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Politique française

Le PS, machine à perdre ?

Trois des principaux leaders du PS, François Hollande (G), Laurent Fabius (7e G) et Vincent Peillon (4e G).(Photo: AFP)
Trois des principaux leaders du PS, François Hollande (G), Laurent Fabius (7e G) et Vincent Peillon (4e G).
(Photo: AFP)
Réunis pendant trois jours (18, 19, 20 novembre) au Mans, dans l’ouest de la France, les membres du Parti socialiste vont essayer de faire la synthèse entre les différents courants d’idées qui traversent leur mouvement, le plus grand parti de gauche français. La réussite n’est pas garantie alors que plusieurs poids lourds pensent déjà à l’élection présidentielle de 2007.

Depuis la victoire du «non» au référendum de mai dernier sur la Constitution européenne, les socialistes français n’en finissent pas d’afficher leurs différences. Malgré une consultation interne des militants dont le résultat indiquait qu’il fallait voter «oui», Laurent Fabius avait fait bande à part et appelé les Français à voter «non». Et le «non» l’avait emporté, donnant une place à part à l’ancien Premier ministre dans la famille socialiste. Et il était écarté de la direction du parti.

Dans le même temps, le vote des Français déstabilisait l’équipe dirigeante du PS. Elle s’était trompée sur le choix des électeurs de gauche face au nouveau traité. Dans son parti même, François Hollande, le Premier secrétaire, se trouvait fragilisé.

Avant cette déstabilisation interne, le Parti socialiste avait pourtant remonté la pente en remportant plusieurs victoires électorales. C’était en 2004, un an avant la consultation sur le nouveau traité européen. Les élections cantonales, régionales et européennes avaient été bonnes pour les socialistes. Mais depuis le 28 mai, les différents courants n’en finissent pas de s’affronter.

Plus à gauche, ou pas

Le congrès qui s’ouvre au Mans a pour but d’éclaircir la ligne politique du parti. Pour que les différents courants sachent ce qu’ils pèsent auprès de la base militante et pour faire émerger des lignes directrices, un nouveau référendum interne a été organisé la semaine dernière. Même s’il y a eu des contestations sur les résultats du vote, chaque courant a compté ses troupes. La ligne politique défendue par le premier secrétaire est arrivée en tête avec près de 54% des voix. François Hollande est conforté.

Les partisans de Laurent Fabius pour leur part ont obtenu 21% des suffrages, beau score pour les rebelles du référendum sur la Constitution, qui permet à leur chef de rester dans la course aux présidentiables. Toujours au cours de cette consultation interne de la semaine dernière, la motion Fabius a cependant été devancée par les jeunes du parti, les «rénovateurs». Allié à l’ancien chef du PS Henri Emmanuelli, le courant Nouveau parti socialiste (NPS) a obtenu 23,54% des voix des militants. Les leaders du NPS, Arnaud Montebourg et Vincent Peillon, sont donc en position de se faire entendre au Mans et de monnayer leur ralliement à la ligne défendue par François Hollande. Tout dépendra de l’inflexion qui sera donnée à gauche par le numéro un du Parti socialiste. Le NPS pourrait à son tour entrer en dissidence si le PS restait dans une mouvance sociale démocrate à la manière européenne.

Le groupe de socialistes dont Laurent Fabius est le leader voudra peut-être, lui aussi, négocier son ralliement aux «Hollandais». Si les trois grands courants parviennent à trouver un compromis, on pourra dire que les socialistes, au Mans, ont réussi à faire la synthèse de leurs idées. Elles seront plus ou moins réformistes ou plus ou moins «révolutionnaires» concernant les choix politiques à faire en cas de retour au pouvoir.

Les observateurs estiment que les socialistes ne sont pas d’accord sur grand-chose et qu’une synthèse au Mans est un but quasiment inaccessible. Avant cette réunion décisive, plusieurs journaux français ont commandé des sondages d’opinion. Il en ressort que les Français ne font toujours pas confiance au Parti socialiste pour régler les grandes questions du moment, comme la sécurité. Concernant la crise des banlieues, 52% des personnes interrogées estiment que le PS ferait «pareil» que le gouvernement Villepin. Les Français sont du même avis concernant de grands dossiers comme l’environnement, les délocalisations, la construction européenne, les institutions de la France et leur fonctionnement, et enfin la sécurité.

Dans quatre domaines, les socialistes ont tout de même la cote auprès des personnes interrogées dans ce sondage de l’institut CSA pour Le Monde : réduction des inégalités, école, logement et pouvoir d’achat. Quant à l’avenir même du Parti socialiste, les déchirements internes pourraient aller jusqu’à l’éclatement des différents courants en partis séparés. Pour 60% des sondés, le PS ne sera pas prêt pour 2007.

Des femmes pour combattre la droite

Un autre sondage, réalisé par l’institut BVA pour L’Express, donne le même genre de résultats. Les solutions offertes par l’UMP dans le domaine de la sécurité sont privilégiées par 52% des personnes interrogées contre 32% pour le PS. Cependant, toujours pour 52% des personnes interrogées dans ce deuxième sondage, le PS se défend mieux que le parti de droite au pouvoir sur les questions d’assurance-maladie. Le grand parti de gauche a également la faveur des Français concernant des solutions en faveur de l’emploi. Mais 58% des personnes ayant répondu à l’enquête estiment que François Hollande n’a pas été efficace au poste de premier secrétaire qu’il occupe depuis 8 ans.

Au Mans, il n’est pas question de remettre en cause le mandat du premier secrétaire, ni d’aborder la question de l’élection présidentielle, sujet renvoyé à l’automne 2006. Les querelles de personnes risquent cependant d’être présentes dans cette réunion. Les grandes figures masculines du parti auront en tête leur possible positionnement pour 2007. Ségolène Royal, qui a réveillé la misogynie des siens en évoquant sa candidature, rappelle qu’elle fait «partie des solutions possibles». Présidente socialiste de la région Poitou-Charentes, elle prend soin de dire que le moment n’est pas encore venu d’en parler. Une chose cependant et sûre : par le passé, les socialistes ont déjà envoyé des femmes face à la droite quand le combat semblait perdu d’avance. Ce fut le cas notamment de Catherine Trautmann, qui contre toute attente, remporta la mairie de Strasbourg en 1989.      


par Colette  Thomas

Article publié le 17/11/2005 Dernière mise à jour le 17/11/2005 à 18:04 TU