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Union européenne

Tony Blair change de front

Tony Blair a rendu visite au contingent britannique basé à Bassorah, le 22 décembre 2005.(Photo : AFP)
Tony Blair a rendu visite au contingent britannique basé à Bassorah, le 22 décembre 2005.
(Photo : AFP)
Après le marathon européen sur le budget, le Premier ministre britannique réapparaît maintenant sur le front de la politique internationale. Si ses six mois de présidence n’auront pas marqué l’Union européenne, Tony Blair, avec cette nouvelle visite surprise à Bassorah, confirme son engagement aux côtés de l’allié américain. Autre avantage de cette visite, montrer aux Britanniques qu’il pense, à l’approche des fêtes de fin d’année, à ce contingent d’expatriés.

La visite surprise de Tony Blair intervient alors que les Irakiens ont voté la semaine dernière. Selon le paysage politique qui sortira de ce scrutin législatif, le retrait des troupes occidentales s’accélérera, ou pas. Le Premier ministre britannique a eu des entretiens avec des responsables militaires et des représentants de la diplomatie sur place. Il s’est déclaré optimiste quant aux perspectives d’un début de retrait du contingent britannique, sans toutefois fixer «un calendrier artificiel», tout début de retrait dépendant de la capacité de l’armée et de la police irakiennes à assumer leur tâche. Pour l’heure, à quelques jours des fêtes de fin d’année, l’envoyé de sa Majesté en a profité pour rencontrer quelques uns des 8 000 soldats du contingent britannique, chargé du maintien de la paix à Bassorah, au sud de l’Irak.

«Il nous revient d’aider ce pays à devenir la démocratie que le peuple ambitionne de voir. Le seul moyen d’y parvenir est d’assurer la sécurité pour que les forces de sécurité irakiennes, la police et l’armée, se reconstruisent et par la suite, nous pourrons finalement réduire notre présence», a déclaré Tony Blair.

L’engagement des Européens aux côtés des Américains dans la guerre contre le régime de Saddam Hussein avait provoqué, en 2003, des débats au sein de l’Union européenne. Parmi les pays «historiques» de l’UE, seul le Royaume-Uni choisissait alors de suivre George W. Bush. Ce n’était pas la première fois que la Grande-Bretagne suivait son allié de toujours.

De l’euro au budget

Ces fâcheries avec les 15 prirent une autre tournure, lorsque le gouvernement Blair évita d’entrer dans la zone euro. Puis ce fut le référendum sur la Constitution européenne, suspendu au Royaume-Uni. Quelques jours avant de prendre la direction de l’Union pour six mois, le Premier ministre britannique promettait pourtant de moderniser l’Europe, pour tout à la fois relancer la croissance et créer de l’emploi. En juillet, les attentats de Londres secouent la population. Le président en exercice de l’Union se retrouve pour un temps fragilisé. A l’automne, il porte tout de même à leur terme les négociations d’adhésion de la Turquie, des négociations devenues incertaines puisque l’Europe ne sait plus si elle veut aller de l’avant. Les référendums français et néerlandais ont cassé la dynamique des futures institutions.

Début octobre, le processus d’ouverture des négociations d’adhésion de la Turquie arrive à son terme. Le ministre britannique délégué aux Affaires européennes explique que «la Turquie revêt une importance stratégique capitale du fait de sa situation géographique. Elle est un partenaire indispensable dans la lutte contre le trafic de drogue, contre la criminalité transfrontières et contre le terrorisme international. Elle est l’un des pays d’Europe qui connaît le plus fort taux de croissance et elle représente déjà un débouché important pour les pays de l’Union», déclare à l’époque Douglas Alexander.

Le ver est dans le fruit

Les négociations d’adhésion de la Turquie à l’Union européenne se sont donc déroulées comme prévu, malgré un débat parfois vif au sein d’une Union où 25 représentants veulent désormais parler. Puis c’est la deuxième grande étape de la présidence britannique, l’adoption d’un budget. Tony Blair se retrouve alors juge et partie. Il doit trouver un financement pour la période 2007-2013, notamment pour aider les 10 derniers arrivés à se mettre au niveau économique des autres. Cet élargissement, le Royaume-Uni l’a voulu pour aider les pays d’Europe centrale et orientale à sortir définitivement du giron de la Russie. Mais le blocage britannique sur le montant de son rabais annuel au pot commun paralyse plusieurs tentatives de monter un budget. Finalement, Tony Blair accepte que sa ristourne diminue même s’il n’a pas obtenu la contrepartie espérée, une révision de la Politique agricole commune avant l’échéance prévue en 2013.

Désormais, pour la PAC, le ver est dans le fruit et les pays qui présideront à tour de rôle l’Union européenne d’ici 2013 savent que cette année-là, les politiques impulsées par Bruxelles pourront radicalement changer puisque la PAC n’absorbera plus le tiers du budget de l’UE. Dans l’immédiat, l’Autriche prend la présidence pour les deux premiers trimestres de 2006. Petit pays chrétien, l’Autriche était hostile aux pourparlers d’adhésion entamés avec la Turquie. La ministre autrichienne des Affaires étrangères, Ursula Plassnik, a cependant précisé que Vienne respecterait les engagements pris. En revanche on a peu entendu l’Autriche dans le débat sur le budget. Vienne fait pourtant partie des contributeurs nets et donne plus qu’elle ne reçoit.

En raison de sa situation géographique au centre de l’Europe, l’Autriche a indiqué que sa vocation sera, dans ce laps de temps de six mois, de faire le lien entre l’Est et l’Ouest de l’Union. De toute façon l’occasion est belle pour l’Autriche de devenir la vitrine temporaire de l’Union. Il y a six ans, Bruxelles avait mis à l’écart le gouvernement autrichien parce qu’il avait composé avec l’extrême droite. Depuis, le parti de Jörg Haider a reculé et c’est ailleurs en Europe que les idées d’extrême droite semblent faire leur chemin.


par Colette  Thomas

Article publié le 22/12/2005 Dernière mise à jour le 22/12/2005 à 17:28 TU