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Politique française

Présidentielle : Villiers, Bové, Kouchner… et les autres

Philippe de Villiers a lancé sa campagne présidentielle pour 2007 devant ses sympathisants à l'université d'été de Grasse.(Photo : AFP)
Philippe de Villiers a lancé sa campagne présidentielle pour 2007 devant ses sympathisants à l'université d'été de Grasse.
(Photo : AFP)
Philippe de Villiers a annoncé son intention de se porter candidat à l’élection présidentielle de 2007. Le président du Mouvement pour la France (MPF) qui avait défendu le «non» à la Constitution européenne s’est senti pousser des ailes depuis le vote du 29 mai et entend bien dorénavant faire fructifier le capital des mécontentements dans l’espoir d’incarner la protestation de droite. Mais il n’est pas le seul à penser à l’échéance de 2007. De l’ex-leader syndical paysan José Bové à l’ancien ministre socialiste Bernard Kouchner, en passant par le député UMP Nicolas Dupont-Aignan, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir se jeter dans la course à la présidence.

On savait déjà que Nicolas Sarkozy et Laurent Fabius pensaient très fort à l’Elysée. Mais voilà qu’avec la rentrée, les nouveaux candidats potentiels à l’élection présidentielle se dévoilent les uns après les autres. Plus de dix-huit mois avant l’échéance électorale, les hommes politiques se positionnent déjà sur le marché aux votes. Il est vrai que pour certains, comme Philippe de Villiers, mieux vaut battre le fer pendant qu’il est chaud. Après la victoire du «non» au référendum sur la Constitution européenne, qu’il avait souhaitée, il lui faut réussir à s’imposer comme le champion incontestable des Français qui rejettent l’Europe et ses élites. D’ailleurs, le président du Mouvement pour la France (MPF) n’a pas caché qu’il considérait l’élection présidentielle de 2007 comme le «deuxième tour du référendum du 29 mai sur le traité constitutionnel européen».

C’est dans cette optique qu’il en appelle au patriotisme de ses concitoyens. Une manière de les inciter à se mobiliser pour défendre une France, selon lui, menacée d’être rognée par le pouvoir tentaculaire des technocrates bruxellois. A n’en pas douter, en affirmant son désir de devenir le chantre du «patriotisme populaire», Philippe de Villiers se place délibérément sur le registre de la peur. Peur de l’Europe mais aussi, et surtout, peur d’un phénomène «d’islamisation progressive de la société française qui est en train de basculer dans le communautarisme». Et le voilà donc du même coup sur le terrain à la fois sensible et porteur de l’immigration.

Protestation et rejet

Le discours de Philippe de Villiers s’intègre dans une stratégie politique basée sur le rejet des élites en place, jugées incapables de défendre la France, et s’adresse sans ambiguïté aux électeurs de la droite populaire. Le président du MPF a donc décidé de chasser sur les terres du Front national et de son leader vieillissant, Jean-Marie Le Pen. Il est vrai que le contexte est favorable au débauchage car ce parti souffre de nombreux tiraillements internes et que la succession de son président s’annonce pour le moins difficile. En lançant son offensive médiatique dès maintenant, Villiers espère donc convaincre les électeurs qu’il représente la bonne alternative pour ceux qui ne veulent ni de la gauche, ni de la droite gouvernementale.

La protestation et le rejet motivent, semble-t-il, un certain nombre de vocations présidentielles. Si Villiers joue cette carte à droite, de l’autre côté de l’échiquier politique, c’est le syndicaliste paysan anti-OGM altermondialiste, José Bové, qui passerait bien à la politique pour fédérer les revendications de la gauche. Il n’exclut pas de se porter candidat en 2007, si tant est qu’on le lui demande, et pour peu qu’il y ait «une dynamique collective entre les syndicats, les associations et les partis politiques».

Au sein même des grands mouvements, l’élection présidentielle donne des idées. A l’UMP, Nicolas Dupont-Aignan qui n’avait pas suivi la ligne officielle du parti majoritaire lors de la campagne pour le référendum sur la Constitution européenne et avait défendu le «non», a affirmé qu’il était prêt à aller jusqu’à se présenter en 2007 si son courant [Debout la République] ne réussissait pas à se faire entendre. Le combat pour la candidature UMP, que l’on imagine de plus en plus se jouer entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, pourrait donc être encore plus compliqué que prévu.

La situation n’est pas plus simple du côté du Parti socialiste. En l’absence d’un leader incontesté, tout le monde croit en sa chance. Après Laurent Fabius, Dominique Strauss-Kahn, Martine Aubry, et en attendant peut-être François Hollande, voilà Bernard Kouchner qui se dit : pourquoi pas moi. Et il se plait à imaginer : «Villepin-Kouchner à la présidentielle, ça aurait de la gueule. Esthétiquement, ce serait bien d’ailleurs. Politiquement aussi, pourquoi pas ?» Pour le moment, les sympathisants socialistes ne semblent pas avoir le même sens de l’esthétique que l’ancien ministre de la Santé. Un récent sondage montre que malgré son échec cuisant de 2002, c’est l’ancien Premier ministre Lionel Jospin qui leur paraît encore être le meilleur candidat potentiel pour la prochaine présidentielle.


par Valérie  Gas

Article publié le 12/09/2005 Dernière mise à jour le 12/09/2005 à 17:25 TU