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Iran

Ahmadinejad fait valser les diplomates

Manouchehr Mottaki, ministre iranien des Affaires étrangères: «<I>La mission d'une quarantaine d'ambassadeurs ou de chefs de mission diplomatique va prendre fin d'ici à la fin de l'année</I>».(Photo: AFP)
Manouchehr Mottaki, ministre iranien des Affaires étrangères: «La mission d'une quarantaine d'ambassadeurs ou de chefs de mission diplomatique va prendre fin d'ici à la fin de l'année».
(Photo: AFP)
Le président iranien entame une série de remaniements diplomatiques dans une période de forte tension avec les pays occidentaux. Ces derniers menacent d’envoyer, le 24 novembre prochain, le dossier nucléaire iranien devant le Conseil de sécurité de l’ONU, qui pourrait accentuer encore la pression sur l’Iran. Cette valse des diplomates marque indéniablement un durcissement de la diplomatie iranienne.

De notre correspondant à Téhéran

«La mission d'une quarantaine d'ambassadeurs ou de chefs de mission diplomatique va prendre fin d'ici à la fin de l'année» iranienne (le 21 mars), a déclaré le ministère des Affaires étrangères Manouchehr Mottaki. C’est pratiquement la moitié des 98 ambassadeurs et chefs de mission diplomatique que compte le pays. Cette annonce est perçue comme un coup de balai du président ultra-conservateur Mahmoud Ahmadinejad après son accession à la présidence en août, et un nouveau signe de la détérioration des relations avec les Occidentaux.

Parmi les diplomates touchés figurent, en effet, les ambassadeurs iraniens à Paris, Londres, Berlin, Genève ou encore à Kuala Lumpur, qui étaient tous engagés dans les difficiles négociations nucléaires que l’Iran a mené avec les trois grands pays européens (France, Allemagne et Grande-Bretagne) depuis fin 2003. Ces remaniements interviennent après le changement des membres de l’équipe de négociateurs dirigée par Hassan Rohani, qui ont été remplacés par des durs.

Proches des anciens présidents

Tous ces diplomates, proches à la fois des anciens présidents Mohammad Khatami et Akbar Hachémi Rafsandjani, avaient œuvré ces huit dernières années pour améliorer les relations avec les pays européens. L’ambassadeur iranien à Paris et Londres, Sadegh Kharazi et Mohammad Hossein Adeli, étaient sans doute les plus connus d’entre eux. Ils ont été les interlocuteurs de la France et la Grande-Bretagne quand, avec l'Allemagne, elles négociaient avec l'Iran, soupçonné de vouloir la bombe atomique, pour le convaincre de renoncer à certaines activités nucléaires ultra-sensibles.

Mais le chef de l’équipe des négociateurs nucléaires, Hassan Rohani, a été remplacé par le conservateur Ali Larijani, et les négociations ont été interrompues avec les Européens lorsque l’Iran a repris ses activités de conversion d’uranium à l’usine d’Ispahan, malgré la demande de la communauté internationale. A trois semaines de la réunion de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), prévue le 24 novembre, et qui doit décider du renvoi ou non du dossier nucléaire iranien au Conseil de sécurité de l'ONU, cette valse diplomatique ne va pas arranger les choses.

Aucune perspective de relance du dialogue à court terme

De même, les ambassadeurs iraniens basés à Paris, Londres et Genève étaient engagés dans de discrets contacts avec les Américains, affirment les diplomates occidentaux à Téhéran. Dans ces conditions, la crispation avec les Européens ne devrait pas toucher à sa fin. Aucune perspective de relance du dialogue n’est prévisible à court terme.

Enfin, ces remaniements interviennent alors que l’Iran s’est attiré les foudres de la communauté internationale après que le président Ahmadinejad eut déclaré qu’Israël «devait être rayé de la carte». Indéniablement, ce changement d’hommes habitués aux contacts avec les Occidentaux ne va pas améliorer la situation de l’Iran sur la scène internationale. Certains experts n’hésitent pas à déclarer que c’est toute la politique de détente de l’ancien président Khatami qui est désormais mise en cause.


par Siavosh  Ghazi

Article publié le 03/11/2005 Dernière mise à jour le 03/11/2005 à 15:12 TU