Irak
Législatives : vote massif et violences limitées
(Photo : AFP)
Cette fois-ci, les sunnites se sont rendus aux urnes. Contrairement au scrutin de janvier 2005 destiné à élire une assemblée de transition, il n’y a pas eu d’appel au boycott des élections législatives de la part des représentants de cette communauté. C’est peut-être ce qui explique que l’on devrait atteindre un taux de participation particulièrement élevé, aux environ de 70 %. De dix à onze millions d’électeurs irakiens, sur les quelque 15,5 millions d’inscrits sur les listes électorales, se sont déplacés pour élire les 275 membres du Conseil des représentants, qui devra choisir un nouveau Premier ministre et un conseil présidentiel. Il s’agit d’une progression significative par rapport aux précédents scrutins et notamment le référendum constitutionnel d’octobre pour lequel la participation avait atteint 63%.
Les sunnites ont décidé de participer au processus électoral afin d’être présents dans cette nouvelle assemblée élue pour quatre ans. Leur abstention lors de l’élection de janvier, destinée à protester contre l’occupation américaine, avait eu pour effet de donner aux chiites et aux kurdes une domination sur le processus politique engagé. En participant à cette nouvelle élection, ils espèrent donc obtenir plus de poids officiel et ne pas se marginaliser dans le long terme. A Falloujah, l’un des bastions de la rébellion sunnite, le changement a été particulièrement visible. Malgré les menaces d’attentats de la part du groupe d’Abou Moussab al Zarqaoui, lié à al Qaïda, la population a voté massivement. A tel point que les bureaux de vote se sont trouvés, dans le cours de la journée, en situation de pénurie de bulletins et qu’il a fallu en faire venir d’urgence pour permettre la poursuite du vote après une interruption.
«Les urnes et non les bombes»
Malgré les craintes, il n’y a pas eu d’explosion de violences comme en janvier dernier où le bilan de la journée électorale s’était élevé à 40 morts. Une dizaine de personnes ont tout de même été tuées. Parmi eux figurent au moins quatre rebelles qui ont explosé avec la bombe qu’ils venaient de poser. Les autorités irakiennes avaient mis en place un important dispositif de sécurité pour essayer de contrecarrer les tentatives des extrémistes visant à ensanglanter le scrutin. Les frontières de l’Irak avaient été bouclées. Les aéroports avaient cessé de fonctionner. Les commerces avaient baissé leurs rideaux. Et les administrations n’avaient pas ouvert le jour du scrutin. La Force multinationale se tenait, d’autre part, prête à intervenir en cas de besoin.
Le bon déroulement de cette élection législative a engendré un sentiment de satisfaction en Irak et à l’étranger. Le Premier ministre chiite Ibrahim Jaafari a d’ailleurs déclaré après avoir rempli son devoir électoral : «Ce qui est important, c’est que les Irakiens s’expriment à travers les urnes et non par les bombes… Les urnes sont une victoire de la démocratie sur la dictature». Le président américain George W. Bush s’est lui aussi réjoui : «C’est un grand pas en avant dans l’accomplissement de notre objectif –susciter un Irak démocratique et un allié au Moyen-Orient». Son secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, a quant à lui estimé que cette élection représentait «une défaite pour ceux qui sont responsables des décapitations, qui lancent des attaques suicides, menacent les gens et les assassinent». Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, s’est lui aussi félicité des conditions dans lesquelles les Irakiens ont pu se rendre aux urnes : «Cela s’est bien passé jusqu’à présent». Mais il a surtout manifesté son désir de voir les choses se poursuivre dans le bon sens : «J’espère qu’une fois les résultats annoncés… chacun [les] acceptera».
par Valérie Gas
Article publié le 16/12/2005 Dernière mise à jour le 16/12/2005 à 18:35 TU