France
Banlieues : Villepin veut rétablir l'ordre
(Photo : AFP)
La situation ne s’est pas améliorée dans les cités de la banlieue parisienne en proie à la violence depuis une semaine. Des bandes ont de nouveau commis, durant la nuit de mercredi à jeudi, de nombreux actes de vandalisme (incendies, destructions) et se sont attaquées aux forces de l’ordre déployées pour essayer de rétablir la sécurité. Face à cette escalade de la violence dans la périphérie de la capitale, le Premier ministre a organisé la mobilisation de son gouvernement pour essayer de sortir d’une crise particulièrement inquiétante.
Des bandes ont de nouveau commis, durant la nuit de mercredi à jeudi, de nombreux actes de vandalisme. (Photo: AFP) |
Le Premier ministre a d’ailleurs réuni, dès hier, l’ensemble des ministres concernés par le dossier des banlieues pour faire le point sur une situation en pleine dégradation. Nicolas Sarkozy, le ministre de l’Intérieur, était bien évidemment là. Michèle Alliot-Marie, la ministre de la Défense, était présente elle aussi. Tout comme Pascal Clément, le ministre de la Justice et Jean-Louis Borloo, le ministre de la Cohésion sociale. Dominique de Villepin a de la même manière convié Azouz Begag (Promotion de l’égalité des chances), François Baroin (Outre-Mer), Catherine Vautrin (Cohésion sociale et parité) et Brice Hortefeux (Collectivités territoriales). D’autres réunions de crise ont été organisées jeudi, auxquelles se sont joints notamment les maires des villes «sensibles» de la région parisienne.
Réunions de crise
Leur objectif est de mettre en place un dispositif susceptible à la fois de ramener l’ordre et de favoriser le dialogue. La veille, le ministre de l’Intérieur avait déjà réuni une trentaine de fonctionnaires, d’élus et de jeunes avec pour objectif la mise en place d’une «structure de concertation» afin de favoriser la compréhension entre police et habitants des cités. Le gouvernement entend donc essayer de prendre le problème à la racine, notamment en accélérant la mise en œuvre des mesures prévues dans les plans de cohésion sociale et de rénovation urbaine présentés par Jean-Louis Borloo, comme le chef de l’Etat leur en a adressé la demande express.
Reste que pour le moment, la gestion du problème sur le terrain passe d’abord par la canalisation des violences dont l’intensité augmente chaque jour depuis le 27 octobre. Les appels au calme lancés le 2 novembre par le Premier ministre et le président de la République n’ont pas été du tout entendus. La nuit a été particulièrement troublée, en Seine-Saint-Denis mais aussi dans d’autres départements comme les Hauts-de-Seine, la Seine-et-Marne et les Yvelines.
Près de 180 véhicules ont une nouvelle fois été incendiés, tout comme des poubelles, une banque, deux classes d’écoles primaires, un gymnase... Un centre commercial de Bobigny a été attaqué. De même qu’un poste de police de la cité des 3 000 à Aulnay-sous-Bois. Tout cela sans compter les «caillassages» dont ont été victimes les forces de l’ordre présentes sur le terrain et les unités de pompiers venues éteindre les incendies. L’un des pompiers a d’ailleurs été victime d’un jet de cocktail molotov et a dû être hospitalisé pour soigner une brûlure au deuxième degré sur son visage. On compte, selon les autorités, neuf blessés à la suite de cette nuit de violences : quatre policiers, deux pompiers et trois commerçants.
Des tirs à balles réelles
Le ministre de l’Intérieur s’est rendu sur le terrain durant la nuit. Il a organisé «une visite de travail» avec les policiers de Seine-Saint-Denis en présence du directeur général de la police nationale Michel Gaudin et du préfet Jean-François Cordet. C’est d’ailleurs à cette occasion qu’il a été informé du fait que les CRS avaient essuyé des tirs à balles réelles. La situation est tellement difficile pour les forces de l’ordre que le syndicat Action Police CFTC, qui représente 20 % des policiers, a même demandé à Nicolas Sarkozy d’instaurer «un couvre-feu pour faire face à la guerre civile qui continue actuellement à se dérouler dans de nombreux ghettos français».
Il est vrai que la vague de violences qui s’est déclenchée à la suite de la mort de deux jeunes le 27 octobre à Clichy-sous-Bois, a touché plusieurs cités défavorisées de la région parisienne. Des zones dans lesquelles habitent essentiellement des immigrés africains ou maghrébins mal intégrés. Chômage, pauvreté, échec scolaire, délinquance y conjuguent leurs effets et font le nid de la violence qui est prête à s’exprimer à la première occasion. On recense en France 750 zones urbaines sensibles de ce type. Les propos des jeunes qui participent depuis une semaine aux émeutes en banlieue parisienne sont d’ailleurs assez significatifs de leur état d’esprit. Ils parlent, en effet, de leur volonté de «faire la guerre à la police», de leur désir de vengeance pour les contrôles dont ils sont l’objet au quotidien. Si le décès des deux adolescents a donc joué le rôle de déclencheur il y a une semaine, le gouvernement doit aujourd’hui faire face à un phénomène plus global de remise en cause et de révolte.
par Valérie Gas
Article publié le 03/11/2005 Dernière mise à jour le 03/11/2005 à 17:06 TU