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Politique française

La ligne Hollande fortifiée

La motion Hollande l'emporte après le vote des militants socialistes.(Photo : AFP)
La motion Hollande l'emporte après le vote des militants socialistes.
(Photo : AFP)
Les militants du Parti socialiste se retrouvent dans une semaine, au Mans, pour un congrès qui décidera de la ligne politique à suivre en vue de l’élection présidentielle de 2007. Malgré plusieurs victoires électorales, les socialistes se sont ouvertement divisés sur la Constitution européenne. Mercredi, ils ont été appelés, par référendum interne, à choisir la ligne politique qui dominera ce congrès. Et c’est la motion Hollande qui l’a emporté.

Avec quelques autres personnalités du Parti socialiste, Laurent Fabius avait fait bande à part pendant la campagne électorale pour le référendum sur la Constitution européenne. L’ancien Premier ministre avait dit ouvertement aux Français de voter contre le nouveau traité alors que l’ensemble des militants socialistes avait proposé le «oui» à l’occasion d’un précédent référendum interne. En mai dernier, le «non» l’avait emporté, provoquant une rupture en France et dans la dynamique de l’Union européenne. Depuis, le PS étalait ses divisions. François Hollande, responsable du premier parti de gauche français, a voulu éclaircir le débat. Il faut également penser à la ligne du parti dans la perspective de la présidentielle de 2007.

Les 127 000 militants socialistes ont donc été appelés mercredi 9 novembre à choisir entre 5 motions :

-        «Socialistes pour réussir à gauche», motion présentée par l’actuelle majorité socialiste derrière le premier secrétaire François Hollande.

-        «Rassembler à gauche», motion présentée par Laurent Fabius et Jean-Luc Mélenchon, partisans déclarés du «non» au référendum sur la Constitution européenne de mai dernier.

-        «Pour un nouveau Parti socialiste» de Vincent Peillon, Arnaud Montebourg et Henri Emmanuelli, le courant réformateur.

-        «Pour un socialisme libéral», motion présentée par Jean-Marie Bockel, maire de Mulhouse, en Alsace.

-        «Utopia», motion qui propose de «nous libérer des dogmes de la croissance et de l’idéologie du travail».

Les militants se sont déplacés en masse pour ce référendum interne et ils ont majoritairement voté pour la motion présentée par le premier secrétaire François Hollande. Après dépouillement de 80 000 bulletins sur 100 000, la première motion obtient 56% des suffrages exprimés. Sans attendre les résultats définitifs qui seront annoncés la semaine prochaine, la direction du PS estime que ces chiffres représentent un soutien de 65 ou 66 des 102 fédérations départementales du Parti socialiste.

Nouveau parti socialiste en deuxième position

«La ligne du parti a été tranchée…C’est forcément autour de cette ligne que le rassemblement peut éventuellement se faire» la semaine prochaine, au congrès du Mans. C’est ce qu’a déclaré le bras droit du premier secrétaire du PS, François Rebsamen, au lendemain du vote, alors que les résultats étaient presque définitifs. «Le Parti socialiste sort renforcé avec une majorité confortée et stable. Cela va permettre au Parti socialiste d’être en ordre de marche pour présenter un projet mobilisateur aux Français en ayant au cœur et à cœur le rassemblement de la gauche», en vue de 2007, a encore déclaré ce proche de François Hollande.

Si la motion défendue par la majorité actuelle au sein du PS l’a emporté, le Nouveau parti socialiste a fait un bon score en arrivant en deuxième position. Il recueille environ 24% des voix des militants. Pour Arnaud Montebourg, l’un des leaders de ce courant, le vote de mercredi est «une victoire avec une réduction doublée d’une petite secousse tellurique supplémentaire». Ce courant réformateur au sein du PS est récent et progresse fortement. Il y a trois ans, lors du précédent congrès du Parti socialiste, le courant NPS avait obtenu un peu plus de 16% des suffrages des militants. La «réduction» dont parle Arnaud Montebourg concerne le recul de la direction «hollandaise». Si 56 % des militants adhèrent toujours à cette ligne politique, par le passé, elle a fait mieux. L’hiver dernier, elle avait rassemblé 59% des votes militants au cours du référendum interne sur la Constitution européenne. Et en 2003, le courant Hollande avait atteint une influence de 62% lors du congrès de Dijon. «Le parti bouge, peut-être trop lentement, mais il bouge. C’est sept points de moins en trois ans (pour François Hollande) et, en ce qui nous concerne, le NPS est une force irrésistible qui monte. Nous sommes un quart du parti, construit en trois ans, ce qui ne s’est jamais vu au Parti socialiste», a encore commenté l’un des dirigeants de ce nouveau courant au PS.

Les figures montantes du Parti socialiste ont en revanche refusé de se prononcer sur les conséquences du vote des militants concernant une éventuelle candidature de Laurent Fabius à l’élection présidentielle de 2007. La désignation du candidat «sera l’objet d’un autre scrutin», a déclaré Vincent Peillon. «Nous ne sommes pour l’instant que dans la fabrication de l’orientation politique», a indiqué Arnaud Montebourg.

La défaite de Fabius

Justement, pour Laurent Fabius, ce vote des militants représente une défaite. La motion des «Fabiusiens» est en troisième position, elle recueille environ 19% des voix. Depuis les résultats partiels de la nuit dernière, les partisans de Laurent Fabius contestent ces chiffres. Pascal Popelin appartient à ce courant du PS. Il est élu en banlieue parisienne et membre de la commission nationale des conflits chargée de trancher les litiges. Il a parlé de «décalage» entre les données fournies par ce courant et les chiffres fournis par la direction du parti. «Si le décalage se confirme, il va falloir recompter» là où il y a divergence, a-t-il précisé. Jean-Luc Mélenchon, partisan de Fabius, a parlé de «triche».

De toute façon, le NPS, par la voix de son porte-parole Benoît Hamon, a admis que sa motion et celle de Laurent Fabius, «n’ont pas la majorité alternative» qu’ils souhaitaient atteindre. Le congrès du Mans dira si Laurent Fabius, qui vient de subir un revers chez les siens, a encore une chance d’être présidentiable. Dans son camp, et avant le vote, on estimait, qu’en dessous de 20%, une candidature à la candidature n’était guère envisageable pour lui.

Au Mans, la semaine prochaine, les différents courants essayeront de «faire synthèse», c’est-à-dire de fusionner le plus possible les courants. Pour François Rebsamen, proche de Hollande, «il est clair que les négociations se feront sur notre texte, nos intentions, et avec des conditions très précises». Vincent Peillon a répliqué : «Ce n’est pas la bonne façon de faire». Leader du courant NPS, il prône une «alliance sans aucune exclusive. On a besoin de rassembler le Parti socialiste…Aucune option de fond n’a été tranchée pour le pays et pour la gauche», a-t-il commenté.

A 51 ans, François Hollande va briguer un quatrième mandat à la tête du Parti socialiste. Il est opposé à «une surenchère à gauche» et il a le soutien de plusieurs poids lourds au sein du parti comme les anciens ministres Jack Lang, Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry et le maire de Paris, Bertrand Delanoë. Le congrès du Mans va accoucher d’une nouvelle orientation du parti. Et même si l’investiture socialiste à la présidentielle ne se joue pas la semaine prochaine, elle sera dans toutes les têtes.


par Colette  Thomas

Article publié le 10/11/2005 Dernière mise à jour le 10/11/2005 à 19:23 TU