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Terrorisme

Attentat déjoué en Australie

Les présumés terroristes sont conduits au palais de justice de Sydney, mardi 8 novembre.(Photo : AFP)
Les présumés terroristes sont conduits au palais de justice de Sydney, mardi 8 novembre.
(Photo : AFP)
Des produits chimiques et des armes ont été saisis à l’occasion de deux coups de filet dans les faubourgs des principales villes d’Australie, Sydney et Melbourne. Au cours des opérations, 17 personnes ont été arrêtées et un homme a été blessé. Pour la première fois, l’Australie semble confrontée au risque terroriste.

Plusieurs centaines de policiers, appuyés par des hélicoptères, ont mené des opérations coup de poing dans les banlieues de Sydney et Melbourne, au sud-est du continent australien. Une vingtaine de maisons ont été fouillées par les forces de l’ordre. Des produits chimiques pouvant servir à la fabrication de bombes ont été saisis. «Les suspects de Sydney avaient rassemblé des substances chimiques de la nature de celles utilisées lors des attentats à Londres», a indiqué, à Melbourne, le procureur Richard Maidment, au moment où les prévenus, interpellés dans cette ville, comparaissaient devant le tribunal.

Récemment, le gouvernement australien a fait amender la législation antiterroriste. La justice peut maintenant prendre des mesures immédiates contre des personnes suspectées d’activité terroriste.

L’un des suspects de Sydney a été blessé et hospitalisé dans un état critique après avoir été atteint par balles lors de l’intervention de la police. Huit autres personnes ont été appréhendées dans cette ville.

Une surveillance depuis 16 mois

A Melbourne, 9 hommes ont été interpellés et inculpés «pour des délits à caractère terroriste, dont l’appartenance volontaire à une organisation terroriste…et la direction intentionnelle d’activités d’une organisation terroriste», a précisé un porte-parole de la police. Parmi les personnes appréhendées, se trouve Abdoul Nacer Bendrika. Il est également connu sous le nom d’Abou Bakr. Il a la double nationalité, algérienne et australienne et vit à Melbourne depuis 1989. Il a été inculpé pour «organisation d’activité terroriste». Il est emprisonné jusqu’au 31 janvier prochain.

En mars dernier, les autorités australiennes avaient confisqué le passeport d’Abdoul Nacer Bendrika. Les services de renseignements australiens avaient suggéré à l’administration de prendre cette mesure. Quelques mois plus tard, Abou Bakr avait déclaré sur une radio publique : «Je ne suis pas impliqué dans quoi que ce soit ici. J’enseigne à mes frères le coran et je m’efforce de mon mieux, avec mes enfants, ma famille, et les musulmans, de rester en accord avec cette religion». Malgré ces propos apaisants, Abdoul Nacer Bendrika est soupçonné par la justice d’être le cerveau des deux groupes qui viennent d’être démantelés, à Sydney et à Melbourne. Cet imam d’origine algérienne aurait, par le passé, qualifié Oussama ben Laden de «grand homme».

Les enquêteurs indiquent que tous les suspects avaient été mis sous surveillance depuis 16 mois. Ces hommes, indiquent encore la police, étaient allés en repérage sur plusieurs sites, à l’Opéra de Sydney et sur le Harbour Bridge de cette ville, cibles potentielles d’attentats. Les gares et la bourse de Melbourne auraient également pu être visées. «Nous avons stoppé ce que je qualifierais d’étape finale d’une attaque terroriste à grande échelle», a déclaré le chef de la police de l’Etat de Nouvelle Galles du Sud.

La police a également indiqué qu’elle avait saisi, au cours de ces deux coups de filet, des armes à feu, des ordinateurs et des papiers d’identité. Ces arrestations interviennent alors qu’il y a moins d’une semaine, le Premier ministre John Howard rendait public le contenu de plusieurs rapports émanant des services de renseignements. Ces rapports parlaient de l’existence «d’une menace terroriste».

L’Australie a dépêché des troupes en Afghanistan et en Irak aux côtés de son allié américain mais n’a jamais connu d’attaque majeure en temps de paix. Cependant, dans les attentats de Bali en 2002, 88 Australiens ont été tués.

D’ici la fin du mois de novembre, le Parlement australien doit adopter de nouvelles mesures renforçant les lois antiterroristes. Des suspects pourront être détenus pendant deux semaines sans inculpation. L’opposition a protesté contre ces mesures d’entraves aux libertés mais c’était avant ces coups de filet. Le ministre de la Défense, Robert Hill, a pour sa part souligné que de nouvelles dispositions législatives doivent être adoptées avant les Jeux du Commonwealth. Ils se dérouleront en mars prochain en Australie. Ces nouvelles mesures concernent notamment le déploiement exceptionnel de soldats pour soutenir la police.


par Colette  Thomas

Article publié le 08/11/2005 Dernière mise à jour le 08/11/2005 à 16:04 TU