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Sénégal

Pire que le <i>Titanic</i>

On l'avait nommé le «Titanic africain», en rapport avec le fameux paquebot. Tout compte fait, pour l'essentiel, la catastrophe du Joola a fait plus de victimes que le Titanic. En effet, en disparaissant dans l’Atlantique, au large de la Gambie, on ignorait qu'il allait battre le record de l'horreur. Lundi 3 février, le Premier ministre sénégalais, Idrissa Seck, a déclaré que le Joola a fait plus de victimes que le célèbre Titanic: «Au moment où je vous parle, nous avons dénombré, 1863 victimes, dont 143 figurant sur le manifeste du bureau; 458 n'y figurant pas, et 262 faisant l'objet de déclarations jugées insuffisantes et sujettes à vérification par les services du ministère de l'Intérieur. Sur ce total, je suis profondément peiné de constater que seules 78 victimes disparues ont pu être l'objet de jugement d'hérédité à ce jour».
De notre correspondant à Dakar

Si, au lendemain du 26 septembre, on n'avait pas tort de parler du «Titanic africain», on s'était trompé sur une chose, la plus importante: le Joola avait fait plus de victimes que le Titanic, que tous les chiffres jusqu'ici avancés étaient en deça de la réalité. Avec les 1863 victimes évoquées par le Premier ministre Idrissa Seck devant les parlementaires, le Joola figure désormais en tête de liste dans la hiérarchie des catastrophes de la navigation civile. Le Titanic qui a fait l'objet de films, et qui était considéré jusqu’ici comme la plus grande perte humaine, vient de passer au second plan du livre des records. En effet, le bilan de 1513 victimes du Titanic vient d’être dépassé par celui du Joola.

A ces chiffres qui heurtent, viennent s'ajouter d'autres qui peinent. Et c'est le Premier ministre qui les dévoilent: «Sur ce total, je suis profondément peiné de constater que seuls 78 victimes disparues ont pu faire l'objet d'un jugement d'hérédité à ce jour». Ces chiffres bruts sont comme un rappel aux différentes associations des parents des victimes et à leur impuissance malgré leurs actions. Ainsi, pour la première fois, le Premier ministre innove: «C'est le lieu pour moi de lancer un appel solennel aux représentants du peuple que vous êtes, aux élus locaux et à la société civile, pour aider ces familles à constituer leurs dossiers». Outre l'appel à une aide de la part des élus et à la société civile, le Premier ministre, Idrissa Seck, vient de confirmer ce que les associations des parents des victimes disaient depuis longtemps: l'Etat seul est incapable de faire face à la résolution du problème du Joola.

Rétablir la liaison

Le Joola sous les eaux au large de la Gambie, la Casamance reste toujours coupée du Sénégal et le problème demeure tout aussi entier en ce qui concerne la liaison. Pour Idrissa Seck, «le rétablissement de la liaison maritime Dakar-Ziguinchor est de la plus haute importance pour les populations, comme il l'est pour le président de la République et pour le gouvernement; grâce à la bonne tenue de nos finances publiques et à la qualité du soutien de nos partenaires, il me plait d'annoncer que l'argent est disponible, le dossier technique prêt, vingt courtiers déjà saisis et l’affréteur choisi» pour le navire qui doit succéder au Joola.

Concernant les indemnisations, le Premier ministre, tout en restant évasif, laisse pourtant entrevoir quelques pistes. Sur ce dossier, il a déclaré aux députés : «il me plait d'annoncer que, donnant ainsi corps à la volonté du président de la République, l'Etat est aujourd'hui prêt pour procéder au paiement des indemnités». Avant de préciser cependant, qu'il «invite les représentants des familles des victimes à un échange sur l'indemnisation». Ce qui, pour beaucoup d’observateurs, signifie que le taux d’indemnisation reste toujours une nébuleuse. Comme l'est du reste la question du renflouage du bateau. En effet, selon le Premier ministre, l'Etat est encore au stade des discussions avec les spécialistes pour cerner les éventuelles conséquences de tous ordres.



par Demba  Ndiaye

Article publié le 05/02/2003