Sénégal
La fin de Salif Sadio
Salif Sadio, ancien chef de l’état-major du maquis du temps de son unité du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC) aurait pu écrire de son sang et à trois reprises cette fameuse phrase : «on m’a… encore tuer». En effet, en 1997, 1999 et 2002, l’homme qui symbolisa l’aile dure de la rébellion casamançaise et donna des cauchemars aux autorités sénégalaises et à son armée, durant la décennie 1990- 2001, a été donné comme mort. Très souvent par des sources «proches» des services de sécurité, mais jamais identifiées.
Cette fois, l’information vient de ses anciens compagnons d’armes qui se sont révoltés en décembre 2000 contre lui, ses méthodes de direction et de certaines dérives du maquis qu’ils estimaient inacceptables, et l’ont poussé à s’enfuir de l’état-major. Il aurait été blessé aux deux jambes par un tir de bazooka lors de la prise de l’état-major mi-2001, évacué par ses fidèles vers le Fogny (un des multiples anciens royaumes de la Casamance), où il décèdera «quelques mois plus tard». Retour sur l’histoire de la grandeur et de la décadence de celui qui fut le chef d’état-major du maquis, des luttes fratricides de l’aile militaire à partir de décembre 2000 et, aujourd’hui, des tentatives de réconciliation des frères ennemis et de l’impasse dans laquelle se trouve le processus de négociation entre le gouvernement et le mouvement rebelle.
Cette fois, l’information vient de ses anciens compagnons d’armes qui se sont révoltés en décembre 2000 contre lui, ses méthodes de direction et de certaines dérives du maquis qu’ils estimaient inacceptables, et l’ont poussé à s’enfuir de l’état-major. Il aurait été blessé aux deux jambes par un tir de bazooka lors de la prise de l’état-major mi-2001, évacué par ses fidèles vers le Fogny (un des multiples anciens royaumes de la Casamance), où il décèdera «quelques mois plus tard». Retour sur l’histoire de la grandeur et de la décadence de celui qui fut le chef d’état-major du maquis, des luttes fratricides de l’aile militaire à partir de décembre 2000 et, aujourd’hui, des tentatives de réconciliation des frères ennemis et de l’impasse dans laquelle se trouve le processus de négociation entre le gouvernement et le mouvement rebelle.
De notre envoyé spécial à Ziguinchor
Vendredi 25 avril dernier aux environs de 12h30, mon téléphone sonne à Dakar : «prends tes bagages, viens à Ziguinchor, Salif Sadio est mort !». L’appel vient d’une de mes «gorges profondes» de la région, très crédible, et dont tout journaliste rêve de disposer. Par un extraordinaire concours de circonstances, il y a un an, presque jour pour jour, (mi-mars) la presse nationale annonçait pour la deuxième fois en cinq ans, la mort du chef rebelle. Le 2 avril 2002, alors grand reporter dans le quotidien privé Sud quotidien, nous publiions un article, preuve à l’appui, (deux lettres signées de lui et adressées à l’abbé Diamacoune) que Salif était toujours vivant. Dans la première, il donnait sa version du bilan d’une opération de ratissage de l’armée dans le département de Bignona et qui contestait celui fait par l’armée paru dans la presse, la seconde, mettait en garde l’abbé Diamacoune «contre les mensonges des autorités sénégalaise qui ne disent jamais la vérité». Or, ces deux lettres, certifiées et authentifiées, étaient bien postérieures à la date supposée de sa mort, ainsi que les événements dont il était question.
La soixantaine bien sonnée, longiligne, maigre comme un clou mais musclé, les cheveux poivre-et-sel, l’homme que nous rencontrons après deux jours d’attente, quelque part dans le département de Oussouye, au cœur du «Kassa», n’est pas un inconnu. Sa vie, il la porte en bandoulière avec les multiples surnoms qu’il s’est affabulé : Neil Amstrong, Fu Manchu, Kédenkané. Un kaléidoscope de notes musicales tristes (Amstrong), brutales et mortelles (Fu Manchu) comme le staccato d’une mitrailleuse («quand je reste longtemps sans entendre le bruit de coups de feu, je suis malade», confie-t-il) et triste comme son surnom diola : Kédenkané, littéralement «celui qui a été confié» [élevé par d’autres, ndlr]. «Ma mère est restée longtemps sans avoir d’enfants, quand elle m’a eu, elle a eu peur de me perdre et m’a confié à une tante».
