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Allemagne

Confusion électorale

Après le vote du 18 septembre, les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates sont au coude à coude.  (Photo: AFP)
Après le vote du 18 septembre, les chrétiens-démocrates et les sociaux-démocrates sont au coude à coude.
(Photo: AFP)

Situation confuse en Allemagne, la chrétienne-démocrate Angela Merkel, de peu en tête, et le chancelier social-démocrate sortant Gerhard Schröder, ont revendiqué tous deux la direction du gouvernement à l'issue, dimanche 18 septembre, des élections législatives anticipées en Allemagne. Aucun des camps en présence  ne dispose effet d'une majorité absolue des sièges au Bundestag.
Selon les résultats officiels provisoires publiés dimanche soir par la Commission électorale, l'Union chrétienne-démocrate (CDU) obtient 35,2% des voix, le Parti social-démocrate (SPD): 34,3%, le Parti libéral (FDP): 9,8%, le Parti de gauche: 8,7%, les Verts: 8,1% et le NPD-Républicains (extrême-droite): 2,2%. 

Elections législatives allemandes: édition spéciale
présentation: Valérie Lainé et Mathieu Vendrely  [19/09/2005] 19 min 56 sec
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De notre correspondant à Berlin

L’Allemagne a démenti dimanche son image de pays ennuyeux. Jamais une élection générale n’a été marquée par un tel suspense, avant comme après le scrutin. Impossible de dire lundi matin si Gerhard Schröder restera chancelier ou si la candidate chrétienne-démocrate Angela Merkel va lui succéder.

L’élection de dimanche a été marquée par un coup de théâtre. Angela Merkel obtient un score sensiblement inférieur à celui pronostiqué par les sondages qui plaçaient son parti la semaine dernière à plus de 40%. La CDU-CSU n’obtient finalement que 35.2%, un des trois plus mauvais résultats de son histoire. L’échec est cinglant pour Angela Merkel visiblement défaite hier soir. Il y a trois ans, le candidat de son parti avait obtenu 38.5%. Trois raisons principales expliquent ce médiocre résultat : le manque d’adhésion des électeurs à la personnalité de la candidate moins populaire que le tenant du titre ; le manque de clarté du programme économique et fiscal de la CDU et la décision d’électeurs chrétiens-démocrates de reporter leurs voix sur le parti libéral.

La CDU ne devance que d’une courte tête le SPD de Gerhard Schröder (34,3%). Le chancelier perd plus de quatre points par rapport aux dernières élections générales d’il y a trois ans. Mais il partait de loin. Lorsqu’il décide en mai de dissoudre le parlement, Schröder est crédité dans les sondages de 25% des voix. Le SPD emmené par un chancelier combatif a réussi une remontée impressionnante. Schröder dont la coalition rouge-verte a perdu triomphait hier soir ; Angela Merkel accusait le coup.

Les élections confirment le déclin des grands partis alors que les petits mouvements sont les gagnants du scrutin. Les libéraux du FDP obtiennent un score historique de 9,8%. Le parti de la gauche protestataire « Linkspartei » alliant les néo-communistes est-allemands et les déçus des réformes de Schröder à l’Ouest réalise un bon score avec 8,7% et fait son entrée au parlement. Les Verts alliés depuis sept ans aux sociaux-démocrates reculent un peu mais s’en tirent dignement avec 8,1% des voix.

Alors qu’un coude à coude entre droite et gauche s’annonçait avant les élections, une majorité rassemblant les chrétiens-démocrates et les libéraux est exclue car trop faible. La grande coalition alliant les deux grands partis est plus que jamais possible. Sous la houlette d’Angela Merkel, voire d’un autre leader chrétien-démocrate, la présidente de la CDU tirant son chapeau après son échec.

De nouvelles élections générales ?

Mais les choses se compliquent après un coup de théâtre de Gerhard Schröder dont le chancelier a le secret. Après avoir déclaré dans un premier temps qu’il était le seul à même de former un gouvernement stable, le social-démocrate a enfoncé le clou lors d’un débat télévisé avec les autres leaders politiques en refusant de discuter avec Angela Merkel. Une première dans l’histoire parlementaire allemande qui veut que le parti le plus important mène les négociations en vue de former un gouvernement. L’écart en voix et en sièges (225 contre 222) est certes étroit mais les chrétiens-démocrates sont cependant arrivés en tête.

«Les Allemands détestent l'instabilité politique.»
Bernard Brigouleix
Directeur de l'information de RFI, spécialiste de l'Allemagne  [19/09/2005] 07 min 41 sec
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Le Landernau politique allemand est en pleine ébullition et les conjectures vont bon train. Les hypothèses les plus originales sont évoquées. Certains chrétiens-démocrates font du pied aux Verts afin que les écologistes s’associent à un gouvernement avec la CDU et les libéraux. Au SPD, on spécule toujours sur un possible revirement du FDP. Son président Guido Westerwelle a réitéré hier soir son refus d’une coalition avec les sociaux-démocrates et les Verts. La direction du parti libéral a entériné cette position lundi matin.

Les directions des différents partis se réunissaient ce matin pour analyser les résultats de cette élection hors du commun. Les conférences de presse qui suivront permettront peut-être d’y voir un peu plus clair, même si des doutes sont permis. L’heure est aux stratèges, aux appels du pied, aux négociations plus ou moins transparentes et l’Allemagne pourrait devoir attendre quelque temps avant d’être fixée sur son nouveau gouvernement. Angela Merkel et Gerhard Schröder ayant tous les deux réclamé pour leur parti la conduite des affaires, il n’est pas exclu, si les coalitions diverses et variées qui sont évoquées ne se réalisent pas, que de nouvelles élections générales permettent aux Allemands de trancher une nouvelle fois.



par Pascal Thibaut

Article publié le 19/09/2005 Dernière mise à jour le 19/09/2005 à 13:42 TU

Audio

Thierry Parisot

Envoyé spécial de RFI en Allemagne

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