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Caucase

Les soldats russes reprennent le contrôle de Naltchik

Carcasses de véhicules brulés devant le commissariat de Naltchik.(Photo: AFP)
Carcasses de véhicules brulés devant le commissariat de Naltchik.
(Photo: AFP)
Les forces russes annoncent avoir mis en fuite la plupart des membres du commando de rebelles caucasiens qui s’étaient emparés jeudi de plusieurs bâtiments de Naltchik, la capitale de la république de Kabardino-Balkarie. Les forces spéciales sont passées à l’offensive aux premières heures de l’aube. Elles ont lancé un assaut contre les deux bâtiments où s’étaient retranchés les combattants rebelles et ont délivré au moins 5 otages, ont déclaré les responsables sur place. Selon les sources, on indique que huit à dix combattants retranchés ont été tués lors de la reprise d’un commissariat, et la libération des 5 otages qui s’y trouvaient. Un magasin où s’était retranché un second groupe d’assaillants a été également pris d’assaut. La ville avait été, 24 heures plus tôt, la cible d’un commando composé de 150 combattants armés, présentés par les autorités comme des islamistes radicaux. Le bilan des victimes est encore incertain, mais l’attaque a fait au moins une centaine de morts. Selon un site Internet proche des indépendantistes tchétchènes, celle-ci a été menée au nom des séparatistes de la petite république caucasienne sécessionniste de Tchétchénie, où l’armée russe réprime depuis 1999 une guerre d’indépendance. Cette opération est le dernier épisode d’une longue série d’action visant à la déstabilisation de l’ensemble de la région.

De notre correspondant à Moscou

Dès hier à la mi-journée, les autorités fédérales et régionales ont tenté de rassurer l’opinion, affirmant contrôler la situation, évoquant même un retour à la normale. La réalité semble bien différente : le bilan qui n’est que provisoire fait état d’au moins une centaine de morts, essentiellement parmi les assaillants mais pas uniquement ce qui laisse deviner la violence des combats.

Le Premier ministre de Kabardino-Balkarie affirme que toute résistance des combattants a cessé mais cela mérite confirmation. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas parler de normalisation car la plupart de ces combattants, présentés comme des extrémistes islamistes, sont des locaux, Kabardes ou Balkars. Et ils ont très bien pu abandonner ou cacher leurs armes pour se fondre à nouveau dans la population civile.

Cet assaut suscite en tout cas une vive agitation politique avec des questions à la Douma qui montrent les doutes grandissants sur l’efficacité de la politique du Kremlin dans le Caucase du Nord : le leader communiste Guennadi Ziouganov estime que toute cette région pourrait faire sécession. Quant à la presse, elle questionnait ce matin les compétences des forces de sécurité et des services spéciaux alors qu’une fois de plus, plusieurs centaines de combattants fortement armés ont pu mener une opération d’une telle envergure.

Aucun signe de normalisation

Les oukases du président russe  ordonnant un blocus de la ville et l’élimination physique du commando cachent assez mal l’impuissance du pouvoir central dans cette région du Caucase du Nord : sur fond de guerre en Tchétchénie s’est développé un islamisme radical qui s’implante d’autant mieux que le niveau de vie est l’un des plus bas de Russie et le taux de chômage l’un des plus élevés.

Cette opération en Kabardino-Balkarie est la plus spectaculaire depuis la prise d’otages dans une école de Beslan, en Ossétie du Nord. Mais le débordement de la guerre de Tchétchénie hors de ses frontières n’est pas une nouveauté : l’Ingouchie et le Daguestan sont le théâtre d’attentats  presque quotidiennement. En juin 2004, un commando dirigé par le chef de guerre radical Chamil Bassaiev, ennemi public numéro 1, avait même défié Moscou en menant un raid à Nazran, la première ville d’Ingouchie.

La capitale daghestanaise, Makhatchkala a été surnommé «la ville des explosions» tant les attentats y sont fréquents. Et si la république de Kabardino-Balkarie, a été moins exposée, elle a déjà connu des combats lorsqu’en décembre dernier, des hommes armés ont attaqué l’agence anti-drogue locale pour s’emparer d’un important arsenal.

A six semaines d’élections législatives en Tchétchénie, il n’y a donc aucun signe de normalisation dans le Caucase russe.


par Jean-Frédéric  Saumont

Article publié le 14/10/2005 Dernière mise à jour le 14/10/2005 à 14:31 TU

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Jean-Frédéric Saumont

Envoyé spécial permanent de RFI à Moscou

«Les victimes civiles seraient nombreuses.»

Arnaud Dubiens

Spécialiste de la Russie à l'Iris

«Cet assaut rappelle une autre attaque, en juin 2004, en Ingouchie. C'est toute la région qui est déstabilisée.»

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