Salif Sadio, le Sphynx
Neil se définit aujourd’hui comme le «doyen» du maquis. Doyen d’âge, et doyen dans la lutte. C’est aussi lui, qui conçut et organisa la révolte contre Salif Sadio et ses partisans à partir de la mi-décembre 2000. C’est le moment de poser la question, objet de ce voyage au cœur du Kassa : «où est Salif ?». S’ensuivit alors un long dialogue haché. Car l’homme, peut passer de sourires charmants qui découvrent ses dents jaunies par la nicotine, aux éclats de voix violents et de diatribes toutes aussi violentes contre les journalistes «qui veulent vendre leur journal : agents de l’État sénégalais etc. Quoi Salif ?» «Est-il mort ou vivant ?». Il braque sur vous un regard perçant de ses yeux rouges comme s’il s’apprêtait à vous fusiller avec sa kalach. Puis, énervé, il finit par lâcher vite, comme s’il voulait en finir avec cette histoire de Salif : «Le problème de Salif est effacé. J’ai entendu qu’il est mort ; je suis sûr qu’il est mort. Et puis, le problème n’est pas si Salif est mort ou pas, alors que mon papa Diamacoune est en prison, bâillonné». Longue tirade sur ce thème et sur le «génocide» de son peuple, avant de le ramener au sujet. «Salif n’est plus ; il a été tué durant le choc entre ses hommes et ceux de César [César Atout Badiatte, nouveau chef d’état-major de l’aile loyaliste du maquis, qui se réclame de l’abbé Diamacoune, ndlr].»
Finalement, au bout de trois heures de discussions souvent heurtées et pénibles Neil-Fu Manchu-Kédenkané nous retrace les péripéties qui ont conduit au conflit interne le plus sanglant qu’ait connu la branche militaire du MFDC depuis sa création au début des années 80.
Tout commence à la fin de la deuxième guerre de la Guinée-Bissau, quand le général Ansoumana Mané, le tombeur de l’ancien président Bernardo Vieira, se retourne contre le président élu, Kumba Yalla, fin 1998 début 1999. Longtemps considéré comme le protégé de Mané, Salif Sadio se range derrière lui, alors que les autres, l’aile qui se soulèvera contre lui soutient Kumba Yalla. Et -secret de polichinelle- ce sont eux qui lui sauvent son fauteuil, son armée étant alors très divisée. Salif, comme Ansoumana Mané est musulman. A la mort de ce dernier, Salif, affaibli par les divisions internes du maquis, devient «orphelin» et se lance dans une politique de terre brûlée avec de multiples exactions sur les routes de la Casamance. Il ne se passe pas une semaine sans que des véhicules de transport ne soient arraisonnés, les voyageurs dépouillés et/ou tués. L’abbé Diamacoune s’énerve et désavoue les pratiques de celui qu’il appelait dans ses correspondances, «mon général». Devant la persistance des exactions des hommes de Salif, l’abbé, dans une lettre particulièrement violente, «renie» Salif Sadio et l’excommunie du maquis.
C’est dans ce contexte que Me Wade arrive au pouvoir et promet de résoudre la crise «en trois mois». Les partisans de Salif ignorent ces promesses présidentielles comme ils déjouent les multiples opérations de ratissage de l’armée pour «sécuriser les personnes et les biens». Courant de l’année 2000, exaspéré par les multiples exactions de ces éléments armés, le président Wade, suite à un conseil des ministres met la tête du chef rebelle à prix : 500 000 FCFA (750 euros) mort ou vif. L’abbé, qui avait pourtant condamné et excommunié son «général» se rebiffe et condamne la mesure présidentielle. Du reste, comme personne n’ira chercher le chef rebelle dans le maquis, cette mise à prix de sa tête est purement symbolique et sera sans effet, jusqu’à l’éclatement entre partisans et adversaires de Salif.
