Sénégal
L’Abbé Diamacoune reçu par Wade
L’Abbé Diamacoune Senghor, président du MFDC, va enfin rencontrer ses combattants du maquis ainsi que l’aile civile en Guinée Bissau. Une rencontre qualifiée de raccourci aux futures négociations de paix entre son mouvement et le gouvernement du Sénégal. Pour la tenue de cette réunion, le vieux chef rebelle a posé neuf conditions, toutes ont été acceptées par le président Abdoulaye Wade. Cette rencontre entre le vieux chef rebelle et le président sénégalais, dimanche 4 mai au Palais de la république à Dakar, hyper-médiatisée, a surpris tout le monde, et survient après la révélation de la mort de l’ancien chef d’état-major du maquis, Salif Sadio, qui était considéré jusqu’ici comme étant l’empêcheur de négocier en paix.
De notre correspondant à Dakar
Le principe des retrouvailles entre l’abbé Diamacoune et ses troupes à Bissau ou à Banjul date de la fin de l’année dernière. Depuis novembre-décembre 2002, les responsables du MFDC l’avaient sur leurs tablettes. Il restait que le gouvernement du Sénégal donne son accord et sollicite celui ses homologues de Bissau ou de la Gambie. Ce sera donc à Bissau avec l’accord de Kumba Yalla. C’est pour annoncer cette rencontre et témoigner de la volonté de paix des deux parties, que les deux hommes ont organisé en grande pompe cette rencontre-surprise de Dakar. Mais il y a des conditions qui ont été formulées par Diamacoune et toutes acceptées par le président Wade.
Dans son allocution au palais présidentiel, Diamacoune reconnaît le rôle joué par le président Wade pour la prochaine rencontre de son mouvement quand il déclare : «En effet, grâce à votre intervention que j’avais sollicitée, le président Kumba Yalla, a donné son accord, pour la tenue de la rencontre avec mes combattants (certains ne l’ont pas vu depuis une dizaine d’années) que j’envisage d’organiser à Bissau». Pour lui, «l’heure de la paix a sonné pour la Casamance» après deux décennies de conflits qui ont, dit-il, fait des milliers de morts, de blessés, d’orphelins. Aussi, le «dépôt des armes pour une paix définitive, est devenu le vœu ardent des enfants des écoles, des jeunes, des femmes…». Le MFDC dit-il, ne «peut entre insensible à ce profond désire des populations et à votre main tendue». Ainsi, la rencontre prochaine de Bissau répond-t-elle à cette aspiration des populations. Mais pour cela, le vieux curé juge «important [pour lui] de parler de vive voix à l’ensemble des combattants pour leur dire de déposer les armes et de rejoindre les villages». Et d’ajouter que tout le MFDC «est d’accord» sur cette décision, y compris «mon frère Sidy Badji qui n’est pas avec moi aujourd’hui parce que malade partage totalement cette démarche et s’est engagé à entrer à mes cotés à Bissau pour qu’ensemble nous parlions aux combattants». Précisions d’autant plus importantes qu’une guerre de leadership oppose les deux hommes depuis toujours.
Amnistie après la rencontre de Bissau
Sachant parfaitement que sans les combattants il n’y a pas de discussion et de décision possibles, Diamacoune assure que les «différents cantonnements sont informés de mon intention de rencontrer tous les éléments pour leur parler directement». Mais pour cela, il demande «par écrit» des garanties en neuf points allant de l’amnistie totale et générale, reconstruction des infrastructures et des habitations abandonnées de la Casamance, financement de l’économie de la Casamance, un programme de réinsertion des combattants, le retour des réfugiés et déplacés, aide financière et logistique pour la rencontre de Bissau ainsi qu’une aide pour le suivi des résultats de la rencontre.
A toutes ces garanties, le président Wade a dit «oui», d’autant plus naturellement que déjà, lors de ses vœux de fin d’année et au traditionnel discours de la fête de l’indépendance, le 4 avril, il y avait allusion, puis réitérant ses promesses dans une cassette réalisée fin mars dernier et envoyée à Ziguinchor pour le maquis. Pour le président Wade, certaines des garanties de Diamacoune ont déjà été mises en œuvre comme la libération de militants du MFDC non poursuivis pour crimes de sang, allègement des contrôles d’identité et libre circulation des personnes non armées. Par ailleurs ajoute Wade, «je confirme que je souscris à votre volonté de tenir une réunion à Bissau et j’en ai déjà saisi mon frère, le président Kumba Yalla qui a donné son accord pour votre rencontre dans la capitale de la Guinée Bissau». Il confirme également que l’«État vous apportera toute l’assistance nécessaire pour la tenue de ces importantes assises…». Pour l’amnistie, le gouvernement saisira l’Assemblée nationale pour un projet de loi dès la fin de la rencontre de Bissau.
Quant à la reconstruction de la Casamance, son premier ministre, Idrissa Seck a déjà pris contact avec les bailleurs de fonds dans ce sens. Enfin, concernant le remplacement du bateau Joola, son gouvernement a reçu samedi trois propositions pour l’achat d’un nouveau bateau et qu’il est en train de les examiner.
