Santé
Des gènes pour bloquer le paludisme
C’est de la génétique que pourraient venir les principales avancées en matière de lutte contre le paludisme dans les prochaines années. Un consortium international de chercheurs vient, en effet, d’annoncer le décryptage du génome du parasite responsable de la maladie et du moustique qui la transmet. Ces découvertes permettent aux scientifiques de disposer, aujourd’hui, de toutes les pièces d’un puzzle qu’il leur faut maintenant reconstruire pour comprendre comment trouver des parades efficaces en terme de transmission et de traitement.
Le décryptage des génomes du parasite responsable du paludisme, Plasmodium falciparum, et du moustique qui l’héberge et le transmet à l’homme, l’anophèle femelle, a été obtenu grâce aux recherches menées par des équipes internationales qui ont conjugué leurs efforts pendant six ans et viennent de publier les résultats de leur travail dans deux revues, Science et Nature. Les scientifiques ont ainsi réussi à identifier 5 300 gènes chez le parasite et 14 000 chez le moustique. Ce qui représente un progrès énorme. Il y a trois ans, on ne connaissait, en effet, que dix gènes complets de l’anophèle. Il s’agit donc d’un véritable bond en avant réalisé par les chercheurs.
«Nous avons désormais la cartographie de base, pour l’homme, pour le Plasmodium et pour le moustique», a estimé le docteur Carlos Morel, directeur du programme de recherche sur les maladies tropicales de l’Organisation mondiale de la Santé. En effet, le décryptage du génome humain est en cours d’achèvement et représente la troisième donnée de l’équation. Reste maintenant à réaliser le long parcours qui mène à la mise au point d’applications utiles à l’homme. Après avoir identifié les gènes, il faut donc réussir à comprendre leur fonctionnement. Condition sine qua non pour trouver des moyens de lutte contre la transmission et de nouveaux traitements plus efficaces, voire un vaccin, contre une maladie qui est un véritable fléau.
Entre 1,5 et 2,7 millions de morts par an
Le paludisme est, en effet, l’une des maladies les plus meurtrières. Il tue encore, chaque année, entre 1,5 et 2,7 millions de personnes dans le monde (dont environ 90 % en Afrique). Malgré cette situation plus que préoccupante, il a été pendant longtemps le parent pauvre de la recherche. Notamment à cause du manque d’intérêt des grands laboratoires pharmaceutiques qui préféraient se concentrer sur des domaines plus rentables en terme de retour sur investissement. Une attitude souvent dénoncée par les associations ou même l’OMS et qui n’a commencé à changer qu’il y deux ou trois ans. Notamment avec la création du Fonds mondial de lutte contre le paludisme, le sida et la tuberculose. La découverte annoncée hier redonne donc l’espoir aux millions de personnes qui vivent dans les zones à risque de voir la tendance s’inverser.
De l’avis de tous les spécialistes, le décryptage des génomes du parasite et du moustique ouvre, en effet, des perspectives encourageantes. Mais il faudra être patient car les chercheurs ne sont qu’au début d’un long processus qui prendra au moins cinq à dix ans pour aboutir. Ils savent malgré tout déjà quelles pistes explorer. L’identification des gènes du parasite pourrait permettre de comprendre comment il envahit les globules rouges de l’homme et de trouver des traitements. La connaissance de ceux des moustiques va, par exemple, permettre d’appréhender le processus de «désintoxication» grâce auquel ils résistent de mieux en mieux aux insecticides. Et ainsi de mettre au point des produits plus efficaces. De la même manière, elle va donner la possibilité d’identifier «les récepteurs» olfactifs qui permettent aux anophèles de «renifler» les êtres humains avant de les piquer pour produire de nouveaux répulsifs. Il s’agit ainsi de limiter la transmission de la maladie et de lutter contre les phénomènes de résistance. On pourrait même envisager de rendre les anophèles inoffensifs par une manipulation génétique réalisée en laboratoire. Mais cette technique comporte des risques. Pour le professeur Paul Brey, chef de l’unité de biochimie et de biologie moléculaire des insectes à l’Institut Pasteur, «les moustiques transgéniques sont un formidable outil de laboratoire… mais les lâcher serait irresponsable… car nous n’avons pas la moindre idée de la façon dont une population de moustiques transgéniques pourrait supplanter les populations naturelles».
«Nous avons désormais la cartographie de base, pour l’homme, pour le Plasmodium et pour le moustique», a estimé le docteur Carlos Morel, directeur du programme de recherche sur les maladies tropicales de l’Organisation mondiale de la Santé. En effet, le décryptage du génome humain est en cours d’achèvement et représente la troisième donnée de l’équation. Reste maintenant à réaliser le long parcours qui mène à la mise au point d’applications utiles à l’homme. Après avoir identifié les gènes, il faut donc réussir à comprendre leur fonctionnement. Condition sine qua non pour trouver des moyens de lutte contre la transmission et de nouveaux traitements plus efficaces, voire un vaccin, contre une maladie qui est un véritable fléau.
Entre 1,5 et 2,7 millions de morts par an
Le paludisme est, en effet, l’une des maladies les plus meurtrières. Il tue encore, chaque année, entre 1,5 et 2,7 millions de personnes dans le monde (dont environ 90 % en Afrique). Malgré cette situation plus que préoccupante, il a été pendant longtemps le parent pauvre de la recherche. Notamment à cause du manque d’intérêt des grands laboratoires pharmaceutiques qui préféraient se concentrer sur des domaines plus rentables en terme de retour sur investissement. Une attitude souvent dénoncée par les associations ou même l’OMS et qui n’a commencé à changer qu’il y deux ou trois ans. Notamment avec la création du Fonds mondial de lutte contre le paludisme, le sida et la tuberculose. La découverte annoncée hier redonne donc l’espoir aux millions de personnes qui vivent dans les zones à risque de voir la tendance s’inverser.
De l’avis de tous les spécialistes, le décryptage des génomes du parasite et du moustique ouvre, en effet, des perspectives encourageantes. Mais il faudra être patient car les chercheurs ne sont qu’au début d’un long processus qui prendra au moins cinq à dix ans pour aboutir. Ils savent malgré tout déjà quelles pistes explorer. L’identification des gènes du parasite pourrait permettre de comprendre comment il envahit les globules rouges de l’homme et de trouver des traitements. La connaissance de ceux des moustiques va, par exemple, permettre d’appréhender le processus de «désintoxication» grâce auquel ils résistent de mieux en mieux aux insecticides. Et ainsi de mettre au point des produits plus efficaces. De la même manière, elle va donner la possibilité d’identifier «les récepteurs» olfactifs qui permettent aux anophèles de «renifler» les êtres humains avant de les piquer pour produire de nouveaux répulsifs. Il s’agit ainsi de limiter la transmission de la maladie et de lutter contre les phénomènes de résistance. On pourrait même envisager de rendre les anophèles inoffensifs par une manipulation génétique réalisée en laboratoire. Mais cette technique comporte des risques. Pour le professeur Paul Brey, chef de l’unité de biochimie et de biologie moléculaire des insectes à l’Institut Pasteur, «les moustiques transgéniques sont un formidable outil de laboratoire… mais les lâcher serait irresponsable… car nous n’avons pas la moindre idée de la façon dont une population de moustiques transgéniques pourrait supplanter les populations naturelles».
par Valérie Gas
Article publié le 03/10/2002