Kedenkané prend souvent des libertés avec la langue de Voltaire. «Salif, de retour de la Libye [avec le général Mané, ndlr] a voulu nous imposer le ‘musulmanisme’, a construit une petite mosquée dans l’état-major, et, pour nous interdire de boire du vin de palme, a demandé qu’on abatte les palmiers». Grave crime dans une région où le vin de palme et le riz blanc sont sacrés. Plus grave aux yeux de Neil, «Salif a voulu «maculer» [il veut dire ici salir] le MFDC par ces exactions et ses crimes. Or, dans le MFDC il n’y a ni tribalisme, ni ethnicisme, ni problèmes de religions. Nous avons dans le maquis des musulmans, des chrétiens, des animistes, des diolas, des peuls, des toucouleurs, alors pourquoi il veut nous imposer cela ?». Commencent alors les «purges» dans le maquis contre ceux qui contestent ce tournant de «musulmanisation» du maquis. Beaucoup de cadres du maquis vont être exécutés. «Les gens du Kassa qui refusaient qu’on leur impose la religion musulmane ont quitté l’état-major pour aller s’installer ailleurs», explique Kédenkané.
La gravité de la crise du maquis est parvenu aux oreilles des sages civils qui souvent jouent le rôle de conseillers et qui sont très écoutés. «Les sages venus dans le maquis pour s’informer et calmer le jeu ont été arrêtés par Salif, certains ont été exécutés». L’heure de la révolte va alors sonner vers la fin décembre, jusqu’à cette nuit où sous la direction de Neil, les adversaires de Salif passent à l’action. «Dans la même nuit trois camps tombent. Il s’agit de Mugnamulengué, de Kassolol (actuel état-major) et de Cachu». Le lendemain, euphorique face à ces victoires «faciles», Neil, le «doyen» du maquis, demande à ses hommes d’attaquer l’état-major où se trouvent Salif et ses hommes. «Les enfants »(c’est ainsi qu’il appelle ses hommes) lui font comprendre que mieux vaut faire tomber d’abord les camps situés à l’ouest (la 1ère, la 2ème et la 22ème) où se trouvent le gros de l’armement de Salif pour empêcher tout soutien logistique lors de l’assaut contre l’état-major, le dernier rempart.
Ces camps tombent l’un après l’autre après de rudes batailles qui vont s’étaler sur des mois. Finalement, c’est début juillet 2001 que l’état-major est tombé. Dans son édition du 2 juillet 2001, le quotidien privé sénégalais, Sud quotidien titre : «Barka mandiagou, l’état-major du maquis est tombé». C’est à ce niveau des discussions, après plusieurs heures, que Neil accepte enfin de lâcher : «C’est lors de la deuxième attaque de l’état-major que Salif a été touché aux deux jambes par un tir de bazooka. Ses hommes l’ont transporté vers Banghaga, dans le Fogny, c’est quelque part par là qu’il est mort après des suites de ses blessures, il a été remplacé par son lieutenant, Zakaria Goudiabi». Quand vous insistez pour savoir, à quelle date précise et où, comme à son habitude, Fu Manchu s’énerve et vous ressort ses couplets anti «journalistes-espions du gouvernement qui veulent vendre leurs journaux et leurs radios» . «Je vous dis qu’il est mort ; vous voulez que je vous dise quand il est mort, où il est enterré ? Non, je ne le ferai pas ; je n’étais pas là lors de cette deuxième bataille, et mes ‘enfants’ ne sont pas là pour me le dire. Vous voulez peut-être que le gouvernement aille là-bas chercher…Je vous le répète, il est effacé, terminé ! ».
(A suivre)
Vendredi 25 avril dernier aux environs de 12h30, mon téléphone sonne à Dakar : «prends tes bagages, viens à Ziguinchor, Salif Sadio est mort !». L’appel vient d’une de mes «gorges profondes» de la région, très crédible, et dont tout journaliste rêve de disposer. Par un extraordinaire concours de circonstances, il y a un an, presque jour pour jour, (mi-mars) la presse nationale annonçait pour la deuxième fois en cinq ans, la mort du chef rebelle. Le 2 avril 2002, alors grand reporter dans le quotidien privé Sud quotidien, nous publiions un article, preuve à l’appui, (deux lettres signées de lui et adressées à l’abbé Diamacoune) que Salif était toujours vivant. Dans la première, il donnait sa version du bilan d’une opération de ratissage de l’armée dans le département de Bignona et qui contestait celui fait par l’armée paru dans la presse, la seconde, mettait en garde l’abbé Diamacoune «contre les mensonges des autorités sénégalaise qui ne disent jamais la vérité». Or, ces deux lettres, certifiées et authentifiées, étaient bien postérieures à la date supposée de sa mort, ainsi que les événements dont il était question.
