Sénégal
Dernier adieu aux victimes du <i>Joola</i>
Deux semaines après le drame du bateau le Joola reliant Ziguinchor à Dakar survenu le 26 septembre dernier, faisant provisoirement un millier de morts et de disparus et 64 rescapés, le Sénégal a rendu vendredi sur la corniche ouest de la capitale sénégalaise, un dernier hommage aux victimes.
De notre correspondant à Dakar
Dans une ambiance solennelle mais avec une foule clairsemée. Plusieurs raisons peuvent expliquer la faible affluence notée lors d'une manifestation que les autorités avaient voulu grandiose. D'abord, le fait qu'annoncée hâtivement lundi dernier pour mercredi, la cérémonie a été subitement reportée sans explication donnant ainsi l'impression d'une initiative hâtive. En second lieu, deux semaines après le drame, l'opinion commence à déceler des failles dans le fonctionnement des structures mises en place.
Qu'il s'agisse de la commission d'enquête ou du collectif des parents des victimes, l'absence de moyens est depuis quelques jours dénoncée par les responsables de ces structures mettant en doute la volonté affichée des autorités de faire la lumière sur les causes et les responsabilités du drame. Enfin, le remorquage du bateau des cotes gambiennes à Kafountine, en Casamance, bute sur des problèmes matériels qui ont obligé le gouvernement à suspendre provisoirement les opérations. Ce qui du coup, rend hypothétique toute chance de retrouver intacts d'autres corps toujours enfermés dans la carcasse du bateau.
Pour les parents des corps non encore retrouvés, le deuil sera long à porter. Dans un pays de fortes croyances religieuses, un deuil est intimement lié à la certitude de la mort. Enfin, les parents des victimes, doutent toujours de la volonté des autorités de mener jusqu'au bout les enquêtes sur les responsabilités du drame malgré les gages de bonne volonté dont fait montre le président Wade. A la place d'une foule nombreuse, ce sont les corps constitués dont certains font l'objet d'enquête, (armée, gendarmerie, marine) ainsi que le gouvernement, le parlement et le corps diplomatique qui ont été aux premières loges.
Volonté divine et responsabilités humaines
Autre fait marquant: la présence des représentants des différentes confréries religieuses (catholiques, musulmans, ainsi que les diolas de Casamance pour les rites traditionnels) pour marquer la diversité religieuse des victimes. Quant aux discours, ils reprennent dans les grandes lignes les propos tenus par le président Abdoulaye Wade quant à la responsabilité de l'État par le biais de certains de ses démembrements, comme l'armée, la marine et que les enquêtes actuellement en cours devraient établir. Ainsi, Mgr Adrien Sarr, archevêque de Dakar et Serigne Abdoul Aziz Sy Jr, pour la communauté musulmane, ont tous deux évoqué la volonté divine sans toutefois écarter «les responsabilités humaines du drame». Pour leur part, les étudiants de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, durement touchés par le naufrage avec des dizaines d'étudiants et de nouveaux bacheliers tués ou disparus, s'ils «acceptent la volonté divine», ils n'en réclament pas moins que «la lumière soit faite sur les responsables» de la mort de leurs camarades.
Les représentants de la Casamance qui a payé le plus lourd tribut dans ce drame, ont déclaré être envoyés par le roi d'Oussouye (l’un des trois départements de la Casamance) et demandé à l'État de faire en sorte qu'un tel drame ne se renouvelle plus. Pour ce faire, leur région, la Casamance , doit être désenclavée. Car pour tout le monde désormais, le drame est intimement lié à la situation (guerre et enclavement) qui prévaut dans la région sud du Sénégal, même si les victimes, elles, sont originaires des onze régions du pays. ce qui explique les onze couronnes de fleurs représentant les onze région du pays et, une douzième pour les victimes étrangères (non sénégalais).Symboliquement, une soixantaine de pirogues ont été affrétées pour acheminer jusqu'en haute mer les fleurs avant de les remettre à une vedette de la marine nationale qui acheminera jusqu'à Kafountine en Casamance, village proche du lieu du naufrage et ou se trouve un des quatre cimetières érigés à la mémoire des disparus.
Après ce dernier adieu rendu aux disparus, il reste maintenant à l'Etat d'autres taches où il est attendu. Il s'agit d'indemniser les parents des victimes, diligenter les enquêtes, trouver les moyens de remorquer le bateau et, désenclaver la région. Pour ce dernier point, il est question d'acheter deux bateaux neufs, en attendant en louer un, baisser le coût du billet d'avion qui est aujourd'hui d'environ 120 euros, et de sécuriser les routes en attendant qu'une solution soit trouvée avec la Gambie.
