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Cachemire

Chaos pour les survivants

Carte du Cachemire(Carte : DK/RFI)
Carte du Cachemire
(Carte : DK/RFI)
Le bilan officiel du séisme de samedi est désormais de 25 000 morts et plus de 63 000 blessés au Pakistan. Même si le tremblement de terre a fait beaucoup moins de victimes au Cachemire indien, le bilan est également en hausse, 1 329 morts. Dans cette zone de montagne, les sans-abri redoutent l’arrivée de l’hiver.

Des dizaines de milliers de rescapés vivant dans des villages dévastés du Cachemire indien redoutent l’arrivée de l’hiver. Cinq jours après le séisme, 150 000 personnes au moins se retrouvent sans toit pour se protéger des intempéries. Leurs villages, installés sur les contreforts de l’Himalaya, se trouvent à 3 000 mètres d’altitude ou plus haut encore. Beaucoup de ces hameaux de montagne n’ont pas encore reçu d’aide car les routes sont coupées et les intempéries ont jusqu’à présent interdit les largages de nourriture. De toute façon, «on ne peut pas laisser les gens dans des tentes pour l’hiver. Il faudra établir des camps en dur», a déclaré un représentant de la Croix-rouge indienne qui a travaillé au Cachemire indien pendant cinq ans. Qazi Mohammed Amin a demandé la construction immédiate de dortoirs dans des matériaux protégeant de l’humidité et du froid. Les médecins ont également averti du risque d’hypothermie. Conjuguée à la malnutrition, très fréquente dans cette région du monde, une trop forte baisse de la température du corps pourrait entraîner un grand nombre de décès notamment chez les enfants. «Le plus grand défi pour le gouvernement est de savoir où abriter les dizaines de milliers de sans-abri alors que l’hiver approche», a déclaré le numéro un du Cachemire indien Mufti Mohammed Sayeed.   

Afflux de déplacés dans une zone sinistrée

Même si plus de 40 000 maisons ont été totalement détruites par le tremblement de terre au Cachemire indien et si quasiment le double a été endommagé, la situation dans cette zone n’est pas comparable avec celle du Cachemire pakistanais. Là aussi, les sinistrés réclament des tentes pour se mettre à l’abri la nuit. Mais ils sont bien plus nombreux à subir les conséquences du tremblement de terre. En plus, des villageois sont descendus de la montagne pour se rendre à Balakot, ville de 40 000 habitants. On leur a donné un peu de nourriture mais Balakot, elle aussi, est détruite. Transformée en campement, la ville a du mal à assister ses habitants et les milliers de nouveaux venus, à la recherche de médicaments, de nourriture, pour eux, ou pour ceux qui sont restés en montagne.

C’est depuis Bakalot que partent les hélicoptères pakistanais et américains qui cherchent à ravitailler les hauteurs dévastées. Les militaires apportent les produits de première nécessité et reviennent avec les blessés. Avant le tremblement de terre, une heure de voiture était suffisante pour parcourir la distance entre Balakot et Muzaffarabad, l’autre ville dévastée au pied des montagnes du Cachemire. Maintenant, les déplacements sont très difficiles puisque six heures sont nécessaires pour parcourir la distance, Muzaffarabad étant l’autre pôle pakistanais de secours. Dans cette zone, les militaires ont utilisé des explosifs pour ouvrir une voie d’accès entre la ville et des villages reculés de la vallée de Neelum. Des milliers de personnes se sont alors engouffrées dans la brèche pour tenter de rejoindre ces villages et leurs proches. Cinq jours après le tremblement de terre, personne n’avait pu se rendre dans cette zone de montagne. Les autorités redoutent donc de découvrir encore des morts.

Bientôt les bulldozers

A Muzaffarabad, les espoirs de retrouver des survivants sont maintenant presque nuls et, dans certains quartiers, les bulldozers ont commencé à dégager les décombres. Un responsable des Nations unies a déclaré : «Il appartient aux autorités pakistanaises de prendre la décision sur le moment où la recherche d’éventuels survivants devait s’arrêter. Cela interviendra probablement cette nuit» (de jeudi à vendredi).

Jan Egeland, coordinateur de l’aide humanitaire d’urgence des Nations unis, qualifie la situation dans le nord du Pakistan de «désespérée. La dévastation est incroyable», a déclaré le responsable onusien qui a survolé en hélicoptère plusieurs zones sinistrées. «Nous sommes toujours dans une course contre la montre et nous avons besoin de plus d’hélicoptères, de plus d’eau, de plus de tentes, et de plus d’argent», a lancé Jan Egeland depuis Muzaffarad, capitale du Cachemire pakistanais, et ville la plus proche de l’épicentre du séisme. Il a également annoncé que les crédits de certaines agences des Nations unies pourraient changer d’affectation pour venir en aide aux victimes du tremblement de terre au Pakistan.

Une aide d’abord logistique

L’aide humanitaire continue d’arriver au Pakistan. Jeudi, deux avions-cargos ont quitté le Japon pour le Pakistan. Deux autres suivront vendredi avec des hélicoptères en pièces détachées et des renforts de soldats. De nombreux pays et des organisations internationales comme la Banque mondiale ont renforcé leur aide. Elle atteint 350 millions de dollars. L’Otan va participer aux opérations avec un Boeing 707. Les Occidentaux présents en Afghanistan ont envoyé des hommes et du matériel. Par ailleurs les premiers camions du Programme alimentaire mondial (PAM) ont atteint la ville d’Abbottabad. Ces convois apportent des ratios énergétiques capables de nourrir 400 000 personnes pendant deux jours.

Les organisations internationales estiment, étant donné l’ampleur des dégâts, que la mise en œuvre de la logistique rencontre les problèmes habituels dans ce genre de catastrophe. «Compte tenu de la taille et de la magnitude du séisme, et de la nature des régions touchées, les choses se passent raisonnablement bien», a déclaré le secrétaire général des Nations unies Kofi Annan.            


par Colette  Thomas

Article publié le 13/10/2005 Dernière mise à jour le 13/10/2005 à 16:26 TU