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Etats-Unis

Bush bat le rappel

George Bush et Samuel Alito.Photo : AFP
George Bush et Samuel Alito.
Photo : AFP
Contesté, le président américain tente de rallier sa base et donne des gages à la droite chrétienne par le choix de son nouveau candidat à la Cour Suprême, le très conservateur Samuel Alito.

De notre correspondante aux Etats-Unis

Après la nomination d’Harriet Miers à la Cour suprême, l’Atlanta Journal avait publié un dessin montrant un chien siégeant à la Cour entre les robes noires des magistrats, l’un d’eux soufflant à l’autre : «Bush donne la priorité à l’amitié.» La plaisanterie visait la candidate de George Bush pour la Cour suprême dont le CV n’avait guère d’intérêt (elle avait présidé la loterie du Texas) au-delà de sa loyauté avérée pour le président. Après un mois d’attaques en règle, Harriet Miers a dû retirer sa candidature. En second choix, le président américain a opté pour quelqu’un aux compétences juridiques inattaquables : Samuel Alito, un magistrat de 55 ans passé par Princeton et Yale, dont le CV enchaîne des paragraphes au ministère de la Justice (sous Reagan), dans des fonctions de procureur fédéral et de juge de Cour d’appel. La droite chrétienne bat des mains, mais pour d’autres raisons que son professionnalisme : au fil de sa carrière, le juge Alito a, contrairement à Miers, fait la preuve de son conservatisme. Il a notamment tenté de mettre des bâtons dans les roues du droit à l’avortement en 1991, en tentant de défendre une loi de Pennsylvanie qui exige qu’une femme souhaitant avorter avertisse son mari.

Interrogations sur la stratégie démocrate

Quelques heures après l’annonce, le groupe démocrate MoveOn envoyait un courriel à tous ses membres pour organiser un front contre Alito : la gauche américaine enrage à l’idée de voir un radical patenté succéder à Sandra Day O’Connor, la juge modérée qui servait de balancier parmi les neuf de la Cour suprême, votant tantôt avec les conservateurs, tantôt avec les progressistes. Les sénateurs démocrates, eux, les seuls à pouvoir bloquer cette candidature lors du débat de confirmation au Sénat sont encore un peu plus réservés. Ils se sont déclarés soucieux ou préoccupés, désireux d’en savoir plus sur les décisions de justice et les convictions d’Alito. Le sénateur républicain modéré Arlen Specter a déjà affirmé que l’avortement serait un des premiers sujets qu’il aborderait avec le candidat. Il est encore difficile de savoir si ces doutes ouvriront la voie à une foire d’empoigne politique : la Maison Blanche, pressée de rallier sa base à l’approche des élections de 2006, a préféré le risque d’une bataille avec les démocrates plutôt qu’avec sa base conservatrice. Elle prend le pari que les démocrates auront peur de passer pour des obstructionnistes en s’acharnant sur l’idéologie d’un homme au CV en béton. Si les démocrates tentaient de bloquer le processus de confirmation par un «filibuster» (la possibilité pour la minorité de débattre indéfiniment), les républicains, qui sont 55 au sénat, auraient besoin de 60 voix pour surmonter la manœuvre.

La nomination n’éclipse pas le «Plamegate»

A 8 heures lundi dernier, l’annonce du nouveau postulant tombait à pic pour détourner l'attention après l’inculpation du directeur de cabinet du vice-président Dick Cheney dans le scandale des fuites sur l’identité d’un agent de la CIA - affaire baptisée «Plamegate», du nom de cet agent, Valerie Plame. Le répit fut de courte durée : dès sa nouvelle rencontre avec la presse, le porte-parole de la Maison Blanche Scott McClellan était assailli de questions sur l’état de l’enquête du «Plamegate.»


par Guillemette  Faure

Article publié le 02/11/2005 Dernière mise à jour le 02/11/2005 à 09:22 TU