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Etats-Unis/Chine

A Pékin, Bush défend les libertés

George Bush a fait une balade à vélo en compagnie d'athlètes chinois.(Photo: AFP)
George Bush a fait une balade à vélo en compagnie d'athlètes chinois.
(Photo: AFP)
Au moment où «W» est pressé sur plusieurs fronts (guerre en Irak, cyclone Katrina), sa rencontre à Pékin avec son homologue Hu Jintao est apparue comme détendue et assez fructueuse. Une visite «symbolique mais significative» titrait la presse chinoise officielle. Symbolique, car aucune avancée majeure n’a été faite, mais significative, car elle a permis d’affirmer l’ambition de ces deux pays géants de coexister pacifiquement et d’éviter les tensions, alors que le poids de la Chine sur la scène internationale s’accroît rapidement.

De notre correspondant à Pékin

Ici, Petit Bush comme on l’appelle, n’a pas une très bonne réputation dans la population. C’est l’homme qui a déclenché la guerre en Irak, jugée injuste. C’est aussi l’homme qui  a déclaré, il y a quelques jours, que Taiwan est un modèle de réussite à la chinoise par la démocratie, sous-entendu que la Chine communiste est restée pauvre à cause de son régime politique. L’approche très critique du président américain, notamment au sujet des libertés religieuses, n’est pas pour plaire à ses interlocuteurs chinois. Symbole de cette approche «à la gendarme» comme on dit ici, George Bush a commencé sa visite ce dimanche en allant prier dans un temple protestant de Pékin. «Que Dieu bénisse les chrétiens de Chine», a-t-il écrit sur le livre d’or du temple.

Le président américain a également déclaré son espoir que le gouvernement chinois «n’ait pas peur de laisser les chrétiens pratiquer ouvertement leur culte». Ceci alors que des millions de chrétiens chinois, non affiliés à l’Eglise officielle placée sous le contrôle du Parti communiste, pratiquent leur culte dans la clandestinité. La liberté religieuse, c’est un des chevaux de bataille du président américain. Il a même demandé en privé aux dirigeants chinois de recevoir le Dalaï Lama, qui, selon George W.Bush, ne veut pas l’indépendance du Tibet, mais simplement davantage de tolérance envers la religion et la culture tibétaines. Ces questions religieuses sensibles n’ont pas été rapportées par la presse écrite en mandarin.

Pragmatisme chinois

Du côté chinois, on a senti une volonté de se montrer conciliant. Pas de critiques envers les Etats-Unis, pas non plus de réponses trop dures aux commentaires de George Bush sur le manque de libertés en Chine. Les dirigeants chinois ont préféré ne pas attaquer de front le chef de la Maison Blanche, se concentrant sur les dossiers commerciaux. «Nous allons faire des efforts avec les Etats-Unis pour réduire graduellement le déséquilibre de la balance commerciale», a déclaré Hu Jintao. Il s’agit d’un déficit de deux cent milliards de dollars cette année en défaveur des Etats-Unis, notamment à cause des importations massives de textile chinois. Les législateurs américains ont pour l’instant renoncé à imposer des taxes sur le textile chinois, espérant que Pékin réévalue sa monnaie actuellement sous-évaluée. «Les Etats-Unis ont tout à gagner du développement de la Chine» répètent les spécialistes dans les médias chinois. Car à l’avenir, la Chine aura besoin d’importer davantage de produits américains. Premier geste dans ce sens, les autorités chinoises ont annoncé l’achat de 70 avions Boeing, juste avant que l’appareil du président américain ne se pose à Pékin.

Hu Jintao a également rappelé sa volonté de renforcer la lutte contre le piratage industriel et les violations de propriété intellectuelle. Dans le domaine politique, le président chinois s’est montré poliment ferme contre l’indépendance de Taiwan, tandis que George Bush a loué le rôle de la Chine dans les négociations avec la Corée du Nord. A plusieurs reprises, les mots de «coopération» et de «consultation» sont revenus sur les lèvres des deux présidents. Ils ont même décidé de renforcer leur «lutte» contre le terrorisme. Pour ce qui est des droits de l’Homme, le président américain a souhaité, devant les journalistes, que la Chine continue ce qu’il a appelé une «transition historique vers plus de libertés». Il a jugé «important que les libertés sociales, politiques et religieuses croissent dans ce pays», avant d’enfourcher en fin d’après-midi son vélo tout-terrain apporté des Etats-Unis, pour faire une promenade en compagnie d’athlètes chinois. Le message de cette visite est clair : la Chine et les Etats-Unis cherchent à profiter mutuellement de leur poids, quitte à faire de petites concessions.


par Abel  Segrétin

Article publié le 20/11/2005 Dernière mise à jour le 20/11/2005 à 15:24 TU