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Politique française

Empoignades avant le congrès du Parti socialiste

Trois des principaux leaders du PS, François Hollande (G), Laurent Fabius (7e G) et Vincent Peillon (4e G).(Photo: AFP)
Trois des principaux leaders du PS, François Hollande (G), Laurent Fabius (7e G) et Vincent Peillon (4e G).
(Photo: AFP)
Les leaders socialistes se sont livrés à une grande répétition générale avant le congrès du Mans prévu au mois de novembre, à l’occasion de l’assemblée générale des motions de la Fédération de Paris. François Hollande, Laurent Fabius et Vincent Peillon, les promoteurs des trois principaux textes qui seront soumis au vote des militants, ont fait tribune commune pour présenter leurs projets respectifs. Le débat a été aussi vif que les inimitiés pouvaient le laisser supposer.

Ils étaient devenus experts dans l’art de s’éviter. Mais à l’assemblée générale de la Fédération socialiste parisienne, François Hollande et Laurent Fabius n’ont pas pu se livrer à leur exercice favori depuis la campagne pour le référendum sur la Constitution européenne. Ils ont dû sacrifier à la tradition de cette rencontre avec les militants pour préparer le congrès du Mans du mois de novembre. Et prendre place à la même tribune au même moment pour faire valoir leurs arguments, comme les autres défenseurs des motions qui doivent être proposées au vote à cette occasion.

Cinq textes sont en compétition. Le premier est proposé par l’actuelle direction du Parti socialiste incarnée par le Premier secrétaire François Hollande. Le deuxième a été rédigé par l’ancien numéro 2, aujourd’hui quasi-dissident, Laurent Fabius, et ses amis. Le troisième a été concocté par l’alliance à trois des agitateurs, Montebourg-Peillon-Emmanuelli. Le quatrième est défendu par celui que l’on qualifie de «blairiste», Jean-Marie Bockel. Le cinquième représente la sensibilité «Utopia» et a été présentée par Laure Pascarel.

A Paris, dans la salle de la Mutualité où les socialistes ont l’habitude de se réunir, les ténors ont donc donné de la voix et n’ont pas échangé que des politesses. Et pour cause, l’enjeu du congrès du Mans est important. Les militants vont y choisir un projet politique mais aussi une équipe. Ils vont même amorcer le processus qui aboutira ensuite à la désignation du candidat du Parti à la présidentielle de 2007.

Hollande : le chantre de la démocratie interne

Chacun peut donc y gagner quelque chose -reconnaissance, pouvoir- mais certains peuvent y perdre plus que d’autres. François Hollande est de ceux-là. Lui qui dirige le parti et aspire à être reconduit dans ses fonctions. Le Premier secrétaire a donc adopté un ton combatif pour faire valoir son point de vue. Toujours marqué par la fronde des socialistes qui ont appelé à voter «non» à la Constitution européenne, il a réaffirmé encore et encore qu’il fallait «rassembler» la grande famille désunie. Tout en faisant valoir le caractère incontournable du respect de la volonté des militants. Chantre de la «démocratie interne» -«le débat, le vote, puis, bien sûr, le respect du vote»- bafouée lors de la campagne référendaire, François Hollande espère bien que les militants lui rendront grâce d’avoir incarné leur volonté dans le débat européen.

Face à un Premier secrétaire élevé au lait de la légitimité, Laurent Fabius se veut l’incarnation de la volonté du peuple de gauche qui a refusé d’adopter la Constitution européenne. Celui qui propose le retour aux vraies valeurs sociales quoi qu’il lui en coûte. Lors de l’assemblée de la Fédération parisienne, il a attaqué encore une fois sur le thème du dévoiement libéral de l’actuelle direction et de son incapacité à contrecarrer le gouvernement. Il a ainsi demandé qu’un futur gouvernement socialiste «abroge» les décisions de la droite. Une position sur laquelle François Hollande refuse de s’engager et qu’il compare à une promesse démagogique : «Je ne suis pas là pour promettre ce qu’on ne pourra tenir». Mais surtout, Laurent Fabius a fait valoir à quel point le verdict du «suffrage populaire» [exprimé contre la Constitution lors du référendum] justifiait une remise en cause de la ligne du Parti. Il est même allé jusqu’à demander qu’un futur président socialiste élu en 2007 s’engage à ne pas signer le traité constitutionnel européen.

Le NPS veut le changement

Quand François Hollande se bat pour conserver la direction du PS et Laurent Fabius s’acharne à se présenter comme le meilleur présidentiable socialiste, les troisièmes larrons du Parti -Montebourg-Peillon-Emmanuelli- jouent la carte du chamboule-tout. Ceux qui mettent les pieds dans le plat. Devant les militants parisiens, c’est Vincent Peillon qui a été chargé d’aller au charbon faire entendre la voix du Nouveau Parti socialiste (NPS). Il a accablé François Hollande et son équipe en affirmant qu’il n’y avait de salut que dans le changement.

Laurent Fabius et le NPS n’ont pas réussi à s’entendre pour présenter une motion commune au congrès du Mans. Ils savent néanmoins qu’une alliance de dernière minute pourrait peut-être représenter leur seule chance de mettre en difficulté la direction, qu’ils n’ont aucun mal à attaquer de concert depuis longtemps déjà. Vincent Peillon a d’ailleurs annoncé qu’il n’était pas question pour son courant d’accepter de «participer à une synthèse au congrès du Mans qui n’inclurait pas Laurent Fabius et ses partisans». Si l’accord n’est pas parfait entre les deux groupes, ils connaissent au moins leur ennemi commun : François Hollande.


par Valérie  Gas

Article publié le 19/10/2005 Dernière mise à jour le 19/10/2005 à 17:50 TU