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Paludisme

Un nouveau vecteur découvert au Cameroun

L'anophéle est le&nbsp;vecteur du paludisme. Un nouveau spécimen, a<em>nopheles ovengensis</em>, a été identifié dans le sud du Cameroun. 

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L'anophéle est le vecteur du paludisme. Un nouveau spécimen, anopheles ovengensis, a été identifié dans le sud du Cameroun.
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Une équipe de chercheurs de l’Organisation de coordination pour la lutte contre les endémies en Afrique Centrale (Oceac) et de l’Institut de recherches pour le développement (IRD) a mis en exergue Anopheles ovengensis, une espèce du groupe Anopheles nili, considéré comme un des vecteurs secondaires du paludisme au Cameroun. Ce qui permet « d’affiner les méthodes de lutte antivectorielle et d’envisager des stratégies de prévention et de lutte plus efficaces », sans pour autant affecter la stratégie nationale, basée sur la promotion de la moustiquaire imprégnée d’insecticide répulsif.

De notre correspondant à Yaoundé.

Les spécialistes devront désormais s’habituer à parler d’Anopheles ovengensis, moustique transmetteur de paludisme, nouvellement découvert dans le sud du Cameroun, dans la petite localité éponyme de Oveng. Jusque-là, on savait que le paludisme, qui touche environ 600 millions de personnes dans le monde, et entraîne le décès de 2 millions d’individus par an, est dû au Plasmodium, agent pathogène transmis à l’homme par des moustiques du genre Anopheles, dont le fameux Plasmodium falciparum particulièrement virulent dans la région. Au Cameroun, l’environnement est favorable à la prolifération des anophèles ( eau claire, milieu bien ensoleillé et dépourvu de matière organique), de l’avis des experts. On y distingue une variété d’Anophèles recensés, qui se répartissent en plusieurs groupes constituant autant de « complexes » : le premier, vecteur principal, répandu dans tout le pays, est Anopheles gambiae ; Anopheles funestus, Anopheles moucheti, et Anopheles nili, constituent les vecteurs secondaires, localisés.

C’est précisément en poussant plus loin l’étude de Anopheles nili, que les chercheurs ont découvert Anopheles ovengensis. « L’étude de larves et d’adultes collectés le long des rives du Ntem ( fleuve qui constitue, par endroits, une limite naturelle entre le Cameroun et le Gabon, Ndlr), au Sud du Cameroun, a permis de mettre en évidence des variations morphologiques entre spécimens, rendant difficile leur classification au sein de l’une des trois espèces connues du groupe A. nili. Cette observation suggère l’existence d’une nouvelle variante dite ‘Oveng form’, du nom du village où celle-ci a été découverte. Grâce aux outils de la biologie, les chercheurs ont pu confirmer, génétiquement, les différences observées et élever ‘l’Oveng form’ nouvelle espèce, sous le nom d’A. ovengensis. La découverte du parasite P. falciparum chez cette nouvelle espèce démontre qu’il s’agit d’un nouveau vecteur de paludisme », explique une fiche officielle de l’Institut de recherche pour le développement (IRD), à propos de cette recherche.

« Affiner les méthodes de lutte antivectorielle »

« Cette découverte  présente avant tout un grand intérêt pour la recherche », convient le docteur Etienne Fondjo, entomologiste médical et secrétaire permanent adjoint du Comité national de lutte contre le paludisme au Cameroun, comme s’il fallait tempérer une forme de « publicité » faite sur le sujet et juguler d’éventuelles inquiétudes au sein de la population. Les pistes d’une autre étape de la recherche sont d’ores et déjà balisées. « Il faut une étude globale sur la dynamique de la transmission. En l’occurrence on devrait chercher à savoir si cette nouvelle espèce constitue, dans le village où elle a été découverte, le vecteur principal du paludisme », explique le docteur Fondjo, s’arrêtant sur un des centres d’intérêt de la recherche ainsi ouverte.

« Une étude plus approfondie, en cours, permettra de mieux appréhender son rôle dans la transmission de la maladie », concèdent les chercheurs de l’Oceac et de l’IRD dans un document relatif à la découverte. Et concluent, en prenant en compte leur découverte, à la non existence de Plasmodium falciparum chez A.rivulorum-like, une nouvelle espèce du groupe A.funestus : « Les connaissances acquises sur ces vecteurs favorisent une meilleure  compréhension de l’épidémiologie de cette maladie. La caractérisation de la distribution géographique de chaque moustique vecteur, du taux d’infestation de celui-ci et des mécanismes qu’il met en jeu dans la transmission du parasite à l’homme permet d’affiner les méthodes de lutte antivectorielle et ainsi d’envisager des stratégies de prévention et de lutte plus efficaces ».

Il n’empêche. Le Cameroun n’est pas le moins du monde bouleversé par la découverte de Anopheles ovengensis. Pour l’instant tout au moins. « Nous n’allons pas pour autant changer notre stratégie de lutte contre le paludisme, laquelle est basée sur la promotion de la moustiquaire imprégnée », confie le docteur Fondjo. Pour atteindre le point d’achèvement de l’initiative en faveur des Pays pauvres très endettés (PPTE) qui devrait s’accompagner de la réduction de sa dette, le Cameroun est censé, entre autres mesures, s’assurer que 5% des femmes enceintes utilisent les moustiquaires imprégnées, au titre de la « protection et prévention contre le paludisme ».



par Valentin  Zinga

Article publié le 22/11/2004 Dernière mise à jour le 20/11/2005 à 15:42 TU