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Santé

La fièvre du Nil menace les Etats-Unis

Arrivé aux Etats-Unis en 1999, le virus du Nil occidental s’est répandu cet été dans plusieurs régions du pays. La situation n’est pas alarmante mais une trentaine de décès ont tout de même été recensés. Transmis par les moustiques, ce virus peut, en effet, entraîner la mort chez les personnes fragiles.
Les dernières évaluations publiées par le Centre de contrôle des maladies d’Atlanta recensent au moins 555 cas de contamination par le virus du Nil occidental, répartis sur plus de vingt Etats américains. Le nombre de décès s’élève à trente et un depuis le début de l’année 2002. Si la plupart du temps, l’infection ne provoque pas l’apparition de symptôme, il existe des risques de complications très graves, voire même mortelles, dans environ 10% des cas. Parmi ceux-ci, l’encéphalite qui semble avoir été à l’origine de la plupart des décès recensés durant les derniers mois aux Etats-Unis. Aucun vaccin, ni médicament antiviral n’est aujourd’hui disponible pour combattre cette maladie qui frappe d’abord les personnes âgées ou immunodéficientes.

Aux Etats-Unis, de nouveaux cas de contamination ont été notifiés quasiment chaque semaine durant l’été, et cette année plus que les précédentes. Si l’épidémie n’explose pas, elle continue, semble-t-il, à se propager lentement mais inexorablement. Elle a même atteint le Canada où les premiers cas de contamination humaine viennent d’être signalés. C’est dans les régions du sud des Etats-Unis que la situation est la plus préoccupante, notamment en Louisiane, au Texas et au Mississipi. Le climat chaud et humide qui y règne semble propice au développement des agents pathogènes. Mais c’est à New York, en 1999, que les premières victimes avaient été recensées dans le pays.

Avant cette date, le virus du Nil occidental n’avait pas franchi l’Atlantique. Détecté pour la première fois en 1937, dans une région d’Ouganda qui porte le même nom, il s’est répandu dans plusieurs pays, situés bien au-delà de son berceau d’origine. Il a atteint l’Egypte puis le Proche Orient dans les années 50 et la France, dans les années 60. Depuis le début des années 90, l’Algérie, le Maroc, la Roumanie, Israël, la Russie, la France ont été touchés. Dans certains cas plus que d’autres. En Roumanie, en 1996, quarante personnes sont décédées et plus de cinq cents ont été infectées. En France, par contre, le virus n’a contaminé que des chevaux durant l’été 2000.

Les oiseaux peuvent faire office de «réservoirs»

La transmission du virus à l’homme ou au cheval, les deux principales espèces touchées par la contamination, se fait toujours par les piqûres d’un moustique Culex. Par contre, certains oiseaux peuvent faire office de «réservoir». Ils ne transmettent pas la maladie mais la transportent, permettant ainsi à des moustiques qui les piquent de propager le virus à l’autre bout de la planète. C’est d’ailleurs peut-être la migration de certaines espèces au-dessus de l’Atlantique qui pourrait expliquer que le virus du Nil occidental a franchi cette barrière naturelle. Mais une autre hypothèse est aussi évoquée: la présence de moustiques porteurs dans des avions à destination des Etats-Unis.

La propagation d’un virus apparu dans un pays du Sud, dans les Etats du Nord est un phénomène dont la fréquence a augmenté ces dernières années de manière significative. On parle de maladies «émergentes». Les scientifiques évoquent plusieurs hypothèses pour expliquer cette situation. Pour certains, le réchauffement de la planète, les sécheresses, et autres inondations augmentent les risques de développement des épidémies. A ce facteur climatique, on peut ajouter des facteurs sociologiques. L’urbanisation dans des zones de marais, comme en Louisiane, pourrait, en effet, favoriser la contamination en exposant les populations au contact avec les moustiques vecteurs qui y trouvent un milieu propice à leur développement.

Dans ce contexte, les chercheurs s’intéressent de plus en plus aux maladies «émergentes». Le Centre de coopération international en recherche agronomique pour le développement (Cirad), l’Institut Pasteur et l’Institut de recherche pour le développement (IRD), trois organismes français, viennent ainsi de signer un accord de coopération pour partager, pendant trois ans, leurs connaissances et leurs ressources en vue de faire avancer la recherche dans ce domaine et prévenir les risques d’extension de ces virus.



par Valérie  Gas

Article publié le 02/09/2002