Dans une ambiance solennelle mais avec une foule clairsemée. Plusieurs raisons peuvent expliquer la faible affluence notée lors d'une manifestation que les autorités avaient voulu grandiose. D'abord, le fait qu'annoncée hâtivement lundi dernier pour mercredi, la cérémonie a été subitement reportée sans explication donnant ainsi l'impression d'une initiative hâtive. En second lieu, deux semaines après le drame, l'opinion commence à déceler des failles dans le fonctionnement des structures mises en place.
Qu'il s'agisse de la commission d'enquête ou du collectif des parents des victimes, l'absence de moyens est depuis quelques jours dénoncée par les responsables de ces structures mettant en doute la volonté affichée des autorités de faire la lumière sur les causes et les responsabilités du drame. Enfin, le remorquage du bateau des cotes gambiennes à Kafountine, en Casamance, bute sur des problèmes matériels qui ont obligé le gouvernement à suspendre provisoirement les opérations. Ce qui du coup, rend hypothétique toute chance de retrouver intacts d'autres corps toujours enfermés dans la carcasse du bateau.
Pour les parents des corps non encore retrouvés, le deuil sera long à porter. Dans un pays de fortes croyances religieuses, un deuil est intimement lié à la certitude de la mort. Enfin, les parents des victimes, doutent toujours de la volonté des autorités de mener jusqu'au bout les enquêtes sur les responsabilités du drame malgré les gages de bonne volonté dont fait montre le président Wade. A la place d'une foule nombreuse, ce sont les corps constitués dont certains font l'objet d'enquête, (armée, gendarmerie, marine) ainsi que le gouvernement, le parlement et le corps diplomatique qui ont été aux premières loges.
Volonté divine et responsabilités humaines
Autre fait marquant: la présence des représentants des différentes confréries religieuses (catholiques, musulmans, ainsi que les diolas de Casamance pour les rites traditionnels) pour marquer la diversité religieuse des victimes. Quant aux discours, ils reprennent dans les grandes lignes les propos tenus par le président Abdoulaye Wade quant à la responsabilité de l'État par le biais de certains de ses démembrements, comme l'armée, la marine et que les enquêtes actuellement en cours devraient établir. Ainsi, Mgr Adrien Sarr, archevêque de Dakar et Serigne Abdoul Aziz Sy Jr, pour la communauté musulmane, ont tous deux évoqué la volonté divine sans toutefois écarter «les responsabilités humaines du drame». Pour leur part, les étudiants de l'université Cheikh Anta Diop de Dakar, durement touchés par le naufrage avec des dizaines d'étudiants et de nouveaux bacheliers tués ou disparus, s'ils «acceptent la volonté divine», ils n'en réclament pas moins que «la lumière soit faite sur les responsables» de la mort de leurs camarades.
Les représentants de la Casamance qui a payé le plus lourd tribut dans ce drame, ont déclaré être envoyés par le roi d'Oussouye (l’un des trois départements de la Casamance) et demandé à l'État de faire en sorte qu'un tel drame ne se renouvelle plus. Pour ce faire, leur région, la Casamance , doit être désenclavée. Car pour tout le monde désormais, le drame est intimement lié à la situation (guerre et enclavement) qui prévaut dans la région sud du Sénégal, même si les victimes, elles, sont originaires des onze régions du pays. ce qui explique les onze couronnes de fleurs représentant les onze région du pays et, une douzième pour les victimes étrangères (non sénégalais).Symboliquement, une soixantaine de pirogues ont été affrétées pour acheminer jusqu'en haute mer les fleurs avant de les remettre à une vedette de la marine nationale qui acheminera jusqu'à Kafountine en Casamance, village proche du lieu du naufrage et ou se trouve un des quatre cimetières érigés à la mémoire des disparus.
Après ce dernier adieu rendu aux disparus, il reste maintenant à l'Etat d'autres taches où il est attendu. Il s'agit d'indemniser les parents des victimes, diligenter les enquêtes, trouver les moyens de remorquer le bateau et, désenclaver la région. Pour ce dernier point, il est question d'acheter deux bateaux neufs, en attendant en louer un, baisser le coût du billet d'avion qui est aujourd'hui d'environ 120 euros, et de sécuriser les routes en attendant qu'une solution soit trouvée avec la Gambie.
par Demba Ndiaye
Article publié le 12/10/2002