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Sénégal

Les autorités saisissent des stocks de viande douteuse

Après la saisie de plusieurs tonnes de viande importée suspectée d’être dangereuse pour les consommateurs, les autorités sénégalaises ont décidé de suspendre, pour le moment, les importations de produits avicoles. Une nouvelle fois, un pays africain se trouve exposé à un trafic de viande douteuse. Mais au Sénégal, la problématique ne se pose pas seulement en terme sanitaire, elle est aussi économique.
Les trafics de denrées alimentaires ont déjà touché plusieurs fois l’Afrique. Lors de la crise de la vache folle qui a sévi en Europe, certains pays africains ont été abreuvés de viande potentiellement contaminée. Plusieurs milliers de tonnes de boeuf anglais, impossible à écouler à cette date dans les pays européens, ont ainsi été acheminés vers le Nigeria par des chemins à la limite de la légalité et surtout, sans effectuer les tests nécessaires pour s’assurer de l’absence de risques pour les consommateurs africains.

Cette fois-ci, c’est le Sénégal qui est confronté à une affaire de viande douteuse. Le quotidien Le Soleil, a révélé que les autorités ont procédé, samedi, à la saisie de quatre tonnes de viande importée impropre à la consommation. Il s’agissait essentiellement de cuisses de poulet mais aussi de bœuf, mouton, chèvre, et d’oeufs. Les services de l’hygiène et de l’élevage se sont rendus sur les marchés de Dakar pour effectuer des contrôles à la suite d’une enquête qui a mis en évidence l’existence, ces derniers mois, d’importations frauduleuses massives de viande.

Trois mille tonnes de cuisses de poulet entrées en fraude

Ce sont plus de trois mille tonnes d’ailes et de cuisses de poulet qui auraient, depuis le début de l’année, été importées de cette manière sur le territoire sénégalais à partir de pays voisins comme la Gambie et la Mauritanie. Cette viande ne répondrait pas aux exigences sanitaires indispensables. Elle aurait été transportée dans de mauvaises conditions, notamment en ce qui concerne le respect de la chaîne du froid, et n’aurait fait l’objet d’aucun contrôle. Certains de ces produits, congelés, vraisemblablement en provenance d’Europe de l’Est, d’Inde ou du Brésil «où des industriels américains ont délocalisé leur production», seraient impropres à la consommation depuis plusieurs années. Ils pourraient ainsi provoquer des intoxications alimentaires graves. Tant et si bien que, pour le directeur de l’élevage sénégalais, qui s’exprimait dans Le Soleil, «ces produits sont devenus une menace avérée pour la santé publique».

Les autorités sénégalaises ont rapidement annoncé le renforcement des dispositifs de vérification et ont pris des mesures destinées à équiper les laboratoires régionaux des instruments nécessaires pour effectuer des contrôles sanitaires plus efficaces. Elles ont aussi annoncé la suspension provisoire des importations de produits avicoles. Car au-delà des produits entrés frauduleusement, c’est la qualité de toute la viande de poulet importée qui est mise en question par les producteurs locaux. L’arrivée sur le marché national de cette «viande de dernière classe», qui provient des stocks invendus dans les pays d’origine et ne répond pas toujours aux règles d’hygiène en vigueur, pose un problème sanitaire mais aussi économique. Moins chère, la viande d’importation prive les producteurs locaux de débouchés et de ressources. Ils demandent donc des contrôles et la mise en place de taxes pour rendre leurs produits plus compétitifs.

Malgré les risques encourus par les consommateurs, la suspension des importations des produits avicoles ne satisfait pas tout le monde. Les revendeurs et les clients craignent non seulement une augmentation des prix de cette viande, la seule abordable pour les plus pauvres, mais aussi la pénurie. Car les producteurs locaux n’ont, semble-t-il, pas la capacité pour satisfaire toute la demande.



par Valérie  Gas

Article publié le 22/10/2002