Il reste qu’il faut savoir mesure garder et ne pas prendre pour argent comptant ces généreuses promesses faites dimanche à dakar. La réconciliation totale des deux ailes (militaire et civile) n’est pas encore achevée et les rivalités toujours aussi vives. Le test sera la rencontre de Bissau dont la date n’est pas encore fixée. On verra alors qui y sera et qui observera la politique de la chaise vide en posant d’autres conditions.
Le principe des retrouvailles entre l’abbé Diamacoune et ses troupes à Bissau ou à Banjul date de la fin de l’année dernière. Depuis novembre-décembre 2002, les responsables du MFDC l’avaient sur leurs tablettes. Il restait que le gouvernement du Sénégal donne son accord et sollicite celui ses homologues de Bissau ou de la Gambie. Ce sera donc à Bissau avec l’accord de Kumba Yalla. C’est pour annoncer cette rencontre et témoigner de la volonté de paix des deux parties, que les deux hommes ont organisé en grande pompe cette rencontre-surprise de Dakar. Mais il y a des conditions qui ont été formulées par Diamacoune et toutes acceptées par le président Wade.
Dans son allocution au palais présidentiel, Diamacoune reconnaît le rôle joué par le président Wade pour la prochaine rencontre de son mouvement quand il déclare : «En effet, grâce à votre intervention que j’avais sollicitée, le président Kumba Yalla, a donné son accord, pour la tenue de la rencontre avec mes combattants (certains ne l’ont pas vu depuis une dizaine d’années) que j’envisage d’organiser à Bissau». Pour lui, «l’heure de la paix a sonné pour la Casamance» après deux décennies de conflits qui ont, dit-il, fait des milliers de morts, de blessés, d’orphelins. Aussi, le «dépôt des armes pour une paix définitive, est devenu le vœu ardent des enfants des écoles, des jeunes, des femmes…». Le MFDC dit-il, ne «peut entre insensible à ce profond désire des populations et à votre main tendue». Ainsi, la rencontre prochaine de Bissau répond-t-elle à cette aspiration des populations. Mais pour cela, le vieux curé juge «important [pour lui] de parler de vive voix à l’ensemble des combattants pour leur dire de déposer les armes et de rejoindre les villages». Et d’ajouter que tout le MFDC «est d’accord» sur cette décision, y compris «mon frère Sidy Badji qui n’est pas avec moi aujourd’hui parce que malade partage totalement cette démarche et s’est engagé à entrer à mes cotés à Bissau pour qu’ensemble nous parlions aux combattants». Précisions d’autant plus importantes qu’une guerre de leadership oppose les deux hommes depuis toujours.
Amnistie après la rencontre de Bissau
Sachant parfaitement que sans les combattants il n’y a pas de discussion et de décision possibles, Diamacoune assure que les «différents cantonnements sont informés de mon intention de rencontrer tous les éléments pour leur parler directement». Mais pour cela, il demande «par écrit» des garanties en neuf points allant de l’amnistie totale et générale, reconstruction des infrastructures et des habitations abandonnées de la Casamance, financement de l’économie de la Casamance, un programme de réinsertion des combattants, le retour des réfugiés et déplacés, aide financière et logistique pour la rencontre de Bissau ainsi qu’une aide pour le suivi des résultats de la rencontre.
A toutes ces garanties, le président Wade a dit «oui», d’autant plus naturellement que déjà, lors de ses vœux de fin d’année et au traditionnel discours de la fête de l’indépendance, le 4 avril, il y avait allusion, puis réitérant ses promesses dans une cassette réalisée fin mars dernier et envoyée à Ziguinchor pour le maquis. Pour le président Wade, certaines des garanties de Diamacoune ont déjà été mises en œuvre comme la libération de militants du MFDC non poursuivis pour crimes de sang, allègement des contrôles d’identité et libre circulation des personnes non armées. Par ailleurs ajoute Wade, «je confirme que je souscris à votre volonté de tenir une réunion à Bissau et j’en ai déjà saisi mon frère, le président Kumba Yalla qui a donné son accord pour votre rencontre dans la capitale de la Guinée Bissau». Il confirme également que l’«État vous apportera toute l’assistance nécessaire pour la tenue de ces importantes assises…». Pour l’amnistie, le gouvernement saisira l’Assemblée nationale pour un projet de loi dès la fin de la rencontre de Bissau.
Quant à la reconstruction de la Casamance, son premier ministre, Idrissa Seck a déjà pris contact avec les bailleurs de fonds dans ce sens. Enfin, concernant le remplacement du bateau Joola, son gouvernement a reçu samedi trois propositions pour l’achat d’un nouveau bateau et qu’il est en train de les examiner.
Il reste qu’il faut savoir mesure garder et ne pas prendre pour argent comptant ces généreuses promesses faites dimanche à dakar. La réconciliation totale des deux ailes (militaire et civile) n’est pas encore achevée et les rivalités toujours aussi vives. Le test sera la rencontre de Bissau dont la date n’est pas encore fixée. On verra alors qui y sera et qui observera la politique de la chaise vide en posant d’autres conditions.
par Demba Ndiaye
Article publié le 05/05/2003