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Kosovo

L’Onu donne son feu vert aux négociations finales

Le Premier ministre serbe Kostunica a réclamé, devant le conseil de sécurité de l'ONU, le 24 octobre 2005, la garantie que l'on ne dérogera pas au «<I>principe inviolable du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale d'un Etat démocratique</I>».(Photo : AFP)
Le Premier ministre serbe Kostunica a réclamé, devant le conseil de sécurité de l'ONU, le 24 octobre 2005, la garantie que l'on ne dérogera pas au «principe inviolable du respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale d'un Etat démocratique».
(Photo : AFP)
Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé lundi d’ouvrir les négociations sur le statut futur du Kosovo, la province placée depuis 1999 sous protectorat international. Reste encore à connaître le calendrier des négociations, mais aussi qui sera invité à y prendre part.

De notre correspondant dans les Balkans

«La question de l’autonomie et de l’indépendance est posée. Il faut discuter avec Belgrade et Pristina. On va bientôt commencer», avait déclaré le 7 octobre dernier Kofi Annan, le Secrétaire général des Nations unies, après avoir pris connaissance du rapport de son Représentant spécial au Kosovo, Kai Eide. Le Conseil de sécurité a repris à son compte l’idée que «le moment est venu de commencer le processus de détermination» du statut futur du Kosovo.

Le rapport de Kai Eide pointait, certes, un respect «imparfait» des normes démocratiques, mais concluait néanmoins qu’il fallait ouvrir les négociations sans attendre un improbable moment idéal. Différer ces négociations pourrait en effet multiplier les rancoeurs et les impatiences dans la communauté albanaise et aggraver les risques d’instabilité régionale. Entendu par le Conseil de sécurité, le chef de la mission des Nations unies au Kosovo, Soren Jessen-Petersen, a répété que le statu quo actuel était intenable.

Kofi Annan devrait nommer très rapidement un nouvel envoyé spécial chargé de conduire les négociations: il a même confirmé que l’ancien président finlandais Martti Aathisari serait probablement désigné à ce poste. Du côté européen, on évoque en coulisse des négociations «qui ne devraient pas durer plus de 9 mois à un an». Mais de quoi peut-on discuter ?

«Autonomie substantielle» ou «indépendance conditionnelle» ?

Depuis 1999, le statut du Kosovo est régi par la résolution 1244 du Conseil de sécurité, qui stipule que le territoire est placé sous administration provisoire des Nations unies, mais «dans le cadre du respect de l’intégrité territoriale de la Fédération yougoslave» - remplacée le 3 février 2003 par l’Union de Serbie et Monténégro, qui a hérité de toutes ses obligations internationales.

La Serbie ne veut pas entendre parler d’une remise en cause de ce principe. Entendu par le Conseil de sécurité, le Premier ministre Kostunica a réclamé la garantie que l’on ne dérogera pas au «principe inviolable du respect de la souveraineté et de l’intégrité territoriale d’un État démocratique». En même temps, il a affirmé que la Serbie était prête «à garantir à la province du Kosovo et Metohija, en tant que partie intégrale de la Serbie et Monténégro, une autonomie substantielle».

Cette position a bien peu de chances de satisfaire les Albanais du Kosovo, quasi unanimes à réclamer une indépendance immédiate. Pour sa part, le scénario d’une «indépendance conditionnelle» et par étapes, impliquant de fortes garanties de démocratisation et de protection des minorités, est l’option préférée des Européens. Mais les contours exacts de cette «indépendance conditionnelle» demeurent difficiles à percevoir, et cette option risque de mécontenter Serbes et Albanais.

Barrages routiers dans l’Ouest

Les négociations vont en effet s’ouvrir dans un climat tendu. La police des Nations unies au Kosovo a reconnu récemment l’existence de nouveaux groupes armés albanais, notamment une Armée pour l’indépendance du Kosovo, qui déploie régulièrement des barrages routiers dans l’Ouest de la province et promet d’éliminer «tous les adversaires des intérêts du Kosovo». Ce type de formations pourrait faire monter la pression afin d’arracher la reconnaissance d’une indépendance formelle.

Autre incertitude, on ne sait pas encore qui négociera. La délégation de Belgrade devrait inclure des représentants des Serbes du Kosovo, mais ces derniers sont profondément divisés et n’ont pas de dirigeants légitimes. Dans le camp serbe aussi, des groupes de guérilla sont apparus, notamment une unité qui revendique le nom et l’héritage de la milice des Tigres, celle de feu le commandant Arkan, et qui a revendiqué l’attentat commis en septembre dernier contre un «collabo», un officier serbe travaillant pour la police du Kosovo.

Du côté albanais, la crise de leadership est tout aussi patente: le président du Kosovo, Ibrahim Rugova, souffre d’un cancer des poumons, et son état de santé continuerait de se dégrader. L’homme au foulard conserve une grande autorité morale auprès de la population albanaise. Par contre, s'il venait à disparaître, sa succession pourrait exciter toutes les convoitises et plonger la scène politique du Kosovo dans une profonde confusion.


par Jean-Arnault  Dérens

Article publié le 25/10/2005 Dernière mise à jour le 25/10/2005 à 14:57 TU