Cachemire
Les sinistrés attendent les secours
(Photo : AFP)
Des centaines de milliers de sinistrés attendent l’arrivée des secours dans les montagnes isolées du nord-est du Pakistan. Deux jours après le tremblement de terre, la situation devrait commencer à s’améliorer car les autorités ont annoncé la réouverture des deux principales routes qui mènent au Cachemire pakistanais. Les éboulements ont été dégagés. «Cela devrait considérablement améliorer l’acheminement des secours», a déclaré le porte-parole des forces armées pakistanaises, le général Shaukat Sultan. Il a précisé que des camions de l’armée, transportant des denrées de première nécessité, sont partis pour Muzaffarabad et Balakot, deux des villes détruites par le séisme de samedi. Muzaffarabad, situé 120 kilomètres au nord-est d’Islamabad, est détruit à 70%, a indiqué un responsable militaire.
Des hélicoptères pour aller en montagne
Tous les hélicoptères disponibles sont mobilisés pour ravitailler les régions très montagneuses qui ont subi les effets du tremblement de terre. «Nous disposons de 40 hélicoptères et d’un avion équipée pour le vol de nuit, qui font des rotations permanentes», a expliqué le général Haider Khan, responsable des opérations à l’aéroport d’Islamabad. « Nous avons des besoins très importants en médicaments, tentes, et hélicoptères, pour atteindre les gens dans les régions éloignées et coupées du monde », avait lancé, dimanche, le président pakistanais Pervvez Musharraf. Les Etats-Unis ont envoyé huit hélicoptères au Pakistan, et l’Afghanistan voisin, quatre. Sur l’aéroport militaire de Chaklala-Islamabad, des équipes de secours britanniques, japonaises, turques, russes, françaises, allemandes, et d’autres pays encore, se préparent à gagner les zones les plus dévastées du Cachemire.
«Environ 5 millions de personnes vivent dans les zones les plus touchées», a indiqué Julia Spry-Leverton, porte-parole de l’Unicef à Islamabad. «C’est toute une génération d’écoliers qui a été perdue dans les zones les plus affectées. La majorité des victimes sont des écoliers», a précisé de son côté le porte-parole des forces armées pakistanaises. «Les sauveteurs sortent des cadavres d’enfants des décombres, mais il n’y a personne pour réclamer les corps, leurs parents sont morts aussi», a encore expliqué le représentant de l’armée.
L’aide commence à arriver
Témoignage d’un habitant de Bakalot : «Nous avons survécu au tremblement de terre mais nous réalisons maintenant que nous allons mourir de faim et de froid». Sur ces contreforts himalayens du Pakistan, l’automne est déjà bien là et les températures nocturnes peuvent baisser à zéro degré. Un millier d’enfants qui se trouvaient dans deux écoles et une madrassa de la ville ont été ensevelis sous les décombres des bâtiments. A Muzaffarabad, capitale du Cachemire pakistanais, la plus proche de l’épicentre du séisme, des cadavres jonchent encore les rues. Lundi, des camions sont parvenus à ravitailler cette ville de 125 000 habitants. Les survivants se sont aussitôt jetés sur ces provisions de nourriture, de médicaments, sur les tentes, les couvertures, sous le regard impuissant des soldats.
Le bilan est beaucoup moins lourd au Cachemire indien, où les autorités donnent le chiffre de 750 morts. Certains habitants ont réussi à fuir leurs maisons à temps et dorment désormais dehors malgré des conditions climatiques automnales. La majorité des victimes ont trouvé la mort dans la vallée du Cachemire.
Les Etats-Unis, l’Australie, l’Union européenne ont débloqué des fonds pour aider les sinistrés. Plusieurs banques internationales ainsi que les Nations unies ont fait de même. Des spécialistes des situations d’urgence sont arrivés sur place. Ils ont peu d’espoir, 48 heures après le séisme, de retrouver des personnes vivantes sous les décombres. Des personnes peuvent cependant survivre pendant quelques jours s’ils habitaient dans des immeubles faits de béton et d’acier, dans des grandes villes, et à condition d’avoir la chance de se trouver dans une poche d’air.
Les sauveteurs connaissent bien les besoins
La Croix-Rouge et le Croissant Rouge ont également envoyé sur place du personnel spécialisé dans la gestion des catastrophes. «Nous faisons face à une souffrance immense et à des défis gigantesques», a indiqué Jan Egeland, le coordinateur de l’aide d’urgence des Nations unies. Cette organisation a déjà transporté dans les zones sinistrées tout ce qu’elle avait en stock au Pakistan : couvertures, tentes, kits médicaux, nourriture, pilules de purification d’eau.
L’Etat indien du Gujarat a proposé son aide au Cachemire et au Pakistan. Ayant tiré les leçons du séisme de 2001, qui avait fait un million de sans-abri, cet Etat a créé des unités d’intervention. Des pompiers ont été formés à l’étranger. Ils viennent de rentrer des Pays-Bas. Des équipements sophistiqués ont été achetés par les autorités, comme des scies hydrauliques pour trancher des blocs de béton, ou du matériel pour dégager des débris lourds et permettre aux sauveteurs de pénétrer dans des bâtiments écroulés. Les sauveteurs ont également à disposition des caméras de recherche, des appareils d’écoute, des véhicules tout terrain et des ambulances, ainsi qu’une équipe médicale prête à intervenir en cas d’urgence.
Les séparatistes du Cachemire indien, qui luttent pour le rattachement au Cachemire pakistanais, ont annoncé lundi la suspension de leurs opérations. Dans leur communiqué, les rebelles du Conseil uni du Jihad (UJC) demandent à leurs militants de venir en aide aux sinistrés. L’armée indienne n’a pas officiellement réagi à l’annonce de cette trêve mais un officier a déclaré «ne pas y croire».
La cause de ce nouveau tremblement de terre est la remontée vers le nord de la plaque indienne. Elle avance d’un ou deux centimètres par an. Après s’être enfoncée sous l’Asie pendant des millions d’année, cette plaque a donné naissance à l’Himalaya. Sous une pression constante, ces montagnes continuent d’ailleurs à prendre de l’altitude. Dans ce processus qui dure depuis 80 millions d’années, l’intensité sismique est permanente et provoque de temps en temps un tremblement de terre de grande ampleur. Tout dépend de la profondeur à laquelle se produit la décompression, comment elle parvient à la surface, et si la puissance déployée arrive dans une région du globe très peuplée.
par Colette Thomas
Article publié le 10/10/2005 Dernière mise à jour le 11/10/2005 à 10:29 TU