La soixantaine bien sonnée, longiligne, maigre comme un clou mais musclé, les cheveux poivre-et-sel, l’homme que nous rencontrons après deux jours d’attente, quelque part dans le département de Oussouye, au cœur du «Kassa», n’est pas un inconnu. Sa vie, il la porte en bandoulière avec les multiples surnoms qu’il s’est affabulé : Neil Amstrong, Fu Manchu, Kédenkané. Un kaléidoscope de notes musicales tristes (Amstrong), brutales et mortelles (Fu Manchu) comme le staccato d’une mitrailleuse («quand je reste longtemps sans entendre le bruit de coups de feu, je suis malade», confie-t-il) et triste comme son surnom diola : Kédenkané, littéralement «celui qui a été confié» [élevé par d’autres, ndlr]. «Ma mère est restée longtemps sans avoir d’enfants, quand elle m’a eu, elle a eu peur de me perdre et m’a confié à une tante».
Salif Sadio, le Sphynx
Neil se définit aujourd’hui comme le «doyen» du maquis. Doyen d’âge, et doyen dans la lutte. C’est aussi lui, qui conçut et organisa la révolte contre Salif Sadio et ses partisans à partir de la mi-décembre 2000. C’est le moment de poser la question, objet de ce voyage au cœur du Kassa : «où est Salif ?». S’ensuivit alors un long dialogue haché. Car l’homme, peut passer de sourires charmants qui découvrent ses dents jaunies par la nicotine, aux éclats de voix violents et de diatribes toutes aussi violentes contre les journalistes «qui veulent vendre leur journal : agents de l’État sénégalais etc. Quoi Salif ?» «Est-il mort ou vivant ?». Il braque sur vous un regard perçant de ses yeux rouges comme s’il s’apprêtait à vous fusiller avec sa kalach. Puis, énervé, il finit par lâcher vite, comme s’il voulait en finir avec cette histoire de Salif : «Le problème de Salif est effacé. J’ai entendu qu’il est mort ; je suis sûr qu’il est mort. Et puis, le problème n’est pas si Salif est mort ou pas, alors que mon papa Diamacoune est en prison, bâillonné». Longue tirade sur ce thème et sur le «génocide» de son peuple, avant de le ramener au sujet. «Salif n’est plus ; il a été tué durant le choc entre ses hommes et ceux de César [César Atout Badiatte, nouveau chef d’état-major de l’aile loyaliste du maquis, qui se réclame de l’abbé Diamacoune, ndlr].»
Finalement, au bout de trois heures de discussions souvent heurtées et pénibles Neil-Fu Manchu-Kédenkané nous retrace les péripéties qui ont conduit au conflit interne le plus sanglant qu’ait connu la branche militaire du MFDC depuis sa création au début des années 80.
Tout commence à la fin de la deuxième guerre de la Guinée-Bissau, quand le général Ansoumana Mané, le tombeur de l’ancien président Bernardo Vieira, se retourne contre le président élu, Kumba Yalla, fin 1998 début 1999. Longtemps considéré comme le protégé de Mané, Salif Sadio se range derrière lui, alors que les autres, l’aile qui se soulèvera contre lui soutient Kumba Yalla. Et -secret de polichinelle- ce sont eux qui lui sauvent son fauteuil, son armée étant alors très divisée. Salif, comme Ansoumana Mané est musulman. A la mort de ce dernier, Salif, affaibli par les divisions internes du maquis, devient «orphelin» et se lance dans une politique de terre brûlée avec de multiples exactions sur les routes de la Casamance. Il ne se passe pas une semaine sans que des véhicules de transport ne soient arraisonnés, les voyageurs dépouillés et/ou tués. L’abbé Diamacoune s’énerve et désavoue les pratiques de celui qu’il appelait dans ses correspondances, «mon général». Devant la persistance des exactions des hommes de Salif, l’abbé, dans une lettre particulièrement violente, «renie» Salif Sadio et l’excommunie du maquis.
