Rechercher

/ languages

Choisir langue
 

Sénégal

Le premier téléthon contre le paludisme

Le ministère de la Santé du Sénégal organise samedi 5 juillet un téléthon destiné à renforcer l’action de l’Etat en faveur des paludéens. L’émission télévisée constitue une grande première dans la lutte contre le paludisme, première cause de mortalité au Sénégal. L’objectif est de récolter un milliard de francs CFA.

Malgré les efforts du Sénégal pour lutter contre le paludisme, celui-ci reste, avec vingt-deux décès par jour, le premier problème de santé publique du pays. C’est pourquoi le ministère de la Santé, de l’Hygiène et de la Prévention organise, en partenariat avec la Fondation Sonatel (Société Nationale des Télécommunications) et la RTS (Radiodiffusion Télévision Sénégalaise), la première édition d’un téléthon samedi 5 juillet.
L'émission télévisée se fera en direct, avec un plateau central à Dakar et deux autres à Kaolack et Ziguinchor. Pendant quatre heures, les interventions de médecins, sportifs et artistes (musiciens, chanteurs, plasticiens) se succèderont. Il s’agira au cours de cette grande première dans la lutte antipaludique de sensibiliser la nation sur les effets néfastes de la maladie et de rassembler des fonds. L’objectif : réunir un milliard de francs CFA. «Les stratégies classiques doivent être dépassées», a estimé la ministre de la Santé Awa Marie Coll-Seck, en espérant que ce téléthon permettra «d’acheter des médicaments, des sérums, des perfuseurs…».
Les organisateurs du téléthon ont cependant rappelé que cette opération, dont la marraine est Vivianne Wade, la femme du Président de la République du Sénégal, n’est qu’un événement ponctuel venant renforcer l’action menée par l’Etat à travers son Programme national de lutte contre le paludisme 2001-2005. Cette manifestation entre en effet dans le cadre de l’initiative «Faire reculer le paludisme», lancée en 1998 par l’OMS. Sa finalité est de réduire la pathologie, qui est la «première cause de consultation et de mortalité» au Sénégal, selon Awa Marie Coll-Seck.

8 000 décès par an au Sénégal

Le paludisme reste aujourd’hui un fléau mondial, tuant chaque année un million et demi de personnes à travers le monde, soit un décès toutes les trente secondes. Au Sénégal, il cause 8 000 décès par an et représente 35% des motifs de consultations médicales. Cette maladie y sévit de manière endémique et se présente dans 20% des cas sous des formes graves, pouvant entraîner la mort. La ministre de la Santé a précisé que si les fonds obtenus sont insuffisants, «priorité sera donnée aux enfants de moins de cinq ans, les plus vulnérables, ainsi qu’aux femmes enceintes».

Si le coût humain de cette pathologie est catastrophique, son impact sur la richesse du pays est considérable. L’absentéisme qu’elle engendre fait baisser la productivité et entrave le développement. Selon le docteur Pape Amadou Diack, coordinateur du Programme national de lutte contre le paludisme, celui-ci représente une perte de l’ordre de 1,3% du PIB.

Selon le protocole en vigueur, le médicament pour soigner le paludisme est à base de chloroquine. Cette molécule associe la meilleure efficacité au coût le plus faible. Mais le virus a muté et est devenu en grande partie résistant à cette molécule. Ce phénomène de résistance a été observé pour la première fois en Afrique de l’Est en 1979 et s’est depuis généralisé à presque tous les pays touchés par la maladie. «Le taux d’échec clinique à la chloroquine est devenu supérieur à 25% en moyenne», a déclaré le professeur Omar Gaye, chef de service de parasitologie médicale à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar.



par Muriel  Le Dieu

Article publié le 04/07/2003