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Côte d’Ivoire

Echec de la médiation africaine

Laurent Gbagbo a refusé de choisir entre les deux noms qui lui ont été soumis.(Photo : AFP)
Laurent Gbagbo a refusé de choisir entre les deux noms qui lui ont été soumis.
(Photo : AFP)
Tout semblait indiquer qu’aucun consensus ne pouvait être trouvé sur le nom du futur Premier ministre ivoirien. Mais les présidents-médiateurs voulaient croire en leur pouvoir de persuasion. Le président Laurent Gbagbo leur a démontré qu’il est, malgré tout, «président de la République jouissant encore de certaines prérogatives». Il récuse les deux noms qui lui ont été soumis.

Comment pouvait-il en être autrement ? Un bref rappel des différentes rencontres, de Pretoria à Abuja, ne pouvait que laisser perplexe le pouvoir ivoirien. En effet, le chef du Rassemblement des républicains (RDR), Alassane Dramane Ouattara avait été reçu par le président Thabo Mbeki la veille même du départ de ce dernier pour Abidjan. Le leader du RDR avait renouvelé au président sud-africain les noms de deux personnalités que son groupe, les Houphouétistes, RDR + PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire), voulaient voir occuper le poste de Premier ministre. Puis, avant que le président Olsegun Obasanjo du Nigeria et président en exercice de l’Union africaine ne s’envole pour Abidjan, il reçoit le même Alassane Ouattara qui lui précise à nouveau sa liste : Gaston Ouassenan Koné (PDCI) et Tiémoko Yadé Coulibaly (RDR). Selon certaines sources, ces deux noms seraient, en effet, ceux retenus par les trois présidents, Olusegun Obasanjo, Thabo Mbeki et Mamadou Tandja. Les différentes rencontres qui ont précédé leur voyage à Abidjan ont jeté une suspicion sur l’impartialité de leur choix, même si ces deux candidats leur semblait les mieux indiqués pour assurer la charge du partage de l’exécutif avec le président de la République.

Laurent Gbagbo n’a pas trop d’inquiétudes

Dans le courant de l’après-midi du mardi 22 novembre à Abidjan, les trois présidents ont reçu les différents représentants des partis politiques avant de clore la journée par un entretien avec le président Laurent Gbagbo. Ce dernier a refusé de choisir entre les deux noms qui lui ont été soumis, à la grande satisfaction de ses amis politiques du Front populaire ivoirien (FPI) qui considèrent que la procédure conduisant à la nomination du Premier ministre ne répond pas à des critères objectifs. «Pourquoi le Premier ministre devrait-il forcément venir des rangs de l’opposition ?», s’interrogent les militants du FPI.

Le président Olusegun Obasanjo, médiateur en chef, en annonçant que la médiation africaine n’avait pas eu l’accord de toutes les parties sur la nomination du Premier ministre, laisse entendre qu’ils (les trois chefs d’Etat) reconsidéreront leur «méthode» qui à l’évidence n’a pas fonctionné. Ces paroles ont valeur d’aveu d’échec, mais le président de l’Union africaine promet de revenir à la charge dans une dizaine de jours, en espérant cette fois obtenir la signature de Laurent Gbagbo.

Les médiateurs africains, après avoir passé au crible les noms des seize candidats potentiels, en ont retenu quatre, puis deux. Mais l’opération est à reprendre. Une personnalité civile ferait peut-être l’affaire. Deux autres noms reviennent dans l’escarcelle : Jacqueline Lohouès Oble, professeur de droit, ancien ministre de la Justice. On reparle également de Gervais Coulibaly, directeur général de la Décentralisation. Par ailleurs, Laurent Gbagbo aurait soumis deux nouveaux noms à prendre en considération sur l’ultime liste qui sera soumise. Il s’agit de René Amani et de Charles Konan Banny. La proposition de ce dernier nom n’est pas anodine. En effet, Charles Konan Banny est en fin de mandat en tant que gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) et il pourrait être un sérieux concurrent à l’élection présidentielle si les intentions qu’on lui prête son réellement fondées. Premier ministre, il ne pourrait donc pas briguer le mandat présidentiel. Pour le reste, Laurent Gbagbo n’a pas trop d’inquiétudes. Tous les autres candidats potentiels ont été aux affaires et ont déjà fait leurs preuves…comme lui.


par Didier  Samson

Article publié le 23/11/2005 Dernière mise à jour le 23/11/2005 à 15:36 TU