Sénégal
Diamacoune-Sidy Badji: la guerre des chefs
La rencontre «historique» Diamacoune-Wade le 4 mai dernier à Dakar ne serait elle qu'une rencontre de plus ? Des événements survenus depuis cette date semblent l'attester. Pour le numéro 2 du MFDC et conseiller aux affaires militaires de ce mouvement, Sidy Badji, les décisions prises lors de cette rencontre entre le président Wade et l'Abbé Diamacoune Senghor, n'engagent que ce dernier. Il l'a signifié mardi à une délégation gouvernementale conduite par le ministre de l'Intérieure, le général Mamadou Niang.
De notre correspondant à Dakar
Cela semblait trop beau pour être vrai. La paix en Casamance, avec des maquisards qui déposent les armes et rentrent tranquillement dans leurs villages, amnistiés par la République de tous les actes répréhensibles qu'ils avaient commis. Les Sénégalais, suspicieux devant l'Éternel sur la question casamançaise, qui doutaient qu'un tel miracle puisse se produire, ont eu depuis des raisons de conforter leurs doutes.
En effet, trois jours après cette rencontre qualifiée d'historique, deux attaques armées attribuées aux éléments appartenant au MFDC, font un mort ( militaire) et trois blessés dont deux civils. Lundi 12 mai, les maquisards remettent ça faisant quatre blessés chez les militaires. Déjà, le lundi 5 mai, environ 500 réfugiés quittaient la Gambie dans des circonstances que les autorités refusent de qualifier d'«expulsion». Mais cela ne faisait aucun doute pour les organisations humanitaires qui les ont pris en charge pendant une semaine à Ziguinchor.
Pour ceux qui doutaient encore que ces événements ne relevaient pas d'un hasard mais étaient bien le fait d'éléments du MFDC (maquisards et aile politique) qui contestent la démarche de Diamacoune, ils en auront confirmation le mardi 13 mai lors d'une visite à Ziguinchor d'une délégation gouvernementale conduite par le général Niang, ministre de l'Intérieure. Devant des officiels venus rendre compte des résultats de la «rencontre historique», le fondateur du maquis, le vieux Sidy Badji, bien que diminué par une maladie qui le ronge depuis quelques semaines, s'en prend à l'Abbé Diamacoune qu'il accuse de tous les maux, dont celui de «rouler» pour lui même et de l'ignorer royalement dans ses démarches vis à vis du gouvernement.
Afflux de bonnes nouvelles
Pour Sidy Badji, les décisions prises à Dakar le 4 mai dernier n'engagent que l'Abbé Diamacoune et le président Wade, et qu'en tout état de cause, lui et ses partisans, ne se rendraient pas à la réunion du mouvement prévue à Bissau dont on ignore toujours la date. Ne mâchant pas ses mots, devant une délégation ébahie, l'ancien tirailleur sénégalais et ancien maquisard, accuse le vieux prélat d'avoir envoyé des jeunes gens dans le maquis au nom de l'indépendance: «c'est toi qui a envoyé des gens dans le maquis pour l'indépendance; aujourd'hui tu n'en parles plus, tu ne parles que de paix; si tu n'y crois plus, dis-le à ceux qui sont dans le maquis et aux Casamançais».
Il reste que cette sortie musclée de Sidy Badji semble isolée. En effet, outre l'Abbé Diamacoune, l'Église, par la voix de Mgr Maixent Coly et l'imam de Ziguinchor, appuient tous les efforts de paix entrepris depuis quelques semaines par le président Wade et Diamacoune. Le gouvernement qui déploie des moyens énormes pour parvenir à la paix, même à marche forcée, a décidé lors du Conseil des ministres le jeudi 7 mai, de dépêcher le Premier ministre Idrissa Seck à Ziguinchor, pour ramener à de meilleurs sentiments Sidy Badji. Si la date de ce déplacement n'est pas encore connue, il pourrait cependant avoir lieu le 24 mai prochain, lors d'un meeting de son parti, le PDS, annoncé mercredi par la presse, meeting prévu à Mlomp, dans le département de Oussouye, à une quarantaine de km de Ziguinchor.
Depuis la rencontre Wade-Diamacoune le 4 mai dernier, le gouvernement ne cesse d'annoncer des bonnes nouvelles pour la Casamance. C'est ainsi que lors d'une conférence de presse tenue le vendredi 9 mai, le Premier ministre Idrissa Seck, qui rendait compte de son voyage aux USA pour rencontrer les institutions de Breton Woods (FMI et banque mondiale), a annoncé la décision des Etats-Unis de débloquer dix millions de dollars pour la reconstruction de la Casamance. Mardi dernier, c'est l'Allemagne qui annonce également avoir débloqué environ 4 milliards de FCFA (3,935 milliards de dollars) pour l'achat d'un bateau en remplacement du Joola qui a fait naufrage le 26 septembre dernier alors qu'il reliait Ziguinchor à Dakar.
