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Chine/Etats-Unis

Donald Rumsfeld à Pékin

Donald Rumsfeld, le secrétaire d'Etat américain à la Défense arrive à Pékin.(Photo: AFP)
Donald Rumsfeld, le secrétaire d'Etat américain à la Défense arrive à Pékin.
(Photo: AFP)
Pour la première fois depuis qu’il est à la tête du Pentagone, Donald Rumsfeld est en visite officielle en Chine. Si ce voyage doit préparer celui du président américain, en novembre, l’objectif est de commencer à discuter du secteur militaire chinois.

Donald Rumsfeld va rester trois jours en Chine. Mercredi, il aura un entretien avec son homologue, Cao Gangchuan, et avec le président Hu Jintao. Fait sans précédent, le secrétaire américain à la Défense visitera, au cours de son séjour, le quartier général des forces nucléaires stratégiques. Le même jour, le responsable américain prononcera un discours devant les élèves de l’école centrale du Parti. Le lendemain, Donald Rumsfeld interviendra dans un établissement militaire. La visite du quartier général opérationnel du ministère de la Défense a cependant été refusée au patron du Pentagone.

Les Américains veulent voir en quoi consiste la puissance militaire chinoise. Une coopération militaire entre les deux pays est au programme des discussions, a indiqué l’agence de presse Chine nouvelle. Le contenu de ces pourparlers ne sera pas divulgué, ont indiqué pour leur part de hauts responsables militaires américains.

La montée en puissance militaire de la Chine

Avant de venir à Pékin, Donald Rumsfeld avait fait comprendre que les Etats-Unis ont l’intention d’améliorer leurs relations avec la Chine dans le domaine militaire. «La question est de savoir si nous pouvons trouver des moyens de le faire qui soient satisfaisants pour les deux nations», avait indiqué le responsable de la stratégie militaire américaine.

En juin dernier, Donald Rumsfeld s’était exprimé sur la montée en puissance militaire de la Chine. Il avait regretté qu’elle dépense beaucoup plus pour sa défense qu’elle ne voulait bien le dire. Quelques semaines plus tard, un rapport du Pentagone étayait les propos de Donald Rumsfeld en donnant des chiffres sur la puissance militaire montante de la Chine: en 2005, ces dépenses atteindront plus de 90 milliards de dollars. Ce niveau de dépenses place la Chine au troisième rang mondial, après les Etats-Unis (n°1) et la Russie (n°2). La Chine est maintenant le pays qui dépense le plus pour sa défense en Asie.

«Le rythme et l’étendue» du renforcement du potentiel militaire chinois menacent Taïwan et remettent en question l’équilibre des forces régionales, commentait encore le Pentagone à la suite de la publication de ce rapport. La Maison Blanche avait renchéri: «Il est important que nous y prêtions attention».

Taïwan, la Corée du Nord, le Japon

A l’époque, Pékin avait protesté contre la publication de ce rapport. Mais lundi, dans l’avion qui l’emmenait en Chine, le secrétaire d’Etat américain à la Défense tenait toujours le même discours: «Il est intéressant de voir que d’autres pays se demandent pourquoi ils augmentent leurs capacités militaires au rythme actuel et cependant ne veulent pas le reconnaître. C’est presque aussi intéressant que leur rythme de croissance».

Les Américains s’inquiètent d’un bouleversement de l’équilibre stratégique de cette région du monde. Il y a la question de Taïwan, dont Washington soutient l’indépendance contre la volonté de la Chine. Il y a également le rapprochement entre Chinois et Russes. Il s’est concrétisé l’été dernier par des manœuvres conjointes, dans l’Extrême-Orient russe puis en mer Jaune, entre ces deux géants militaires. Enfin il y a le programme nucléaire nord-coréen. Washington le condamne et souhaite avoir l’aide de Pékin pour obtenir de Pyongyang le respect d’un accord conclu tout récemment sur l’abandon du volet militaire de ce programme. Donald Rumsfeld l’a indiqué juste avant de prendre son avion pour la Chine.

Le régime politique nord-coréen sera également au menu des discussions lorsque le responsable américain fera étape en Corée du Sud. Là encore, les discussions, c’est annoncé, porteront sur les relations militaires bilatérales Corée du Sud/Etats-Unis.

L’espace, la monnaie

Le leader américain commence un voyage à Pékin au moment où la Chine confirme sa percée dans le domaine spatial, lui aussi d’importance stratégique. Lundi matin, le vaisseau Shenzhou VI et ses deux taïkonautes sont revenus sur terre après avoir passé cinq jours dans l’espace. Après le succès de ce second vol habité, la Chine a annoncé qu’elle allait procéder, en 2007, à une expédition avec sortie de taïkonautes dans le cosmos, avec l’objectif d’avoir ensuite une station spatiale permanente.

L’histoire ne dit pas si le secrétaire d’Etat américain à la Défense et le secrétaire américain au Trésor se sont croisés à l’aéroport de Pékin. Ce qui est sûr, c’est que ce dernier vient de passer une semaine dans la capitale chinoise pour assister au G20 le week-end dernier, mais aussi pour rencontrer des responsables chinois chargés de la politique monétaire du pays. Les Américains voudraient que la Chine réévalue le yuan alors que certains parlementaires, outre Atlantique, menacent d’imposer des droits de douane de 27,5% sur les importations chinoises pour protester contre la «manipulation» monétaire reprochée à Pékin. En juillet dernier, la Chine a assoupli le taux de change du yuan face au dollar mais les Etats-Unis estiment que la monnaie chinoise reste sous-évaluée.

La visite de Junichiro Koizumi au sanctuaire controversé du Yasukuni a provoqué des remous dans plusieurs pays de la région, et en Chine. Elle considère ce sanctuaire comme un symbole de l’agression japonaise (1931-1945). Le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a donc annoncé le report de la visite du chef de la diplomatie japonaise prévue la semaine prochaine à Pékin. Dans ce contexte où l’histoire pèse autant que l’avenir, le chef du Pentagone commence son voyage officiel en Asie.


par Colette  Thomas

Article publié le 18/10/2005 Dernière mise à jour le 18/10/2005 à 15:40 TU