C’est dans ce contexte que Me Wade arrive au pouvoir et promet de résoudre la crise «en trois mois». Les partisans de Salif ignorent ces promesses présidentielles comme ils déjouent les multiples opérations de ratissage de l’armée pour «sécuriser les personnes et les biens». Courant de l’année 2000, exaspéré par les multiples exactions de ces éléments armés, le président Wade, suite à un conseil des ministres met la tête du chef rebelle à prix : 500 000 FCFA (750 euros) mort ou vif. L’abbé, qui avait pourtant condamné et excommunié son «général» se rebiffe et condamne la mesure présidentielle. Du reste, comme personne n’ira chercher le chef rebelle dans le maquis, cette mise à prix de sa tête est purement symbolique et sera sans effet, jusqu’à l’éclatement entre partisans et adversaires de Salif.
Kedenkané prend souvent des libertés avec la langue de Voltaire. «Salif, de retour de la Libye [avec le général Mané, ndlr] a voulu nous imposer le ‘musulmanisme’, a construit une petite mosquée dans l’état-major, et, pour nous interdire de boire du vin de palme, a demandé qu’on abatte les palmiers». Grave crime dans une région où le vin de palme et le riz blanc sont sacrés. Plus grave aux yeux de Neil, «Salif a voulu «maculer» [il veut dire ici salir] le MFDC par ces exactions et ses crimes. Or, dans le MFDC il n’y a ni tribalisme, ni ethnicisme, ni problèmes de religions. Nous avons dans le maquis des musulmans, des chrétiens, des animistes, des diolas, des peuls, des toucouleurs, alors pourquoi il veut nous imposer cela ?». Commencent alors les «purges» dans le maquis contre ceux qui contestent ce tournant de «musulmanisation» du maquis. Beaucoup de cadres du maquis vont être exécutés. «Les gens du Kassa qui refusaient qu’on leur impose la religion musulmane ont quitté l’état-major pour aller s’installer ailleurs», explique Kédenkané.
La gravité de la crise du maquis est parvenu aux oreilles des sages civils qui souvent jouent le rôle de conseillers et qui sont très écoutés. «Les sages venus dans le maquis pour s’informer et calmer le jeu ont été arrêtés par Salif, certains ont été exécutés». L’heure de la révolte va alors sonner vers la fin décembre, jusqu’à cette nuit où sous la direction de Neil, les adversaires de Salif passent à l’action. «Dans la même nuit trois camps tombent. Il s’agit de Mugnamulengué, de Kassolol (actuel état-major) et de Cachu». Le lendemain, euphorique face à ces victoires «faciles», Neil, le «doyen» du maquis, demande à ses hommes d’attaquer l’état-major où se trouvent Salif et ses hommes. «Les enfants »(c’est ainsi qu’il appelle ses hommes) lui font comprendre que mieux vaut faire tomber d’abord les camps situés à l’ouest (la 1ère, la 2ème et la 22ème) où se trouvent le gros de l’armement de Salif pour empêcher tout soutien logistique lors de l’assaut contre l’état-major, le dernier rempart.
Ces camps tombent l’un après l’autre après de rudes batailles qui vont s’étaler sur des mois. Finalement, c’est début juillet 2001 que l’état-major est tombé. Dans son édition du 2 juillet 2001, le quotidien privé sénégalais, Sud quotidien titre : «Barka mandiagou, l’état-major du maquis est tombé». C’est à ce niveau des discussions, après plusieurs heures, que Neil accepte enfin de lâcher : «C’est lors de la deuxième attaque de l’état-major que Salif a été touché aux deux jambes par un tir de bazooka. Ses hommes l’ont transporté vers Banghaga, dans le Fogny, c’est quelque part par là qu’il est mort après des suites de ses blessures, il a été remplacé par son lieutenant, Zakaria Goudiabi». Quand vous insistez pour savoir, à quelle date précise et où, comme à son habitude, Fu Manchu s’énerve et vous ressort ses couplets anti «journalistes-espions du gouvernement qui veulent vendre leurs journaux et leurs radios» . «Je vous dis qu’il est mort ; vous voulez que je vous dise quand il est mort, où il est enterré ? Non, je ne le ferai pas ; je n’étais pas là lors de cette deuxième bataille, et mes ‘enfants’ ne sont pas là pour me le dire. Vous voulez peut-être que le gouvernement aille là-bas chercher…Je vous le répète, il est effacé, terminé ! ».
(A suivre)
par Demba Ndiaye
Article publié le 03/05/2003