Cela semblait trop beau pour être vrai. La paix en Casamance, avec des maquisards qui déposent les armes et rentrent tranquillement dans leurs villages, amnistiés par la République de tous les actes répréhensibles qu'ils avaient commis. Les Sénégalais, suspicieux devant l'Éternel sur la question casamançaise, qui doutaient qu'un tel miracle puisse se produire, ont eu depuis des raisons de conforter leurs doutes.
En effet, trois jours après cette rencontre qualifiée d'historique, deux attaques armées attribuées aux éléments appartenant au MFDC, font un mort ( militaire) et trois blessés dont deux civils. Lundi 12 mai, les maquisards remettent ça faisant quatre blessés chez les militaires. Déjà, le lundi 5 mai, environ 500 réfugiés quittaient la Gambie dans des circonstances que les autorités refusent de qualifier d'«expulsion». Mais cela ne faisait aucun doute pour les organisations humanitaires qui les ont pris en charge pendant une semaine à Ziguinchor.
Pour ceux qui doutaient encore que ces événements ne relevaient pas d'un hasard mais étaient bien le fait d'éléments du MFDC (maquisards et aile politique) qui contestent la démarche de Diamacoune, ils en auront confirmation le mardi 13 mai lors d'une visite à Ziguinchor d'une délégation gouvernementale conduite par le général Niang, ministre de l'Intérieure. Devant des officiels venus rendre compte des résultats de la «rencontre historique», le fondateur du maquis, le vieux Sidy Badji, bien que diminué par une maladie qui le ronge depuis quelques semaines, s'en prend à l'Abbé Diamacoune qu'il accuse de tous les maux, dont celui de «rouler» pour lui même et de l'ignorer royalement dans ses démarches vis à vis du gouvernement.
Afflux de bonnes nouvelles
Pour Sidy Badji, les décisions prises à Dakar le 4 mai dernier n'engagent que l'Abbé Diamacoune et le président Wade, et qu'en tout état de cause, lui et ses partisans, ne se rendraient pas à la réunion du mouvement prévue à Bissau dont on ignore toujours la date. Ne mâchant pas ses mots, devant une délégation ébahie, l'ancien tirailleur sénégalais et ancien maquisard, accuse le vieux prélat d'avoir envoyé des jeunes gens dans le maquis au nom de l'indépendance: «c'est toi qui a envoyé des gens dans le maquis pour l'indépendance; aujourd'hui tu n'en parles plus, tu ne parles que de paix; si tu n'y crois plus, dis-le à ceux qui sont dans le maquis et aux Casamançais».
Il reste que cette sortie musclée de Sidy Badji semble isolée. En effet, outre l'Abbé Diamacoune, l'Église, par la voix de Mgr Maixent Coly et l'imam de Ziguinchor, appuient tous les efforts de paix entrepris depuis quelques semaines par le président Wade et Diamacoune. Le gouvernement qui déploie des moyens énormes pour parvenir à la paix, même à marche forcée, a décidé lors du Conseil des ministres le jeudi 7 mai, de dépêcher le Premier ministre Idrissa Seck à Ziguinchor, pour ramener à de meilleurs sentiments Sidy Badji. Si la date de ce déplacement n'est pas encore connue, il pourrait cependant avoir lieu le 24 mai prochain, lors d'un meeting de son parti, le PDS, annoncé mercredi par la presse, meeting prévu à Mlomp, dans le département de Oussouye, à une quarantaine de km de Ziguinchor.
Depuis la rencontre Wade-Diamacoune le 4 mai dernier, le gouvernement ne cesse d'annoncer des bonnes nouvelles pour la Casamance. C'est ainsi que lors d'une conférence de presse tenue le vendredi 9 mai, le Premier ministre Idrissa Seck, qui rendait compte de son voyage aux USA pour rencontrer les institutions de Breton Woods (FMI et banque mondiale), a annoncé la décision des Etats-Unis de débloquer dix millions de dollars pour la reconstruction de la Casamance. Mardi dernier, c'est l'Allemagne qui annonce également avoir débloqué environ 4 milliards de FCFA (3,935 milliards de dollars) pour l'achat d'un bateau en remplacement du Joola qui a fait naufrage le 26 septembre dernier alors qu'il reliait Ziguinchor à Dakar.
par Demba Ndiaye
Article publié le 16/05/2003
