Grippe aviaire

Les oiseaux migrateurs menacent l’Europe

Propagation du virus de la grippe aviaire. Cliquez pour agrandir
(Carte: RFI)

Des foyers de grippe aviaire viennent d’être identifiés dans des élevages de volailles de la partie occidentale de la Russie. Le virus H5N1, transporté par des oiseaux migrateurs en provenance d’Asie, a donc franchi la barrière naturelle constituée par la chaîne montagneuse de l’Oural et s’est rapproché de l’Europe de l’Ouest. Dans cette région, la vigilance s’est immédiatement accrue et des mesures ont été adoptées pour éviter que la grippe aviaire n’atteigne les élevages de volailles et ne contamine des humains.

Mieux vaut prévenir que guérir. C’est pour cette raison que les Pays-Bas ont décidé sans attendre de confiner dans des enclos fermés l’ensemble des volailles élevées en plein air dans le pays. A partir du 22 août, plus aucun poulet, canard, dinde… ne devra plus gambader dans les basses-cours du pays. Cette mesure est destinée à éviter que le virus de la grippe aviaire ne contamine les élevages néerlandais au moment de la migration des oiseaux qui se trouvent actuellement en Russie et en Asie. D’ici décembre, ces derniers vont en effet entamer un grand périple qui va les conduire vers l’Ouest et il existe un véritable risque qu’ils emmènent avec eux le virus H5N1. Dans ce cas, plus les contacts avec les volailles locales seront limités, mieux cela vaudra pour éviter une propagation de l’épizootie.

Les Pays-Bas ont été les premiers à prendre une telle mesure au sein de l’Union européenne. Mais la Commission de Bruxelles a recommandé, dès le 8 août, d’ajouter la Russie et le Kazakhstan à la liste des pays à partir desquels les importations d’oiseaux vivants et de plumes étaient dorénavant interdits. Le Cambodge, la Chine, l’Indonésie, le Laos, la Malaisie, la Corée du Nord, le Pakistan, la Thaïlande et le Vietnam étaient, quant à eux, déjà inscrits sur cette liste. Des experts vétérinaires européens doivent, d’autre part, se réunir le 25 août pour évaluer plus précisément les risques liés à l’arrivée, pour la première fois, du virus de la grippe aviaire dans la partie occidentale de la Russie et discuter des mesures à prendre dans les mois qui viennent.

Le virus a passé l’Oural

Les autorités sanitaires russes ont, en effet, annoncé que le virus avait été décelé chez des oiseaux en Kalmoukie, une région située à l’Ouest des montagnes de l’Oural près de la mer Caspienne, soit à plus de 2 000 kilomètres de la zone où les premiers volatiles contaminés ont été détectés dans le pays. En quelques semaines, le virus a donc progressé de manière significative vers l’Ouest. Et cette avancée pourrait continuer dans les mois à venir avec les migrations annuelles des oiseaux qui ont lieu au début de l’hiver et les mènent en Europe occidentale mais aussi au Proche-Orient et en Afrique.

Depuis 2003, année durant laquelle une très importante flambée de grippe aviaire a été enregistrée en Asie, l’évolution de cette maladie qui décime les populations de volatiles fait l’objet d’une surveillance étroite pour éviter une propagation continentale et même mondiale du virus H5N1. Ce contrôle est nécessaire pour éviter un nouvel abattage de millions de volailles, très préjudiciable pour les économies des pays concernés. Mais il est surtout indispensable pour limiter les risques de contamination humaine. Car le virus H5N1 qui se répand actuellement en Asie et en Russie est transmissible à l’homme. Il a d’ailleurs provoqué la mort de 61 personnes depuis 2003. 

 
Constituer des stocks de médicaments

Si pour le moment, aucune transmission entre humains n’a été identifiée –tous les malades ont été contaminés par des animaux-, les scientifiques redoutent que les contacts de plus en plus nombreux entre les volatiles infectés et les hommes ne provoquent une mutation du virus vers une forme humanisée. Dans un tel cas, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que l’on pourrait se trouver très rapidement face à une épidémie mondiale particulièrement meurtrière, comparable à la celle de la grippe espagnole qui avait fait environ vingt millions de morts en 1918/1919.

C’est pour se prémunir contre ce danger que l’OMS désire constituer un stock de médicaments antiviraux. L’Organisation voudrait disposer d’au moins un million de doses et négocie actuellement avec le laboratoire Roche, qui fabrique le médicament antigrippal Tamiflu, pour obtenir cette réserve d’urgence. Mais les spécialistes estiment que ce sont trois millions de doses qu’il faudrait pouvoir mobiliser très rapidement pour éviter une pandémie en les distribuant massivement aux personnes menacées par le virus dans les zones à risques.

Dans le même temps, les recherches pour mettre au point un vaccin contre le H5N1 se poursuivent. Des essais très encourageants ont été réalisés par une équipe américaine avec un vaccin fabriqué par Sanofi Pasteur. D’autres tests sont encore nécessaires pour trouver le dosage optimal avant de passer au stade de la fabrication. Restera ensuite à savoir si l’industrie pharmaceutique aura la capacité de produire suffisamment de vaccins pour répondre aux besoins, notamment dans les pays le plus pauvres.

par Valérie  Gas

Article publié le 22/08/2005 Dernière mise à jour le 25/08/2005 à 18:11 TU