Caucase
Les soldats russes reprennent le contrôle de Naltchik
(Photo: AFP)
De notre correspondant à Moscou
Dès hier à la mi-journée, les autorités fédérales et régionales ont tenté de rassurer l’opinion, affirmant contrôler la situation, évoquant même un retour à la normale. La réalité semble bien différente : le bilan qui n’est que provisoire fait état d’au moins une centaine de morts, essentiellement parmi les assaillants mais pas uniquement ce qui laisse deviner la violence des combats.
Le Premier ministre de Kabardino-Balkarie affirme que toute résistance des combattants a cessé mais cela mérite confirmation. Quoi qu’il en soit, on ne peut pas parler de normalisation car la plupart de ces combattants, présentés comme des extrémistes islamistes, sont des locaux, Kabardes ou Balkars. Et ils ont très bien pu abandonner ou cacher leurs armes pour se fondre à nouveau dans la population civile.
Cet assaut suscite en tout cas une vive agitation politique avec des questions à la Douma qui montrent les doutes grandissants sur l’efficacité de la politique du Kremlin dans le Caucase du Nord : le leader communiste Guennadi Ziouganov estime que toute cette région pourrait faire sécession. Quant à la presse, elle questionnait ce matin les compétences des forces de sécurité et des services spéciaux alors qu’une fois de plus, plusieurs centaines de combattants fortement armés ont pu mener une opération d’une telle envergure.
Aucun signe de normalisation
Les oukases du président russe ordonnant un blocus de la ville et l’élimination physique du commando cachent assez mal l’impuissance du pouvoir central dans cette région du Caucase du Nord : sur fond de guerre en Tchétchénie s’est développé un islamisme radical qui s’implante d’autant mieux que le niveau de vie est l’un des plus bas de Russie et le taux de chômage l’un des plus élevés.
Cette opération en Kabardino-Balkarie est la plus spectaculaire depuis la prise d’otages dans une école de Beslan, en Ossétie du Nord. Mais le débordement de la guerre de Tchétchénie hors de ses frontières n’est pas une nouveauté : l’Ingouchie et le Daguestan sont le théâtre d’attentats presque quotidiennement. En juin 2004, un commando dirigé par le chef de guerre radical Chamil Bassaiev, ennemi public numéro 1, avait même défié Moscou en menant un raid à Nazran, la première ville d’Ingouchie.
La capitale daghestanaise, Makhatchkala a été surnommé «la ville des explosions» tant les attentats y sont fréquents. Et si la république de Kabardino-Balkarie, a été moins exposée, elle a déjà connu des combats lorsqu’en décembre dernier, des hommes armés ont attaqué l’agence anti-drogue locale pour s’emparer d’un important arsenal.
A six semaines d’élections législatives en Tchétchénie, il n’y a donc aucun signe de normalisation dans le Caucase russe.
par Jean-Frédéric Saumont
Article publié le 14/10/2005 Dernière mise à jour le 14/10/2005 à 14:31 TU