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Hissène Habré : une demande d’extradition controversée

L'ancien président du Tchad, Hissène Habré.(Photo : diplomatie.gouv.fr)
L'ancien président du Tchad, Hissène Habré.
(Photo : diplomatie.gouv.fr)
C’est mardi matin, 22 novembre, que la chambre d’accusation de la Cour d’appel de Dakar rendra sa décision sur l’extradition d’Hissène Habré. L’ancien dictateur, exilé depuis 15 ans, a été entendu vendredi. Mais la pression s’accentue au Sénégal pour qu’il ne soit pas livré à la justice belge

De notre correspondant à Dakar

C’est sous les applaudissements de ses partisans et de quelques journalistes hostiles à son extradition qu’Hissène Habré est sorti de la chambre d’accusation, vendredi en début d’après-midi. On ne connaît pas encore le sort qui va lui être réservé, puisque c’est seulement mardi matin que les magistrats rendront leur décision. Mais à la sortie de l’audience, l’un de ses avocats s’est dit confiant. «Les règles du droit sénégalais qui sont les seules applicables en la matière s’opposent à toute la demande belge, assure Maître Doudou Ndoye. La Cour internationale de justice aussi a rendu un arrêt qui s’oppose à cette demande. La Cour de cassation sénégalaise avait déjà rendu un arrêt qui s’oppose à la demande belge. La justice belge ne peut pas avoir raison au Sénégal».

Dans la cour du Palais de Justice, Reed Brody, de l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch, qui suit l’affaire depuis plusieurs années, a du mal à cacher son inquiétude. Mais il veut encore croire qu’Hissène Habré sera livré à la justice belge.  «Je pense que toutes les conditions sont réunies pour qu’Hissène Habré soit extradé, maintient Reed Brody. Les obligations conventionnelles du Sénégal sont très claires, le Sénégal a ratifié la convention des Nations Unies contre la torture qui l’oblige soit à juger Hissène Habré, soit à l’extrader. N’ayant pas jugé Hissène Habré en 2000, il appartient maintenant au Sénégal de l’extrader.»

«Au nom de l’hospitalité»

Du côté du ministère sénégalais de la Justice, on assure que le droit, et rien que le droit, sera dit devant la chambre d’accusation. Mais les déclarations du président Wade, qui a décidé de s’en remettre en dernier ressort à l’Union africaine, ont relancé le débat sur les pressions autour du cas Habré. Pressions africaines, d’abord, de la part de certains chefs d’Etats qui craignent un effet domino si l’ancien dictateur est extradé. Mais aussi pressions internes au Sénégal. Hissène Habré est ici depuis 15 ans. Il a son réseau d’amitiés, notamment politiques, mais aussi le soutien de la confrérie musulmane des Tidianes dont il était un fidèle bien avant son arrivée au Sénégal.

Résultat beaucoup commencent à douter de son extradition. D’autant que, malgré les atrocités qui lui sont attribuées, le soutien à l’ancien dictateur grandit dans la rue et dans la presse sénégalaise. De quoi faire bondir les organisations de défense des droits de l’homme qui rappellent que le Sénégal a ratifié les conventions internationales, notamment celle sur la torture, qui permettent à la justice belge de réclamer l’extradition de l’ex-président tchadien.


par Christophe  Champin

Article publié le 18/11/2005 Dernière mise à jour le 18/11/2005 à 18:51 TU