Politique française
Le congrès à petits pas
(Photo: AFP)
Après l'université d’été de La Rochelle et avant le congrès du Mans, les socialistes ont fait étape à Nevers pour leurs journées parlementaires. Quoi de mieux qu’un retour en terre mitterrandienne pour se placer en ordre de bataille avant les grandes échéances à venir. Surtout lorsque l’on a un adversaire tout désigné: le gouvernement. Le premier secrétaire François Hollande a donné le ton de «l’offensive» en déclarant: «Si on ne peut pas parler de Waterloo après les 100 jours [de Dominique de Villepin à Matignon], c’est au moins la Bérézina».
Jean-Marc Ayrault, le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale, n’a pas lui non plus épargné le Premier ministre et a attaqué sur le même registre des métaphores napoléoniennes si chères au chef du gouvernement. Il a même établi un palmarès de l’échec en le comparant à son prédécesseur: «Les 100 jours de M. Villepin ont été aussi inefficaces que les 1 000 jours de M. Raffarin».
«Inventer un nouveau contrat social»
Ces mises en cause de la politique gouvernementale qui a, selon les socialistes, abouti à augmenter le chômage, la précarité, l’endettement public, les déficits, et a échoué à relancer la croissance, constituent un préalable indispensable à la contre-attaque. Mais Jean-Marc Ayrault n’a pas manqué de mettre aussi en avant la responsabilité des socialistes auxquels il revient de proposer «une alternative crédible» et «d’inventer un nouveau contrat social». «Si les nouvelles thèses de la droite rencontrent une audience alors même qu’elle [la droite] échoue dans la conduite des affaires, c’est aussi parce que nous [les socialistes] peinons à repenser l’Etat-providence».
Reste à savoir si tous les socialistes en ont la même conception. Les cinq motions déposées, la veille de l’ouverture des journées parlementaires en vue du prochain congrès du Mans, offrent de ce point de vue une vision panoramique des différentes tendances qui s’expriment actuellement dans le parti sur des thèmes comme l’Europe, l’emploi, la fiscalité, le logement, les institutions... L’élaboration de ces textes, qui seront proposés à l’approbation des militants en novembre, a donné, selon François Hollande, l’occasion de «relancer la machine à idées». Et de ce point de vue, le premier secrétaire se félicite de la diversité des propositions dans laquelle il ne voit pas l’expression des dissensions internes qui ravagent le parti et remettent en cause son autorité, mais tout simplement «un bel exercice de démocratie».
Hollande n’a pas tout oublié
François Hollande, dont la motion part favorite pour le congrès, affiche donc résolument son optimisme et clame les vertus du «débat». A l’entendre, on croirait presque qu’il a oublié la cassure profonde que le référendum sur la Constitution européenne a provoqué dans les rangs socialistes: «Il n’y a pas ici de socialistes du oui et de socialistes du non». Et pourtant, ce sont bien les défenseurs du «non» qui l’attaquent de front, ceux-là même qui se sont dissociés de la ligne choisie par les militants du Parti en faveur de l’adoption du Traité. Laurent Fabius, d’un côté, Arnaud Montebourg, Vincent Peillon et Henri Emmanuelli, de l’autre, ont présenté des motions concurrentes et ne se cachent pas de vouloir le chasser de la direction du PS.
Malgré sa magnanimité publique, François Hollande n’a pourtant peut-être pas réussi à tout oublier. Dans la motion qu’il va soumettre au vote des militants lors du congrès du Mans, a été inséré un passage sur le respect d’un code de bonne conduite au sein du parti. Il y est précisé qu’un membre du PS qui «s’affranchit publiquement des choix arrêtés est automatiquement exclu des instances du parti et ne peut se présenter pendant deux ans sous l’étiquette» socialiste. Et, clause subsidiaire, que «chaque candidat à la présidentielle devra s’engager à respecter le choix des militants». Laurent Fabius appréciera.
par Valérie Gas
Article publié le 22/09/2005 Dernière mise à jour le 22/09/2005 à 17:48 TU