Paludisme
Une question de fonds
(Photo : AFP)
De notre correspondant au Cameroun
«Action Now !». Ce n’est pas le titre d’un film sur le paludisme. Mais c’est sur ce ton déterminé – agir maintenant ! - que les partenaires de «Faire Reculer le Paludisme» ont lancé «l’Appel de Yaoundé» le 19 novembre 2005, au terme des travaux de la quatrième conférence panafricaine sur le paludisme. «Les gouvernements doivent élaborer et mettre en œuvre des plans de lutte, intégrés dans les politiques nationales de développement durable, pour intensifier les interventions contre le paludisme. Ces plans seront développés selon une approche participative et établiront des mécanismes forts de coordination nationale», proclame le document final, dont les articulations se situent en droite ligne du Plan Stratégique Mondial 2005-2015. Et encore : «Dans leur soutien aux Etats, tous les autres partenaires de l’Initiative FRP( Faire Reculer le Paludisme), en accord avec les principes admis à Paris en mars 2005, devront aligner leur soutien sur les stratégies nationales et harmoniser, autant que possible, leurs procédures de planification, de financement, de décaissement, de suivi et d’évaluation ainsi que de compte rendu de leurs activités», annonçaient vendredi, ceux qui s’engageaient «à suivre et à mesurer ensemble les progrès accomplis afin de promouvoir (leur) responsabilité et redevabilité mutuelle».
Le coût économique de la maladie
Traitement et diagnostic tout à la fois pour cette maladie dont les statistiques établissent la gravité : toutes les trente secondes, un enfant meurt du paludisme, soit au moins 3000 morts par jour, et plus d’un million par an. Le continent africain est le continent le plus frappé estiment les spécialistes : «Mesuré en terme de perte d’opportunités, de manque à gagner et d’impact sur le développement, la perte pour le PIB (Produit intérieur brut) Africain est estimée à 12 milliards de dollars américains chaque année, du fait du paludisme», apprend-on. Et ce n’est pas tout. L’Afrique est le lieu d’un grand paradoxe. Une enquête de l’Initiative multilatérale sur le paludisme ( MIM), révélait, en 1999, qu’il y avait seulement 752 chercheurs formés sur le paludisme en Afrique subsaharienne, «la région du continent qui endure chaque année le plus fort des 500 millions d’infections par le paludisme dans le monde et les 2,7 millions de décès qui en découlent», selon les indications fiables. D’où l’intérêt qu’il y aurait à stimuler et à encourager la recherche. «Alors que les travaux de chercheurs scientifiques, en dehors de l’Afrique, continuent à être cruciaux, il n’en demeure pas moins vrai que les chercheurs africains travaillant sur le paludisme doivent être impliqués en parallèle, si nous espérons mettre au point avec succès de nouvelles découvertes et commencer à inverser la situation dans les pays où le paludisme est endémique», a déclaré à Yaoundé, Andreas Heddini, coordonnateur du Secrétariat de la MIM.
Cette importance de la recherche n’a pas échappé aux auteurs de «l’Appel de Yaoundé». Ils ont affirmé «que des investissements adéquats dans, et d’incitations pour, la recherche et le développement sont requis pour s’assurer que de nouveaux médicaments efficaces , des tests de diagnostic fiables, des vaccins et des outils de lutte anti-vectorielles seront disponibles, et que les systèmes de santé seront renforcés». Reste les financements. Une équation délicate. «Les succès accomplis peuvent être reproduits à condition qu’un financement pérenne soit disponible et qu’il soit accompagné d’un engagement national fort, et d’une mobilisation de ressources humaines adéquates à tous les niveaux du système de santé», ont reconnu les auteurs de «l’Appel de Yaoundé», non sans confesser qu’ils restent «inquiets que le niveau actuel des dépenses mondiales n’atteigne que 20% des 3 milliards de dollars américains estimés nécessaires chaque année, et profondément préoccupés par l’absence de perspectives à long terme des financements».
Certains ont quitté Yaoundé dans l’espoir que la lutte contre le paludisme pourrait bénéficier d’un surcroît de bienveillance et d’appui financiers, dès lors qu’elle s’intègre dans la logique des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD). Juste un espoir.
par Valentin Zinga
Article publié le 20/11/2005 Dernière mise à jour le 20/11/2005 à 16:28 TU