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Politique française

Villepin-Sarkozy : rivalité en sourdine

La modification des statuts de l'UMP donne l'avantage à Sarkozy au sein du parti. Villepin reste en tête dans les sondages.(Photo: AFP)
La modification des statuts de l'UMP donne l'avantage à Sarkozy au sein du parti. Villepin reste en tête dans les sondages.
(Photo: AFP)
A l’initiative de Nicolas Sarkozy, les 73 membres du bureau politique de l’UMP (l’Union pour un mouvement populaire) ont approuvé mardi, à la quasi unanimité –moins deux abstentions- la modification des statuts du parti. Les adhérents dont la grande majorité est favorable au président de l’UMP, pourront alors désigner leur candidat pour la présidentielle de 2007. Processus obligeant les deux hommes forts de la droite, Sarkozy et Villepin, à mettre leur rivalité en veilleuse.

Même les chiraquiens ont fini par se rallier, faisant contre mauvaise fortune, bon cœur, Dominique de Villepin, en tête. C’est «en chef de gouvernement et de la majorité» qu’il a participé à la réunion du bureau politique de l’UMP qui s’est déroulée mardi soir, à huis clos, dans l’enceinte de l’Assemblée nationale. Soucieux de maintenir la cohésion gouvernementale et de retarder le déclenchement des hostilités, le Premier ministre est arrivé, tout sourire, aux côtés de Nicolas Sarkozy en charge du ministère de l’Intérieur.

Dominique de Villepin fait désormais figure de dauphin du président Jacques Chirac, lequel ne briguera vraisemblablement pas de troisième mandat, après de récents ennuis de santé et avec une cote de popularité au plus bas. Les adhérents de l’UMP choisiront donc, selon une procédure démocratique, -lors d’un congrès qui se tiendra en janvier 2007- le candidat ou la candidate qui sera soutenu par leur parti. C’est une petite révolution à droite où un proche du Premier ministre se félicitait de «l’abandon de toute idée de primaire au profit de la tradition gaulliste», chère à Villepin. Pour le général de Gaulle, l’élection présidentielle était avant tout «la rencontre entre un homme et un peuple».

«Les choses sont réglées»

A l’issue de la réunion, M. Sarkozy a déclaré : «s’agissant de notre famille politique, les choses sont réglées». Le président du parti du gouvernement affirme n’avoir «jamais parlé de primaires», mais «d’un appel à l’union». La modification consiste en l’ajout d’une phrase à l’article 14 des statuts de l’UMP : «Le congrès choisit le candidat soutenu par l’Union à l’élection à la présidence de la République; attendu que pour l’élection présidentielle, il n’y a pas d’investiture d’un parti politique». Cette dernière mention résulte d’un amendement présenté par la ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie.

Selon les dirigeants du parti, la modification des règles internes n’interdira pas à un membre de l’UMP de se présenter à l’élection présidentielle, mais il ira en candidat libre, sans le label UMP et sans le soutien financier du parti. Dans les rangs de la majorité des voix s’élèvent pour dénoncer ce toilettage des statuts, dont l’unique raison leur paraît bien être celle du financement, le nerf de la guerre. Selon Christine Boutin, députée des Yvelines, le vrai problème est de savoir «qui va avoir l’argent de l’UMP, c’est uniquement une question de gros sous».

Nicolas Sarkozy, nettement majoritaire, garde donc la haute main sur l’essentiel, les finances et l’appareil du parti, à défaut de primaires destinées à lui assurer sa seule candidature.

Rivalité à fleurets mouchetés

Pour les chiraquiens, désormais minoritaires dans le parti, la manœuvre est clairement défavorable à Dominique de Villepin, qui ne s’est pas encore déclaré officiellement candidat à la présidence de la République. Les villepinistes qui ont bien perçu la manœuvre, n’ont pas encore dit leur dernier mot. Ainsi le chef de file des députés UMP, Bernard Accoyer souhaite, au-delà des militants, élargir la consultation aux «sympathisants», voire aux «électeurs de la droite et du centre». Le chiraquien François Baroin, conseiller politique de l’UMP et ministre de l’Outre-mer, a souligné que «personne à l’UMP n’avait oublié le 29 avril 2002, où la gauche, notamment en raison de la multiplicité des candidatures, avait été éliminée dès le premier tour de la présidentielle».

Le vote des militants UMP évitera une campagne fratricide qui n’aurait pas manqué en cas d’investiture d’un candidat par le parti.  Pour autant, la rivalité entre les deux hommes n’en est pas moins déjà à son comble. Leurs divergences sont multiples : quotas d’immigration, discrimination positive, vote des immigrés aux élections locales, laïcité, zones d’éducation prioritaire, modèle social… Une rivalité qu’exacerbe la multiplication des sondages, pour l’heure, toujours plus favorables au Premier ministre.

Dans une enquête Paris-Match/Ifop à paraître jeudi, Dominique de Villepin gagne deux points et obtient 53% d’opinions positives. Il se hisse surtout à la deuxième place du palmarès des personnalités politiques derrière le socialiste Bernard Kouchner, Nicolas Sarkozy n’arrivant qu’en huitième position.


par Françoise  Dentinger

Article publié le 07/12/2005 Dernière mise à jour le 07/12/2005 à 18:53 TU