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Liberia

Une question d’heures

La «dame de fer» libérienne, Ellen Johnson Sirleaf.Photo : AFP
La «dame de fer» libérienne, Ellen Johnson Sirleaf.
Photo : AFP
Les résultats définitifs du second tour de l’élection présidentielle seront annoncés ce mardi par la Commission électorale nationale (NEC). Le verdict des urnes est pourtant déjà connu : Ellen Sirleaf a recueilli un peu moins de 60% de voix. Elle sera donc la prochaine présidente du Libéria. Mais son rival, l’ex-footballeur George Weah, ne veut toujours pas reconnaître sa défaite. Pour autant, le calme règne ce dimanche à Monrovia, la capitale libérienne.

Officiellement, il ne reste qu’une vingtaine de bureaux de vote à dépouiller. Même pas 1% du total des suffrages. Autant dire que ces ultimes bulletins de vote ne feront pas basculer le sort de ce scrutin. L’écart des voix est large : 59,6% des suffrages exprimés en faveur d’Ellen Johnson Sirleaf, 40,4% pour George Weah. Celle qu’on surnomme «La Dame de fer» en raison de sa forte détermination, est donc mathématiquement assurée de la victoire. Pour autant, elle se garde de fêter ce succès en public. Elle appelle même ses partisans à ne manifester leur joie dans la rue. Pas encore. La consigne est d’attendre la proclamation des résultats définitifs. Ce sera pour mardi, selon la Commission électorale nationale (NEC). Et la présidente de cette commission, Frances Morris, d’ajouter : «nul n’est vainqueur tant que nous ne l’avons pas proclamé». La retenue observée par le camp d’Ellen Sirleaf s’explique non seulement par le respect de cette règle évidente fixée par la responsable de la NEC. Mais il y a aussi, dans le camp de la brillante économiste, le souci, voire la consigne de ne pas provoquer de tensions supplémentaires. Il faut dire que l’agitation vient du camp de George Weah.

L’ancien footballeur et ses partisans ont visiblement du mal à digérer la défaite qui s’annonce. Et cela, depuis quelques jours. Déjà mardi dernier, jour du scrutin, George Weah dénonçait déjà des «tricheries». Le lendemain, le directeur de campagne du candidat Weah allait même plus loin en s’en prenant directement à la présidente de la commission électorale, accusée d’avoir «pris parti entre les candidats au second tour». Et l’ancien champion du ballon rond, converti à la politique affirmait sans détour que «cette élection n’a été ni libre, ni transparente». Il n’en fallait pas tant pour échauffer les esprits de certains de ses partisans. Le soir-même, plusieurs d’entre eux scandaient un inquiétant : «Pas de Weah, pas de paix» devant le siège de leur parti (CDC, le Congrès pour un changement démocratique). La tension est montée d’un cran vendredi, avec une manifestation à proximité de l’ambassade américaine. Les incidents qui ont suivi entre les pro-Weah et des Casques bleus de la Force des Nations unies (MINUL) ont fait trois blessés légers. Depuis, les esprits se sont un peu apaisés. Le meeting organisé ce samedi à l’appel des partisans de George Weah n’a rassemblé que quelques centaines de personnes dans le centre de Monrovia, sans qu’il n’y ait de débordements.

Mais visiblement, l’ex-footballeur continue sa contestation du scrutin, apparaissant de fait comme un « mauvais perdant », selon un observateur sur place. Son parti a demandé qu’une nouvelle élection soit organisée. Le CDC maintient toujours que le scrutin a été entaché de graves irrégularités.

Les poids lourds de l’Afrique appellent au calme

Pourtant, les observateurs internationaux déployés pour suivre ce vote, l’ont jugé acceptable. Et même ce dimanche, six chefs d’Etat et de gouvernement africains, réunis à Abuja au Nigeria, ont avalisé le déroulement du scrutin. Les présidents nigérian Olusegun Obasanjo, sud-africain, Thabo Mbeki, ghanéen John Kufuor et sénégalais Abdoulaye Wade, les Premiers ministres éthiopien, Meles Zenawi et algérien, Ahmed Ouyahia, ainsi que le président de la Commission de l'Union africaine, Alpha Oumar Konare, ont qualifié le vote de «pacifique, transparent, libre et juste». Et surtout, ils ont appelé au calme.

«Nous demandons aux candidats de tout faire pour que leur supporters ne soient pas incités à la violence», a précisé Saïd Djinnit, commissaire de l’Union africaine en charge de la paix et de la sécurité interrogé par RFI. «Nous encourageons toujours les candidats à faire confiance aux institutions du pays et à porter à l’attention de ces institutions toute contestation possible».

George Weah a déjà déposé une plainte pour fraude électorale auprès de la Commission électorale. Cette plainte sera étudiée lors d’une audience mercredi, a fait savoir la présidente de la NEC. Théoriquement le nom de la vainqueur aura déjà été publié.


par Olivier  Péguy

Article publié le 13/11/2005 Dernière mise à jour le 13/11/2005 à 16:09 TU

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Saïd Djinit

Commissaire africain chargé de la paix et de la sécurité

«Nous réitérons notre appel aux deux candidats pour qu'ils s'engagent à accepter le résultats des élections.»

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