Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Institut Pasteur de Shanghai

Lutter contre les maladies «émergentes»

Dirigé par le Français Vincent Deubel, l'Institut de Shanghai intégrera le réseau international des Instituts Pasteur qui regroupe 25 établissements.  

		(Photo: Institut Pasteur)
Dirigé par le Français Vincent Deubel, l'Institut de Shanghai intégrera le réseau international des Instituts Pasteur qui regroupe 25 établissements.
(Photo: Institut Pasteur)
Les années croisées France-Chine ont donné lieu à de nombreux partenariats et collaborations entre les deux pays. L’ouverture d’un Institut Pasteur à Shanghai restera certainement dans ce domaine l’une des initiatives les plus marquantes. Car son inauguration le 11 octobre par le président français Jacques Chirac, en visite officielle en Chine, ouvre une ère de coopération scientifique de haut niveau entre l’Institut Pasteur de Paris et l’Académie des Sciences de Chine. Avec notamment un objectif ambitieux et fondamental : engager des travaux sur les maladies «émergentes», comme le SRAS ou la grippe aviaire, qui menacent potentiellement la planète entière.

Jamais un accord de coopération n’aura été signé et mis en œuvre aussi rapidement. En moins de six mois, on est passé des intentions aux actes et le nouvel Institut Pasteur de Shanghai est aujourd’hui un projet «fonctionnel» : un bâtiment a été mis à sa disposition, deux directeurs ont été nommés, et un appel d’offres international a été lancé dès juin 2004 pour sélectionner l’équipe de chercheurs qui vont rejoindre l’Institut. D’ici quelques mois, tout sera prêt pour commencer à travailler. 

Cette collaboration engagée entre l’Institut Pasteur de Paris et l’Académie des Sciences de Chine représente l’aboutissement d’un processus de coopération initié au moment de l’épidémie de SRAS qui a durement frappé la Chine en 2003. Les liens entre Paris et Pékin ont été renforcés par le maintien de la visite en Chine du Premier ministre français, Jean-Pierre Raffarin, au moment où le virus de la pneumonie atypique faisait des ravages dans le pays et où un cordon sanitaire s’organisait autour des zones touchées. L’engagement très rapide des chercheurs de l’Institut Pasteur pour répondre à l’appel des autorités de Pékin et venir en aide à leurs collègues chinois afin de tenter d’identifier le virus et d’endiguer sa propagation a aussi joué un rôle important.

Wang Shaoqi, ministre Conseiller scientifique et technique de l’ambassade de Chine en France, explique ainsi que l’épidémie de SRAS a donné l’occasion à l’Institut Pasteur et à la Chine de «beaucoup travailler ensemble» et de commencer «à réfléchir sur la lutte contre les maladies émergentes». Pour Philippe Kourilsky, le directeur général de l’Institut Pasteur, «un tissu de confiance s’est tissé» et a permis d’arriver à «un événement quasi-historique», puisque 54 ans après la fermeture du premier Institut Pasteur de Shanghai, un nouvel établissement voit le jour dans cette ville de Chine.

Priorité au SRAS et à la grippe aviaire

C’est à un Français, le professeur Vincent Deubel, que la direction de l’Institut a été confiée. Il s’agit d’une première en Chine car jusqu’ici aucun établissement scientifique n’avait été dirigé par un étranger. Cet éminent spécialiste des virus est néanmoins assisté d’un co-directeur chinois, le professeur Zang Jingwu, immunologiste et spécialiste de la sclérose en plaque. Les deux hommes auront la tâche de diriger les travaux d’une équipe dont l’effectif global devrait atteindre 160 personnes. La politique scientifique de cet institut national chinois sera décidée conjointement par l’Institut Pasteur et par l’Académie des Sciences de Chine. Elle devra répondre aux trois missions traditionnelles des Instituts Pasteur : recherche, santé publique, enseignement. Mais aussi et surtout remplir une «vocation d’utilité».

Philippe Kourilsky insiste sur ce point pour expliquer les fondements de l’accord passé en vue de la création de l’Institut Pasteur de Shanghai et les motivations de l’organisme scientifique français pour s’engager dans ce projet. Depuis sa création, l’Institut Pasteur a, en effet, mené une action internationale pour aider les pays dans lesquels des Instituts ont été ouverts à lutter contre les maladies qui les frappent. Dans le cas de la Chine, la priorité sera donc donnée aux recherches sur le SRAS et la grippe aviaire, ces maladies virales émergentes dont la propagation représente une menace pour toute la planète. Le VIH et les hépatites, qui représentent aussi de véritables dangers en matière de santé publique, feront de la même manière l’objet de travaux menés avec une approche multidisciplinaire qui prendra en compte la virologie, l’épidémiologie, l’immunologie, la vaccinologie... Autant de domaines dans lesquels l’Institut Pasteur possède une expérience reconnue. Wang Shaoqi a d’ailleurs déclaré à ce propos : «La Chine connaît la valeur et la compétence de l’Institut Pasteur».

L’Institut de Shanghai a d’autre part vocation à intégrer le réseau international des Instituts Pasteur (RIIP) qui regroupe déjà 25 établissements répartis sur les cinq continents et celui de l’Académie des Sciences de Chine. De l’avis des Français et des Chinois, il est appelé à développer des partenariats et des échanges scientifiques avec des établissements chinois, français et européens. Son financement est assuré par les autorités chinoises, la municipalité de Shanghai, mais aussi grâce à une aide fournie par des mécènes privés français (LVMH, Areva). Philippe Kourilsky a d’ailleurs expliqué que l’objectif était que l’Institut Pasteur de Shanghai finance, à terme, une partie de ses activités en dégageant des revenus grâce à ses recherches. Par exemple, en passant directement des contrats avec des partenaires industriels.

par Valérie  Gas

Article publié le 10/10/2004 Dernière mise à jour le 30/08/2005 à 12:32 TU