Tangerang au sud-ouest de la capitale Djakarta, intervenus à quelques jours d’intervalle dans la première quinzaine du mois de juillet. Il s’agit des premiers humains morts après une contamination par le virus de la grippe aviaire recensés en Indonésie.

Les autorités nationales ne disposent pas, pour le moment, d’informations précises sur le mode de contamination des trois victimes. Par mesure de précaution, les autres membres de la famille, ainsi que trois cents personnes de leur entourage, ont été placés sous surveillance médicale. Pour le moment, aucun d’entre eux ne semble souffrir des symptômes d’une pneumonie aiguë comme celle que provoque le virus de la grippe aviaire. Des mesures ont, d’autre part, été prises pour procéder à l’abattage des volailles et des porcs dans un rayon de quinze kilomètres autour du foyer présumé de contamination, ce qui représente le plus sûr moyen de limiter les risques de propagation du virus. La ministre indonésienne de la Santé a d’ailleurs reconnu que ces animaux auraient déjà dû être abattus car le virus avait atteint dès le mois dernier des porcs de la région. Les abattages avaient néanmoins été limités parce qu’un certain nombre d’animaux étaient vaccinés.

C’est, en effet, le contact avec les excréments d’un animal infecté qui est en général responsable de la transmission de la maladie aux humains. La grippe aviaire se répand en priorité dans les élevages de poulets mais peut aussi atteindre les porcs, une espèce qui a pour caractéristique de pouvoir accueillir à la fois pour les virus animaux et humains. Ce qui en fait un intermédiaire idéal pour permettre une mutation du virus vers une forme transmissible à l’homme.

Eviter une mutation du virus

Et c’est bien ce cas de figure qui est redouté par les responsables sanitaires internationaux. Depuis le début de l’épidémie de grippe aviaire à la fin de l’année 2003, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) met en garde contre une propagation de grande ampleur du virus. A l’heure actuelle, seuls certains pays d’Asie ont été touchés. Mais malgré les efforts pour lutter contre l’expansion de l’épidémie, il n’a toujours pas été possible de stopper la diffusion du virus animal dans la région. Des victimes humaines ont été enregistrées officiellement dans quatre pays : Vietnam (39),  Thaïlande (12), Cambodge (4), et maintenant Indonésie (3). La situation en Chine, d’où semble être partie l’épidémie, n’est pas claire. Les autorités ne pratiquant pas forcément une politique de transparence totale.

C’est en raison de la persistance de cette situation à risque qu’une conférence internationale a été organisée, début juillet à Kuala Lumpur en Malaisie, afin de discuter des mesures à prendre pour éviter que l’épidémie animale de grippe aviaire ne devienne au bout du compte une épidémie de grippe humaine à dimension mondiale, à l’image de la grippe espagnole de 1918 qui a fait 40 millions de morts. L’organisation mondiale de la santé a préparé en collaboration avec l’Office international des épizooties (OIE) et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) un plan d’action. Ces organisations estiment nécessaire de débloquer environ 100 millions de dollars dans les trois prochaines années pour lutter contre la propagation du virus, aujourd’hui endémique en Asie, mais préviennent que, dans tous les cas, il faudra environ dix ans pour s’en débarrasser.

La lutte contre la grippe aviaire passe à la fois par des efforts en matière de recherche sur le H5N1 mais aussi, et avant tout, par une meilleure surveillance des animaux qui en sont les vecteurs. De ce point de vue, les spécialistes sont particulièrement préoccupés par l’identification chez les oiseaux migrateurs qui séjournent tous les ans dans une réserve naturelle de la province du Qinghai, au nord-ouest de la Chine, d’une nouvelle souche du virus H5N1 beaucoup plus virulente que les précédentes. Celle-ci a provoqué la mort de 6 000 volatiles depuis le mois de mai. Cette situation est d’autant plus inquiétante que ces oiseaux sont censés se déplacer entre les mois de juillet et août vers des pays comme la Thaïlande, l’Inde ou la Pakistan, où ils pourraient amener le nouveau virus avec tous les risques que cela comporte.


par Valérie  Gas

Article publié le 21/07/2005 Dernière mise à jour le 21/07/2005 à 18:07 TU